Post Numéro: 16 de Loïc Charpentier 23 Aoû 2019, 15:12
Il convient, également, de ne pas rêver, les effectifs de la Volksarmee avaient, péniblement, atteint moins de 120 000 hommes en 1968, ce qui sous-entend, implicitement, qu'au début de sa constitution, en janvier 1956 (!), elle constituait, au mieux, une armée-croupion ou une image d'Epinal, avant cette date, plus qu'une réelle force armée. Au mieux, c'était une formation de police et de gardes-frontières, mais notre camarade Georges (Orpo 57) pourra nous le confirmer. Les Soviétiques se méfiaient, comme de la peste, des compétences militaires "naturelles" allemandes !
Constituer un état-major "sans troupes", çà faisait plaisir à l'élite qui s'était découverte - souvent pour, d'abord, se sauver les fesses! -, "brutalement", des affinités certaines avec les préceptes du régime soviétique et çà ne risquait pas de poser problème à l'Armée Rouge. C'était, toujours le cas, en 1968, en dépit des 120 000 hommes, entièrement équipés "à la russe"... si nécessaire, on lui "coupait les vivres", en munitions et en carburant, et, avec les unités soviétiques stationnées, elles, à 500 m de l'entrée de leurs casernement - c'est une image ! - les Russes avaient vite fait de les faire revenir à raison, même sans tirer le moindre coup de canon!
En ce qui concerne certains "cadres", au passé, parfois, un peu trop chaud, le Procès de Nuremberg, à l'Ouest, avait fait l'effet d'une douche froide, alors que les Soviétiques, eux, leur proposaient une amnésie en même temps qu'un nouveau plan de carrière? De surcroit, beaucoup de militaires, à la fin de la Seconde Guerre Mondiale, ne savaient pas faire autre chose que se battre.
L'engagement volontaire d'allemands dans la Légion Étrangère, dans l'immédiat après-guerre, abandonnant, dès lors et de fait, tout grade, auquel ils étaient sensés prétendre ou avoir décroché, fait partie de cette "errance" militaire, assez fréquente après un conflit. J'avais, ainsi, rencontré, dans un train de nuit, Nice- Strasbourg, en 1966 - j'étais en uniforme de quartier-maitre - un "retraité" tout frais de la Légion, qui rentrait (enfin!) en Allemagne, s'était cogné l'Indo, l'Algérie, était tout fiérot de son grade de caporal-chef, acquis à la Légion, - et, au passage, du costume civil que l'armée française lui avait offert! -mais qui avait fini par dégainer, en loucedé, dans le couloir du wagon, son vieux livret militaire de la Heer, conservé précieusement mais usé jusqu'à la trame, où son grade, à la fin du conflit, était, à l'évidence, celui de Hauptmann (capitaine) ! Honnêtement, à 21 ans à peine révolus et une expérience militaire qui se résumait à un peu plus de deux ans d'engagement, je m'étais senti tout petit et ridicule! Le plus fort de l'histoire est que ce vétéran, vieux, facilement, de plus de 30 ans, par rapport à votre serviteur, m'avait considéré comme un "frère d'arme"!