L'option Breda est ce qui mena très certainement a engager la 7e Armée , car pour le coup , plutôt que se raccourcir , et dans l’hypothèse d'apporter de l'aide a la faible armée néerlandaise, le front s'allonge et le besoin de troupes augmente au nord .
La cavalcade de la 1ere DLM/ 9e DIM /25e DIM ( + 60e DI , toutes quatre de la 7e armée ) et l'opération amphibie de la 68e DI ( de faible envergure - n'appartenant pas a la 7e armée ) vont probablement faire plaisir a nos amis Hollandais , mais leur reddition rapide ne laisse aucune possibilité pour relever la situation , et ces troupes se rajoutent finalement a celles qu'il faut faire reculer en urgence pour repasser derrière les lignes belges .
Positions du 13 mai au soir
Le 12 mai , le canal Albert n'est plus un verrou suite a la prise du Fort d'Eben Emael et l'armée Allemande bouscule les belges sur le PFL ( positions fortifiées de Liege ) et continue vers l'ouest ..
Tandis que les Français vont tenter un coup d'arret sur Hannut/gembloux avec le corps de cavalerie pour bloquer cette attaque , les forces de la 7e Armée trop avancées en hollande, doivent rebrousser chemin , et a ce moment fatidique , le front est enfoncé sur la meuse au niveau de Sedan .
Positions 14 mai françaises
C'est donc face a un enchaînement de mauvaises nouvelles que l’état major doit faire face , tous ses plans ( ou presque ) préparés depuis des mois tombant a l'eau les uns après les autres, et découvrant même que se trouve face a la 2e armée une force largement sous estimée .
Positions 14 mai Allemandes
Au nord , il faut donc rebrousser chemin , et laisser les belges en couverture , pendant que l'on essaye de colmater sur Stonne pour éviter un contournement de la ligne Maginot , et que l'on positionne des forces sur l'Aisne , tout en essayant de former un front entre l'Aisne et la Somme pour couvrir une attaque en direction de Paris .
Dans l'intervalle , les 1e et 2e DCR ont déjà été engagées et se trouvent au delà de l'Oise , bien trop au nord pour pouvoir consolider le front défaillant des 2e et 9e armées .
Rebondissant sur l'Aisne , les forces mobiles allemandes vont alors prendre une autre direction , ce qui surprends a nouveau l’état major Français , qui voit ses efforts de consolidation ne servant a rien pendant que la 9e Armée se fait tourner .
16 mai
La bataille est déjà quasi perdue .
Le 18 mai s'ouvre entre Guise et Peronne un couloir dans lequel les forces mobiles allemandes vont s'engoufrer , la 9e armée implosant sous le feu ennemi .
L'encerclement des forces belges, britanniques et françaises du GA1 commence . Il aboutira au ré-embarquement de Dunkerque , qui, s'il est un succès au niveau humain , va détruire en grande partie le potentiel mécanisé/motorisé des armées alliées .
En 6/8 jours environ , le destin du GA1 et du BEF, mais aussi de l'armée Belge , est scéllé , et la seule tentative pour redresser la situation aurait été une contre attaque provenant du secteur de Cambrai , vers le secteur de la Somme , coupant ainsi les forces blindées Allemandes de leurs lignes de réapprovisionnement .
Et c'est encore la que l'armée envoyée dans le Benelux va manquer . Gamelin l'ordonne , personne ne va exécuter faute de moyens , dont il s’était lui même privé ...
Il est destitué le 17 , la situation va empirer , et le 19 mai Weyand prendra sa place ... pour ordonner exactement la même chose !
Mais le 19 mai , les Allemands sont au sud de Valenciennes et ont déjà coupé l'herbe sous le pied des Français en structurant leur offensive avec une force blindée/motorisée monumentale se situant dans le secteur de Saint Quentin .
positions allemandes 19 mai
"Couper le gant blindé" ( dixit Gamelin ) devient donc proprement impossible avec les moyens restants , et l'on ne peut qu'assister a la remontée des unités panzer vers la manche , sans moyen réel de couper leurs lignes . Lille deviendra un bastion pour l'honneur ou les troupes a pied vont couvrir le repli des troupes hippo et motorisées . Cela ne retardera pas vraiment les Allemands , qui vont laisser finalement a l'infanterie ( arrivée a coup de marches forcées ) le rôle de finir le travail .
( pour autant , les "petites allemandes avaient flipette" que cela arrive , quelques jours plus tard ayant largement distancé l'infanterie , cf discussion sur le haltbefehl )
Ces petits rappels a celui qui connait la campagne , sont avant tout pour dire qu'il n'y a pas de miracles pendant une guerre lorsque les plans stratégiques sont diamétralement opposés .
Si l'on pense que l'ennemi va attaquer sur la position X et que l'on y organise une défense solide, on dégarni forcément d'autres secteurs du front , et du coup , on crée une faiblesse dont il profitera , s'il en a connaissance, ou parfois , par chance .
Aussi pour moi , il ne s'agit pas d'un coup de bol , mais réellement de décisions du grand état major Français qui ne prévoyaient pas de plan B , au cas ou ils se seraient trompés sur les intentions Allemandes ( on est les plus fort , on ne risque rien ) . De ce fait , chaque coup donné par les Français , fut face a du vent , chaque avancée a du se solder par un repli, chaque repli par une avancée , ce qui a donné l'impression que l'on se battait contre une armée fantomatique pour certains de nos anciens , que l'on ne faisait que marcher dans un sens puis dans l'autre . Le tout pour finir par un ancien vainqueur de la der des der , invitant nos soldats a déposer les armes .
Quelle frustration pour nos aînés ! ( surtout que certains ont du passer 5 ans en stalag ... sans jamais avoir tiré sur un "schleu" )
Le pauvre militaire Français n'est en rien responsable de la défaite , par contre, une fois épuisé a faire deux marches forcées de 40 km par jour dans un sens puis dans l'autre , il ne devait pas avoir sa combativité au maxima le surlendemain . Ah bravo les stratèges !
Amicalement ,
Alain