alain adam a écrit:Bonjour,
Le Nebelwerfer 10cm est un genre de mortier lourd, mais ce n'est pas un lance-roquettes.
En 1940 en trouve un matériel qui se nomme "Nb.W.d. 15cm" qui selon moi est le Nebelwerfer auquel vous faites allusion.
La production commence en mars 1940 (8 exemplaires) et il y aura 22 exemplaires réceptionnés en juin 1940 par l'armée. Je n'ai pas connaissance d'une éventuelle utilisation pendant Fall Gelb/Fall Rot.
A début juin 1941, 486 matériels auront été fabriqués. D'après les fiches de production, l'appellation Nebelwerfer 41 15cm semble apparaitre courant novembre 1941.
Alain
Les
Nebeltruppen disposaient, en septembre 1939, du
10 cm Nb.W. 35, qui n'était rien d'autre qu'un mortier tirant des "torpilles". Le 31 décembre 1939, ils en alignaient +/- 260 pièces...
Là, il convient de faire le point sur la dotation allemande existante en mortiers d'infanterie, le gros était, alors, constitué de mortiers de 5 cm, légers, certes, facilement maniables, mais aux performances tristounettes, plus une dotation, au sein de la compagnie lourde, de mortiers de 8 cm (81 mm), copies "conformes" de notre mortier Brandt de 81 mm national.
L'emploi du calibre de 10 cm était, donc, réservé aux seules
Nebeltruppen, qui, après la Der des Ders, lors de la reconstitution de la
Reichswehr, avaient, dans ce rôle, remplacé les formations spécialisées du Génie (
Pioniere). Avec ces mortiers de 10 cm, elles pouvaient tirer aussi bien des fumigènes, des munitions explosives, que des charges de gaz de combat. Il convient de ne jamais oublier que tous les belligérants étaient entrés en guerre avec un stock monumental de munitions à gaz toxiques - aussi bien à effets persistants (diffusés par épandage), que non persistants (tirs de mortiers et d'obusiers)-... sauf que personne ne les avait utiliser!
C'est trop long à expliquer, mais la "guerre des gaz" menée de 1915 à1918, après ses premiers dégâts mortels - notamment, sur le Front Est, où l'armée impériale russe, mal équipée, avait payé un très lourd tribut -, avait très vite été contrée par la distribution de masques dont l'efficacité n'avait cessé de s'améliorer -.
Le 17 juin 1925, à l’initiative des États-Unis et de la France, avait été établi le Protocole de Genève concernant la prohibition d'emploi à la guerre de gaz asphyxiants. Il était entré en vigueur le 8 février 1928, après avoir été ratifié par la totalité des états occidentaux mais son application reposait plus sur l’engagement moral des signataires que sur un contrôle effectif. Officiellement, les gaz de combat étaient dorénavant bannis des arsenaux, d’autant qu’en regard des coûts et moyens déployés, le bilan stratégique et humain de leur emploi était, lui-même, assez mitigé. Leur mise en œuvre était délicate, tributaire des conditions atmosphériques et, une fois l’effet de surprise passée, les belligérants s'étaient, tous, équipés et préparés en conséquence.
Les pertes dues aux gaz de combat, entre 1915 et 1918, s’étaient élevées, au final, sur le Front Ouest, dans les deux camps, à 90 000 morts et 1 million de blessés à des degrés divers; un certain nombre de ces derniers, gazés plus ou moins lourds, avait, cependant, allègrement franchi, bon pied, bon œil, le cap des 80 balais, comme l'un de mes aïeux qui ne manquait de nous rappeler régulièrement qu'il avait été "gazé" en 14-18!
Dans un second temps, en 1939, avait été mis au point, en Allemagne, un mortier aux performances remarquables, certes, mais coûteux à produire, le
10 cm Nebelwerfer 40...
En fait, dès l'avant-guerre ou, au plus tard, au tournant 39-40, les Allemands avaient, également, conçu des "armes de saturation", qui s'étaient concrétisées, industriellement, sous deux formes, l'une "statique", le
Wurfgeräte de
28-32 cm, tiré en nombre à partir de "cadres" installés au sol ou depuis un automoteur chenillé SPW...
En parallèle, ils avaient développé une gamme de lanceurs tractés à tubes multiples de 5 ou 6 tubes selon le calibre de 15 ou 21 cm, de 28/32 cm...
... Pour finir par concevoir des cadres de lancement tractés,
30 cm Neb.W. 56 polyvalents, constitués de deux rampes superposées de six projectiles de 21 cm et d'une troisième, installée au-dessus du cadre, destinée au tir de "roquettes" de 30 cm.
Les
Nebelwerfer à tubes multiples allemands étaient réglementairement engagés à "moyenne" portée (3000-4000 m) et, également, en nombre - au minimum l'effectif d'une batterie, selon la cible à traiter -, compte-tenu de la dispersion de leurs "pélots"; néanmoins, contrairement à l'Armée Rouge, où les Katiusha avaient également servi lors de ses préparations d'artillerie de saturation, ils n'avaient été engagés que pour traiter des objectifs ponctuels.