Désolé, Prosper, mais, là, tu fais une analyse "post-conflit", à partir des connaissances ultérieures.
Au printemps 1938, les "conclusions", issues des grandes manoeuvres, ne valaient pas tripette, en regard de la puissance "mécanique" réelle française. Après, nous pouvons, toujours, ergoter sur leur bien-fondé - toujours en se référant aux évènements de mai-juin 1940 - mais, en 1938, il s'agissait, quasiment, d'un postulat... la force blindée allemande, quelque aurait pu être sa tactique, ne possédait pas les moyens de se confronter, même avec un minimum de chances, à l'armée française... et, Dieu sait que sur ce plan, je ne suis pas "franchouillard" pour un rond.
Aveuglement de Gamelin, mon genou! Ses plans de déploiement, contrés, certes, par une offensive (totalement) imprévisible, celle du Heeresgruppe A, à travers les Ardennes, qui provoquera l'isolement de la moitié ( la plus "performante") de l'armée française, certes, mais çà s'arrête là. Gamelin était très loin d'être une truffe incompétente, sauf que sa proximité nécessaire et indispensable avec le pouvoir politique, en avait fait un fusible , ce qu'il savait depuis sa nomination!
On aura beau m'expliquer que, au printemps 1838, un général français, simulant le rôle de l'agresseur, avait fait remarquer qu'un division blindée - et non plusieurs, avec leurs troupes d'accompagnement! - pouvait franchir le massif ardennais, l'hypothèse de la manoeuvre impliquait que les neutralités belges et luxembourgeoises avaient été bafouées, en contradiction totale avec les textes internationaux en vigueur. En ce qui concerne la Belgique, il existait, certes, le précédent de l'été 1914 ; le plan français, établi, en 1939, en regard d'un possible renouvellement du Plan Schlieffen, avait prévu, avec accord ou non du gouvernement belge, d'intervenir au plus près des frontières néerlandaises et belges, face à leur dangereux voisin, pour éviter la "catastrophe" de 1914 et, surtout, une nouvelle occupation des départements français limitrophes... je sais, c'est une intention qui peut paraitre un gros poil "égoïste", mais elle est avérée.
De nos jours, peu de gens l'évoquent - ni Wiki, au passage -, mais l'entêtement de la Belgique, assise sur sa neutralité "jusqu'au-boutiste", avait "contraint" les armées françaises à devoir monter en Belgique, sans son accord gouvernemental préalable - en réalité, vu la situation, çà s'était résumé à une simple procédure, issue du constat! -. Mouvement qui, nécessairement, même s'il était prévu et sans que la Belgique ne le sache (!), nous avait amené à devoir "dégarnir" notre ligne de front nord-ouest et, par voie de conséquence, priver notre aile gauche de ses unités de "premier brin".
Je veux bien qu'on essaye de m'expliquer que certaines divisions françaises auraient, soit-disant, tardé à opérer, conjointement, avec des unités belges, mais il conviendrait, d'abord, de rétablir la situation réelle et de constater que, dès le 14 mai (et je suis gentil!) et en dépit des renforts français, l'armée belge était à la ramasse!
Gamelin, après son limogeage, purement politique, le 18 mai 1940 - soit huit jours après le début de l'offensive allemande! - n'a cessé d'être brocardé à l'envie. On lui a, par exemple, reproché d'être "attentiste" et timoré dans ses actions (avant mai 1940 !), sauf qu'il prenait, nécessairement, ses ordres auprès des politiques, qui , eux, passaient l'essentiel de leur temps, dans ce genre de situation extrême, à se renvoyer la balle et, si nécessaire, trouver une "Tête de Turc" expiatoire, pour tenter de calmer et rallier les foules, dans un univers politique où tout était bordé, depuis plus deux siècles, en prévision d'un éventuel (et très improbable) coup d'état militaire - Il y aurait très long à dire, mais ce n'est pas le sujet!
-. Weigand, promu à la tête des armées françaises, le 19 mai, ne fera strictement rien de mieux - et, encore, je reste aimable! - que son prédécesseur, durant les "cinq dernières semaines du conflit" et on oublie de dire, à son propos, qu'il perdurera, au-delà de l'Armistice, dans le régime de Vichy, après la mise en place du Maréchal Pétain !