Dog Red a écrit:Cet écrit de GAMELIN tient de la fumisterie !
De la fumisterie ? Vous êtes encore trop bon avec lui... C'est une saloperie déshonorante, destinée j'imagine à donner le change aux deux gouvernements - français et polonais - et qui n'a pas un gramme de réalité.
Au passage, qqun a dit récemment que le QG de Gamelin se trouvait proche de Paris pour pouvoir communiquer avec le gouvernement par motocyclistes "en cas de coupure électrique" (????) En réalité Gamelin tenait à rester proche du gouvernement pour avoir la possibilité de l'influencer et de couper les initiatives qui lui déplaisaient. On voit d'ailleurs, dans ce courrier aux Polonais, de quelle façon il s'y prenait pour soigner son image.... Tout cela est lamentable.
Hussard ailé a écrit:Tukhachevsky était-il si brillant? Je passe le fait qu'il représente le premier russe en 200 ans à se prendre une déculottée face aux Polonais (Varsovie, août 1920)... Car il est vrai qu'en comparaison avec les autres maréchaux exécutés (Blücher, Iegorov), il était effectivement d'un niveau supérieur (théoricien des opérations profondes).
Attention, dans votre intervention vous justifiez les purges staliniennes en reprenant les arguments de la propagande stalinienne. Ce sont les historiens staliniens qui ont fait valoir que le massacre des officiers (35000 tués) avait permis de renouveler les cadres de façon bénéfique. C'est un argument absurde. On sait qu'une armée qui perd ses officiers expérimentés perd en même temps sa valeur combative. On a assez vu en 41 à quel point l'absence d'officiers compétents, à quoi il faut ajouter l'omnipotence de commissaires politiques fanatisés et incompétents, avait provoqué une catastrophe.
Et vous vous trompez sur le mécanisme des purges : il n'a pas éliminé les plus incompétents. D'ailleurs vous notez que parmi les maréchaux ce sont les plus incompétents qui ont survécu : c'est bien comme cela que ça fonctionne. (Le cas de Joukov est un peu différent : au moment des purges, il est occupé à combattre les Japonais en Mongolie.) En fait, un officier ou un maréchal qui a de la personnalité se fait forcément davantage remarquer. Ceux qui ont survécu aux purges étaient les plus discrets et les plus falots. Dans un processus où il faut dénoncer et accuser les autres pour sauver sa vie, les accusations se cumulent naturellement sur les plus voyants.
Non, les purges n'ont pas permis de faire "monter" des maréchaux capables comme Joukov et Rokossovski : c'est la guerre qui a conduit Staline à écarter Boudienny et Vorochilov. (qui ont échoué dans toutes les missions qu'ils leur a confié.) Joukov j'ai expliqué qu'il venait de l'extrême-orient (quand il est convoqué à Moscou, pour promotion, il pense que c'est son tour de passer entre les mains du NKVD !)
Rokossovski c'est tout simple : il a bien résisté à la torture (on lui a arraché tous les ongles, entre autres) mais au moment de l'invasion allemande il était au goulag ! Et il a été suivi pendant toute la guerre par une section du NKVD chargée de vérifier qu'il ne passait pas à l'ennemi ! Hé oui, jusqu'à Berlin, ce qui est fou ! (Et qui témoigne non seulement de la paranoïa, mais également de l'angoisse sincère de Staline sur l'existence d'un complot de l'armée contre lui. - Il faut croire que le dossier fourni par Heydrich était très convaincant, puisqu'il semble que ce soit cet épisode qui ait durci la volonté stalinienne de "faire le ménage". Comme en témoigne également le massacre insensé d'une telle quantité d'officiers.)
Au passage, des officiers supérieurs qui n'étaient pas (que) des vieux briscards de la guerre civile : Toukhachevski et d'autres avaient réfléchi sur les conditions de la guerre dans les plaines russes, théorisé les offensives en profondeur, organisé l'armée en conséquence - notamment en créant des unités blindées qui procédaient de la même inspiration que les Panzerdivisionen - et surtout formé et entrainé leurs officiers en conséquence. Officiers que Staline assassinera, tandis que les Vorochilov et Cie, à peine Toukhatchevski éliminé, n'auront de cesse que de supprimer les unités blindés autonomes, trop innovantes pour eux. Là encore on verra le résultat en 41. (Joukov fera recréer les divisions blindées, l'efficacité des Panzer ayant finalement convaincu Staline, ce qui était cher payé pour une innovation que les Russes avaient été les premiers à inventer.)
Sur la défaite de Toukhatchevski face à Pologne, Pierre Nord raconte que ce général commandait une des deux armées russes engagées dans l'offensive. Il cite le nom du général qui commandait la seconde armée, - je l'ai oublié - lequel était doublé par un commissaire politique. On sait que dans cette configuration c'est celui qui a le plus de personnalité qui commande effectivement, et dans cette seconde armée c'était forcément le commissaire politique, parce que celui-ci était Staline.
Toukhatchevski monte son offensive, compte s'organiser conjointement avec la seconde armée, mais celle-ci préfère prendre ses propres initiatives, va se balader au diable vauvert, et les deux attaques ne sont pas coordonnées, ce qui constitue l'occasion pour les Polonais de faire face à Toukhachevski avec succès. (les Polonais sont conseillés par Weygand, et un certain capitaine De Gaulle fait partie de ses officiers.)
Toukhatchevski ne mâchera pas ses mots, et accusera Staline d'être responsable de cet échec, ce que Staline n'oubliera jamais. (En même temps il ne pouvait pas savoir que Staline atteindrait un jour ce niveau insensé de pouvoir personnel et d'obsession maladive d'éliminer des contre-révolutionnaires imaginaires.)