JARDIN DAVID a écrit:Alors toi aussi tu en es resté à 14-18 ?
En fait, je préfèrerais que tu commentes ma conclusion stp, et sans te faire prier, pinpounet Loïc.
Bien amicalement
JD
L'air de rien, les conflits du passé ont leur importance dans la connaissance militaire "moderne".
Ce n'est pas par hasard, ni pour combler des heures vacantes dans les programmes, qu'on étudie, encore de nos jours, - sans parler de Xenophon! - Clausewitz, Jomini et consorts, dans les cours d'officiers et d'officiers supérieurs, et qu'on effectue des revues de détails des Guerres Puniques, du de Bello Galica - relation faite par un gégène, qui parlait de lui, à la troisième personne -, des campagnes du temps du Règne de Louis XIV ou durant le Ier Empire. Concernant "l'aspect terrain", je me permet de te conseiller la lecture "Des Principes de la Guerre", recueil, confectionné en 1903, à partir des différentes interventions, baptisées conférences, faites à l’École Supérieure de Guerre, par un certain lieutenant-colonel d'artillerie, breveté d'état-major, Ferdinand Foch! Document de 380 pages disponible sur le site numérisé de la BNF/Gallica.
J'aime bien sa formule, dès sa première intervention...
Elle réduit très sérieusement la portée des réflexions "philosophico- militaires" dont certains sont parfois friands, essentiellement effectuées à posteriori, donc en connaissance du résultat final. La guerre est un mélange complexe et savant de tactique, de mental chez les troupes et leurs encadrements, d'effectifs (de préférence, engagés "intelligemment"!), de leurs compétences, du matériel, en qualité et en nombre, dont elles disposent.
Durant l'hiver 1939-1940, le plan adopté par l'armée française et son allié britannique était sensé, réfléchi, tenait compte de l'expérience des déboires de l'été 1914, et, par nécessité,n était "matérielle", car elle avait pour objectif premier de bloquer le plus longtemps possible la progression allemande, sachant que la pleine puissance de la production de matériels militaires et l'instruction des troupes ne serait pas atteinte avant 1941.
A l'inverse, dans le camp allemand, on avait gardé un souvenir douloureux de la période 1915-1918 et des résultats du plan Schlieffen de 1914, d'où la "manoeuvre ardennaise", toute à la fois hasardeuse et très risquée.
Il avait, quand même, fallu 4 mois pour qu'elle soit, enfin adoptée, en février 1940, sur décision "dodolfienne", alors qu'il y avait un paquet de généraux qui freinaient des "quatre fers", dont, notamment, un certain Halder, responsable des Opérations, qui, de surcroit, était de tempérament rancunier. Durant le Westfeldzug, il n'avait cessé - depuis son bureau! - de minorer les retours d'infos de ses camarades "terrain", relatifs aux problèmes d'approvisionnement en tous genres, d'usure des véhicules et d'étirement des lignes, conséquences directe de la progression rapide - quasiment imprévu" - du Heeresgruppe A, alors que , dès le 10 mai 1940, ils faisaient partie des inquiétudes expressément formulées! Devine qui râlait comme un putois, quand Runstedt avait réclamé un halte technique le 23 ou 24 mai 1940!
Si on se penche un peu sur son cas, à dater de l'hiver 30/40 et jusqu'à son "remerciement définitif" en septembre 1942, il avait passé son temps en enquiquiner, parfois à raison, mais souvent à tort, le haut-état major allemand et AH, en personne.
C'est pour ce genre de raisons que je me marre doucement quand je le vois - un peu trop souvent, à mon goût -, mis en exergue!... Ah, son soit-disant journal "prémonitoire" (Tagebuch), publié dans les années 1960, il collait tellement bien aux idées alliées, et plus particulièrement, américaines, sur les raisons de la défaite allemande! Par contre, il suffit de lire les "interrogatoires" des "grosses légumes" terrains, menées après guerre, par les services alliés, pour constater que le bonhomme était très loin d'être en odeur de sainteté, dans leurs rangs!
... Mais, là, je dérape. En mai 1940, sans préjuger du résultat, on avait, côté allié franco-anglais, un plan conséquent, sérieux et prudent par nécessité - celui de Gamelin -, et, côté allemand, une initiative très hasardeuse mais qui avait, finalement, réussie, en gros, dès le 13-14 mai.
L'hypothèse de la trouée ardennaise jusqu'à cette date n'avait pas été prise en compte, côté allié, pour diverses raisons. Techniquement, tout les services de renseignement l'écartaient. De surcroit, sa "faiblesse" était très limitée, géographiquement, avec, sur le flanc droit, la Ligne Maginot, et sur le flanc gauche, les unités de "premier brin", sauf qu'elles étaient "montées" s'interposer aux Pays-Bas et en Belgique.
De toute manière, même face au Heeresgruppe B de Bock, très maigrement doté en Panzerounets, qui avait, alors, entre autres, pour rôle d'attirer les troupes alliées, largement au nord de leurs positions de départ, militairement, çà n'avait pas, non plus, été le pied pour ces dernières; les formations françaises et anglaises engagées, pourtant "l'élite" des deux armées, conformément au plan Dyle, n'avaient pas franchement fait des merveilles.
Si le Heeresgruppe B s'était pris une veste de grande dimension, çà aurait, alors, très sérieusement compromis le sort du Heeresgruppe A, mais çà n'avait pas été le cas!
Dès lors, on peut, effectivement, ratiociner à plaisir sur le bien-fondé du "Plan Dyle", sur "l'appauvrissement" consécutif du secteur "sedanais", mais , dans la réalité, on constate, selon moi, une différence essentielle, dans la motivation (nationale et politique) des deux adversaires. Personnellement, je préfère, de loin, une unité motivée qui en veut, même dotée d'un matériel désuet ou incomplet, à son pendant adverse, super-armé, mais non motivé.
L'allemand "moyen", sans être pour autant un fervent nazi, souhaitait intimement une légitime revanche, d'autant que l'Allemagne s'était faite largement flouée et "démesurément" punie, par les clauses du Traité de Versailles.
A l'inverse, en France et même en GB, on était, en 1939, monté au front en trainant les pieds, même au sein des unités d'active. Il convient de ne pas oublier l'importance de la "propagande" et des mouvements anti-militaristes, prônant la Paix des Peuples, qui existaient, alors, dans les deux Nations. La censure militaire et médiatique s'était efforcée, en France, de les glisser sous le tapis, en interdisant leur propagation officielle, mais au sein des unités de réservistes, les idées étaient présentes et semaient le doute.
Le PCF se prétend être à l'origine de la "Résistance Française", après la défaite de 1940, mais il oublie, intentionnellement, son action néfaste en 1940, aussi bien dans nos usines d'armement que dans le moral des troupes "en ligne"!