Post Numéro: 7 de pierma 06 Sep 2021, 15:31
C'était pour soulager le malheureux qui s'ennuyait à périr : il faut imaginer le Vichy déserté de la fin août 44 !
C'est intéressant, parce que c'est immédiatement après la libération de Paris. Sans qu'il y ait eu d'autres contacts entre De Gaulle et le Pape que la visite du premier à Rome libérée (le 5 juin 44) et certainement sans que le Saint Siège soit réellement renseigné sur ce qui se passe à Paris. (Par exemple, des résistants avaient interdit à l'archevêque de Paris de paraître à Notre-Dame pour la messe de Te Deum de la Libération, celui-ci ayant longtemps proclamé son soutien à Pétain. De Gaulle avait présenté ses excuses à ses vicaires - très impressionnés par ce geste - mais enfin pour l'Eglise il y avait de quoi juger que la situation était instable.
De plus on peut se demander quel accueil ce gouvernement - où nombre de ministres avaient été résistants - sans parler de la résistance populaire, allait réserver à Paris à Mgr Valeri, qui se plaisait tant à Vichy et avait soutenu le Maréchal jusqu'au bout. devait-il vraiment aller à Paris ?
En cherchant un peu, je m'aperçois que ce point de la reconnaissance du gouvernement français par le Vatican a été abordé par MP sur PH avec une bonne connaisseuse des questions religieuses au 20e siècle. J'ai conservé l'échange, que voici :
calade a écrit:Pierma a écrit:Je serais curieux de connaître la date exacte de la reconnaissance du GPRF par le Vatican
Elle a eu lieu tardivement : le 4 décembre 1944. Mais on peut en avancer une officieuse : l'accréditation de Hubert Guérin comme représentant du GPRF auprès du Saint-Siège dès le 10 août. Pie XII accepte ici que le GPRF soit représenté à Rome mais retarde la représentation du Vatican à Paris. La difficulté principale vient de l'épuration des évêques, dossier des plus complexes. Mais le temps presse : il faut bien que le Vatican ait un nonce à Paris sans quoi en janvier, c'est le doyen du corps diplomatique qui présente ses voeux au président du GPRF (dans l'usage, c'est toujours le nonce). Or le doyen est l'ambassadeur d'URSS en France. Voir le nonce remplacé par l'ambassadeur de l'URSS aurait fait frémir d'horreur Pie XII donc exit Valeri (le très vichyste nonce des années de guerre) et bonjour Roncalli (futur Jean XXIII).
Les difficultés perdurent toutefois à cause du dossier de qq évêques pas assez compromis pour être jugés et trop marqués pour rester. Et ce fut un grand historien qui trouva la solution, André Latreille, spécialiste du concordat de 1801, embauché pour l'occasion sur conseil de Bidault (autre agrégé d'histoire...) comme sous-directeur des cultes !
Je tire cela de la thèse de Dominique Chassard, et du livre de Latreille lui-même qui mérite d'être lu puisqu'on a à la fois le regard d'un acteur et d'un historien :
De Gaulle, la Libération et l’Église catholique, Cerf, 1978.