Bonjour ,
je vous livre ci-dessous un début de texte que j'ai réalisé il y a quelques mois, et que j'ai amendé de quelques modifications ce jour . Vos commentaires sont les bienvenus .
L’INFANTERIE ALLEMANDE VS FRANCAISE EN 1940
A ] GROUPE ET SECTION DE COMBAT
Le groupe de combat allemand de 1940 se compose d’un sous officier et de neuf hommes . Il se décompose en un demi-groupe d’assaut et un demi-groupe d’appui . Le sous-officier commandant de groupe dispose en général d’un pistolet mitrailleur MP-34 « Bergmann » ou MP-38 « Schmeisser » , ou le cas échant , d’une carabine Kar-98K . Le demi-groupe d’appui est organisé autour de la mitrailleuse MG-34 avec bipied ( un tireur , et deux chargeurs/pourvoyeurs , se partageant les éléments et munitions ) . L’armement secondaire de ces soldats se compose de deux pistolets et d’une carabine Kar-98K . L’assistant du chef de groupe et le demi-groupe d’assaut ( 5 soldats ) sont tous dotés de cette même carabine , ainsi que de deux ou trois grenades . Profitant de l’expérience de la campagne de Pologne , le groupe de combat est passé d’une organisation de 13 à 10 hommes . Alors que les autres nations déterminent le fusilier comme pièce centrale du groupe de combat , et la mitrailleuse comme arme d’appui , la doctrine Allemande crée le groupe autour de la mitrailleuse . Le groupe doit protéger la mitrailleuse et exploiter les brèches qu’elle pourra ouvrir grâce a son tir fourni . A l’opposé des autres armées se dotant en général d’un fusil-mitrailleur au niveau du groupe ( dont la cadence de tir reste limitée par la taille des chargeurs ) , l’armée Allemande table sur une vraie mitrailleuse, la MG-34 . Cette dernière peut être utilisée portée a la hanche lors d’un assaut , ou avec un bipied dans une position statique/défensive . Utilisée comme une mitrailleuse lourde à d’autres niveaux organisationnels , elle sera alors dotée d’un trépied ( Laffette ) .
L’armement d’un groupe de combat se compose donc de 7 carabines Kar-98K , arme de 7,92mm Mauser , qui s’utilise avec des lame-chargeurs de 5 cartouches . D’une portée pratique de 300 mètres , sa cadence de tir est estimée à 15 coups/minute . L’armement secondaire se compose de deux pistolets , et l’armement collectif est une mitrailleuse MG-34 dans sa version légère ( bipied ) de 7,92mm Mauser tirant par bandes de 250 coups ou chargeurs de 50 coups , avec une cadence de tir d’environ 800 coups/minute . Le groupe emporte avec lui 5 chargeurs tambours de 50 cartouches et 600 cartouches pour la mitrailleuse , ainsi que deux bandes de 250 cartouches ( au total 1350 cartouches ) . Chaque soldat disposant d’un fusil dispose quant a lui de 9 lames-chargeurs de 5 cartouches . Les deux pistolet-mitrailleurs MP-34 et MP-38 sont de calibre 9mm , disposent de chargeurs de 32 cartouches , et ont une cadence de tir respective de 650 et 500 coups/minute . Le chef de section emporte avec lui 6 chargeurs de cartouches de 9mm . Les grenades sont des stielhandgranate 24 ( dites « presse-purée » ) d’une portée d’un peu moins de 40 mètres ( par effet de fronde ) ou des Eihandgranate 39 d’une portée d’une vingtaine de mètres .
A l’identique du groupe de combat , la section( Zug ) Allemande va évoluer entre la campagne de Pologne et la campagne de France . Son organisation va passer de 3 groupes de 13 hommes à 4 groupes de 10 hommes, pour augmenter sa flexibilité . En sus , elle va réunir un groupe de mortier léger , un groupe de commandement et l’officier commandant la section , ainsi qu’un groupe de transport hippomobile .
Le commandant de section va recevoir un pistolet- mitrailleur MP-34 / MP-38 ( ou dans certains cas une carabine Kar-98K ), et un pistolet . Le groupe de commandement va être composé d’un sous officier ( avec un pistolet ), deux agents de transmissions dotés d’un Kar-98K et un autre disposant d’un fusil de tireur d’élite ( Kar-98K avec lunette de visée , portée pratique 500 mètres et plus ) . Le groupe de mortiers est composé d’un sous officier ( armé d’une carabine ) et deux servants ( armés d’un pistolet ) , et dispose d’un leichte Granatwerfer 36 de 50mm , d’une portée d’environ 500 mètres pour une cadence de tir moyenne de 20 coups/minute ( torpilles de 900 grammes ) . Outre le mortier et son socle , les servants portent 45 torpilles de mortier . Enfin , pour terminer l’organisation de la section , il faut ajouter une remorque hippomobile d’allégement , avec un cheval et un conducteur armé d’une carabine .
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Chez les Français , le groupe de combat totalise douze hommes et se décompose en un demi groupe de fusiliers avec un sous officier et son adjoint ( armés de fusils 7.5mm ou 8mm – voir plus loin ) , un tireur FM , 1 chargeur et 3 pourvoyeurs ( armés de 3 mousquetons , parfois de fusils , un pistolet et un Fusil-Mitrailleur ) et d’un demi-groupe de voltigeurs, avec 4 voltigeurs et un grenadier VB ( armés de 5 fusils et un tromblon Vivien Bessière d’une portée de 170 mètres pour une grenade de 490 grammes dont 60 d’explosif ) . Initialement le tireur FM devait disposer d’un pistolet, mais celui-ci lui est retiré dans les dotations 1935 . Le grenadier VB devait disparaitre par la suite, lorsque la section recevrait des lance-grenade de 50mm , le groupe passant alors à un effectif de 11 hommes , les grenadiers étant regroupés au niveau de la section . Cependant , en mai 1940 , quasiment aucun lance-grenade de ce type ne fut distribué . Au total , le groupe de combat dispose de 23 chargeurs de FM de 25 coups et 2 trousses de munitions , 8 grenades VB et un millier de cartouches de fusil . Chacun des voltigeurs doit disposer de grenades offensives , à la discrétion du commandant de compagnie . Enfin , chaque utilisateur de pistolet dispose d’un peu moins d’une trentaine de munitions . Malheureusement , la disponibilité de pistolets mitrailleurs n’était pas suffisante et ces armes furent distribués au compte-goutte dans l’infanterie , mais on en retrouve l’emploi , et par exemple , dans les groupes francs constitués pendant la drôle de guerre .
La section Française va réunir trois groupes de combat , encadrés par un officier chef de section ( parfois un adjudant-chef ) et son sous officier adjoint ( les deux étant armés d’un pistolet ) , un observateur et un agent de transmission ( les deux sont dotés d’un fusil ), plus un grenadier VB chargé de coordonner les actions des tromblons VB des trois groupes de combat ( avec fusil et tromblon VB ) . Le meilleur tireur de la section va recevoir un fusil à lunette .
L’armement se trouve de deux types dans les unités Françaises :
-8mm : avec fusil 07/1915 avec lame-chargeurs de 3 ou 5 coups , fusil Lebel 1886/1893 pour le grenadier VB et tireur d’élite avec magasin de 8 coups , mousquetons 1890 ou 1892 avec lame-chargeur de 5 cartouches . Le FM sera un 24/29 de 7.5mm .
-7.5mm : avec fusil Lebel M.27 avec un magasin de 5 cartouches ou fusil Berthier M34 Mle 1907/15 avec un magasin de 5 coups ou fusil MAS 1936 avec un magasin de 5 coups . Afin de conserver l’homogénéité des calibres, les grenadiers VB et tireurs d’élite seront dotés de fusils de 7.5mm , tout comme les pourvoyeurs .
E] Comparatif des unités élémentaires des deux nations ( EXTRAIT )
Au niveau le plus élémentaire de l’infanterie , on remarquera que le groupe d’infanterie Français est un peu plus puissant que l’Allemand , bien que la cadence de tir de la MG.34 puisse contrebalancer cette problématique . A l’opposé , les groupes Allemands étant plus restreints, mais également plus nombreux au sein de la section , cela apporte une souplesse d’emploi que les Français n’auront pas .
Au global , la section Allemande se voit plus puissante que son homologue Française par la présence théorique de 4 mitrailleuses légères ( contre trois FM chez les français ) , mais seulement d’un mortier de 5cm( contre 4 lance grenades VB ) . Cela dit , ce dernier avait une allonge trois fois supérieure , pouvant ainsi favoriser les engagements a plus longue distance, sans toutefois autoriser de la saturation . Mais comme nous l’évoquons plus loin , les dotations étaient loin de couvrir tous les besoins , et il n’est pas rare d’avoir des sections ne disposant pas de ce mortier léger . De même , si en théorie les sections devaient disposer de 5 pistolet-mitrailleurs ( 0 chez les français ) , il était également rare que les dotations fussent complète . L’analyse détaillée par modèle de division , ainsi que les textes sur les dotations apporteront des éléments supplémentaires a ce sujet .
De l’autre coté , les Français étaient victimes d’un matériel vieillissant , disposant soit de matériel de calibre 8mm , soit de 7.5mm ( dont le MAS 36 , fusil le plus moderne de l’armée Française ) .
Enfin , la section allemande dispose d’un petit avantage bien utile en cas de progression , une remorque hippomobile d’allégement , autorisant ainsi l’infanterie a effectuer des marches sans transporter la totalité de leur paquetage . Si cette option était disponible a un niveau d’unité plus élevé chez les Français , on comprends par contre que la section Allemande bénéficiait d’une plus grande autonomie , et donc encore une fois de souplesse d’emploi .
Si l’on se base sur des sections a effectifs et dotations complètes , le modèle germanique offre donc une puissance un peu supérieure a son équivalent Français , mais dans la réalité , un quart seulement des pistolets mitrailleurs furent disponibles , y compris dans les unités de Welle I . La mitrailleuse MG 34 est plus lourde que le FM 24/29 ( 12 Kg contre 9 ) , et même si elle dispose d’une capacité de coups par minute supérieur , dans l’emploi , les deux armes seront assez équivalentes . On notera tout de même , que les Allemands en avaient un modèle de plus par section . Le mortier de 5cm fut en principe correctement distribué dans les unités de Welle I , et pouvait , selon l’emploi et la situation , contrebalancer l’effet des 4 tromblons Vivien Bessière des Français , et apporter une capacité de tir a plus longue distance . Le Kar 98 K est un bon matériel , mais le MAS 36 n’a rien a lui envier . En oubliant les armes collectives , la puissance de feu des deux unités est tout a fait similaire ( 32 fusils ) avec une même distance d’engagement d’environ 300 mètres .
Pour compléter le tout , il est bon d’ajouter que les doctrines sont différentes dans les deux armées . La ou l’organisation Française va établir une quantité de matériel définie , avec parfois des matériels anciens qui n’auront pas été remplacés – mais qui sont disponibles en unités , chez les Allemands on opte pour une organisation type vers laquelle il faut tendre , mais du fait des pénuries de certains matériels , on adopte des organisations hybrides , qui mènent bien souvent la section Française a finalement être quasi aussi puissante que l’Allemande , mais avec une souplesse inférieure en terme d’engagement . Nous verrons plus loin ce qu’il en est au niveau de la compagnie , du bataillon et du régiment .
G] Les dotations d’armement d’infanterie en 1940 . ( EXTRAIT )
Au 1er mai 1940 , la Heer disposait de 3.228.500 fusils et carabines et 150.400 mitrailleuses ( 7,92mm , 1.823.165.214 munitions aux armées , 8.313.130.524 au total ), 528.800 pistolets et 27.800 pistolets mitrailleurs ( 9mm , 83.653.363 munitions aux armées , 146.496.143 au total ) , 1.353 Panzerbüchse 38/39 ( 377.622 munitions aux armées, 511.392 au total ) et 846 Panzerbüchse Polonais ( avec 254.894 munitions au total ) . Coté mortiers, étaient en stock 9.160 lei.GrW 36 ( 5cm , 3.346.422 munitions aux armées , 16.851.802 au total ) , 563 GrW M36(t) ( 8cm , 68.318 munitions aux armées , 389.218 au total ) , 7091 GrW 34 et 234 GrW 33 (ö) ( 8cm , 1.764.967 munitions aux armées , 7.167.127 au total ) .
Dans la pratique , certaines dotations ne furent donc pas alignées avec l’organisation théorique ( KStN 131 c de fin 1939 pour la compagnie d’infanterie ) , et l’on constate que les divisions de Welle 1 ont été dotées d’un peu plus d’une centaine de pistolets mitrailleurs à la place des 432 qui étaient prévus . De fait , l’allocation des pistolets mitrailleurs ne s’est pas effectuée au chef de groupe , on ne trouvait qu’un seul pistolet mitrailleur par section ( soit un total de 108 pour la division ) . Dans le cas du fusil antichar Panzerbüchse , les dotations sont également réduites . Cette fois ci , on constate que les divisions de Welle 1 ont reçu une dotation de 27 armes ( au lieu de 81 ) , soit un tiers de la dotation prévue . En fait , une seule arme sera distribuée par compagnie d’infanterie ( au lieu de 3 ) , tandis que dans des unités de Welle suivante, la dotation sera parfois encore plus faible , ou ne sera pas effectuée du tout
Ainsi pour une dotation théorique de 432 pistolets mitrailleurs et 81 panzerbüchse par division , nous pouvons reporter les quelques exemples suivants :
( table en construction , extrait pour info )
La réalité est assez simple à comprendre, concernant la dotation de ces deux armes , car en comptant une dotation théorique de 81 fusil antichar par division d’infanterie , les 2199 Panzerbüchse allemands et polonais n’auraient pu alimenter que 27 divisions . il en va de même pour les pistolets mitrailleurs , dont le stock n’aurait pu fournir à pleine dotation qu’une soixantaine de divisions , sans compter que ces mêmes pistolets mitrailleurs sont utilisés dans d’autres armes que l’infanterie , réduisant de fait les dotations disponibles pour les divisions d’infanterie .
Une autre pénurie va toucher l’armée Allemande , il s’agit des mortiers . Encore une fois , la Welle 1 sera épargnée , mais on retrouvera des dotations au tiers dans d’autres séries de divisions , voir dans certains cas , ne disposant d’aucun mortier léger et d’une dotation réduite en mortier lourd .
En espérant que cela vous aide a mieux comprendre la différence de dotation entre les deux armées pour l'année 1940 , au niveau le plus élémentaire des unités d'infanterie .
Amicalement ,
Alain