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Re: Le réduit breton ?

Nouveau messagePosté: 21 Avr 2017, 16:00
de Didier
Le souci principal qui rend tout cela nul et non avenu c'est le temps, et je pense que De Gaulle ne croyait pas en une résistance possible il voulait juste faire bouger le gouvernement et le faire embarquer à Brest.....
L'idée est lancé vers le 29 mai
et est reprise avec décision de "fortifier" les lignes de défenses encore floues le 9 juin,
De Gaulle sur place pour lancer l'organisation et définir les lignes de défense dans la matinée du 15 juin......le 15 juin ?? que reste t'il encore à organiser en Bretagne à cette date ?

Didier

Re: Le réduit breton ?

Nouveau messagePosté: 21 Avr 2017, 16:12
de Prosper Vandenbroucke
L'idée de Reynaud, qui la tenait sans doute de De Gaule, fut jugée difficile à réaliser et refusée par le GQG.
C'était non seulement inutile sur le plan stratégique et le réduit breton aurait été très difficile à défendre.
Bien amicalement
Prosper ;) ;)

Re: Le réduit breton ?

Nouveau messagePosté: 21 Avr 2017, 20:56
de kfranc01
Dog Red a écrit:Dans le concept du réduit breton il y a avant tout la volonté de poursuivre la lutte envers et contre-tout. C'est à mon sens l'aspect le plus important qu'il y a à en retenir (j'insiste sur le rappel de l'armée belge de l'été '14, dépassée, enfoncée mais volontaire se retirant épuisée derrière la dernière ligne d'eau du territoire et se rétablissement miraculeusement en noyant les polders face à l'envahisseur).

Je ne crois pas à la possibilité de tenir le réduit pour plusieurs raisons :
- le manque de mobilité de l'armée française ne laisse pas supposer sa victoire dans la course vers la Bretagne avec les Panzer qui talonnent ;
- il n'y a en Bretagne aucune position de défense préparée (j'invite au parallèle avec la fin de l'été '44 et les armées allemandes battues gagnant la course au Westwall où, là, précisément, il y a une position de défense préparée) ;
- si tant est que les restes de l'armée française se soient rétablis sur des positions de campagne barrant la Bretagne, le matraquage de la Luftwaffe et le siège par les forces allemandes aurait fini par triompher.

Au mieux, le temps mis par les Allemands pour vaincre leur aurait causé des pertes supplémentaires modifiant le cours de l'été '40 et aurait peut être permis à l'armée française d'organiser un "super-Dunkerque" offrant au gouvernement REYNAUD de passer en Angleterre et de poursuivre la lutte depuis l'empire...

Mais là je m'égare :roll:



Merci Daniel pour cette analyse, que je partage aussi. ::Merci::

Pour tenter un truc aussi dingue, il nous aurait fallu en plus un Churchill aux commandes ! :?

Amicalement :cheers:
Bernard

Re: Le réduit breton ?

Nouveau messagePosté: 21 Avr 2017, 22:21
de pierma
Je crois que De Gaulle a proposé cette idée avec l'arrière-pensée qu'elle contraindrait ensuite le gouvernement à passer en Angleterre.

Il connaissait assez la situation pour savoir que militairement ça ne tiendrait pas.

Re: Le réduit breton ?

Nouveau messagePosté: 22 Avr 2017, 11:09
de Dog Red
pierma a écrit:Je crois que De Gaulle a proposé cette idée avec l'arrière-pensée qu'elle contraindrait ensuite le gouvernement à passer en Angleterre.


Je n'en sais rien, connaissant fort mal le sujet dans ses détails. Il me semble qu'à l'époque deux factions s'opposent : ceux qui veulent continuer la lutte et ceux qui veulent une paix négociée pour diverses raisons.

L'idée du réduit breton, utopique soit-elle, tient de la première mais c'est la seconde qui l'emporte avec la suite que l'on sait.

Re: Le réduit breton ?

Nouveau messagePosté: 22 Avr 2017, 13:58
de thucydide
Au fond c'est plus un choix politique, retarder la venue au pouvoir d'un régime collaborateur puis sauver le gouvernement légal par la mer, via la Bretagne et continuer la guerre avec nos colonies et territoires d'outre mer qui seraient restés fidèles au gouvernement même en Bretagne mais aussi c'est rallier un rouage important de la France sa flotte, celle de Toulon, aurait pu appareiller pour la Tunisie.
C'est donc gagner du temps pour sauver les meubles et reprendre le combat.
C'est ce que fera de Gaule petit à petit et avec beaucoup moins de moyens c'est à dire rallier avoir un appui politique et une légitimité grâce à la résistance, incarner une continuité politique, puis des départements d'outre mer redevenir un gouvernement légal à Alger. Puis réinstaller un gouvernement légitime à Paris.

Re: Le réduit breton ?

Nouveau messagePosté: 22 Avr 2017, 14:10
de Christian27
Par cette lecture j'ai voulu essayer de comprendre si cette défaite était inéluctable à ce moment précis. Il n'y a pas vraiment de réponse, un Churchill eut-il fait mieux ? On se demande tout de même, lorsque les Britanniques ont déclaré la guerre, s'ils se rendaient compte que eux ils avaient une "ligne maginot" aquatique qui ne leur a rien coûté et d'une efficacité incomparable...

J'ai aussi appris ces tentatives d'alliances avec l'URSS. En fait il y eut deux courants qui se neutralisaient: l'un pour l'Allemagne contre l'URSS et l'autre le contraire. Ce n'est pas Annie-Lacroix Riz qui me contredira.

Et puis il y eut des visionnaire comme Aristide Briand
"Comme tous les Français, j'avais participé à la liesse populaire, tout au long de cette journée inoubliable du 11 novembre 1918. Toutefois, en même temps, je n'avais pas non plus cessé d'être le siège d'un sourd malaise. Pourquoi donc ce cœur gros ? Je ne me complais pas, de façon générale, en délectations moroses. Mais en regardant levés vers moi, au Palais-Bourbon, ces visages hilares, excités, enthousiastes, je pensais étrangement : " S'ils savaient... "
S'ils savaient quoi ? C'était encore confus dans ma pensée. Savaient que rien n'était fini. Que l'arrêt des combats n'était encore qu'une trêve, qu'un entracte. Que c'était loin encore d'être la paix. Que celle-ci dépendrait, pour s'établir et se consolider, de la façon dont on allait s'y prendre maintenant avec l'Allemagne. Or ce que je voyais poindre, en cette journée de fièvre ce n'était pas une politique de paix. Ce que je voyais éclater, dans cette foule en délire, c'était l'ivresse sans doute de la délivrance, mais plus encore une ivresse de vengeance. Vae victis ! On va leur faire voir, aux Boches ! Sous la pression de cet appel, le vaincu serait mis à terre, sous le talon. Outre ses armes on lui arracherait ses biens, ses territoires, sa propre peau. Or quelle nation – à moins d'être réduite en cendres - supporterait ce traitement à la longue ? Laquelle ne finirait par se jeter dans la révolte ?"
Vercors "Moi Aristide Briand"


Le problème fut la réponse. Ce qui a manifestement échappé, et ce dont on rechigne encore aujourd'hui d'en parler, c'est qu'en fait les deux larrons se sont fichtrement bien entendus pour monter les deux plus puissantes armées à la barbe du monde occidental. Avant de les tester (les armées) l'un contre l'autre. Il me semble que si l'on avait vraiment été conscient de ce fait, les choses se seraient passées autrement. Ah ces si en histoire...quelle plaie !

Re: Le réduit breton ?

Nouveau messagePosté: 22 Avr 2017, 15:09
de Alfred
Le problème pour la paix en 1919 n'était pas tant les frontières à l'Ouest,ni même la question des" réparations" négociables
la question véritable était la frontière allemande à l'Est.Même la république de Weimar ne les reconnaissait pas.Il y avait fort à parier que même sans Hitler un conflit pouvait éclater.L'arrangement de l'Europe centrale était acceptable par trop peu de monde.....pour ne pas dire personne.......

Re: Le réduit breton ?

Nouveau messagePosté: 22 Avr 2017, 17:18
de pierma
C'était l'analyse qu'en faisait Bainville.

Re: Le réduit breton ?

Nouveau messagePosté: 22 Avr 2017, 18:23
de Christian27
Mais c'était bien cela le premier problème, un découpage de pays complètement absurde. On dessine des frontières, un coin de terre, on y fourre toutes les ethnies possibles, et hop débrouillez-vous. Je pense essentiellement à la Tchécoslovaquie, totalement désunie lors de l'attaque allemande.
Un pays, une nation, ça se construit lentement et cela demande des années, voire des siècles.

Donc oui, les revendications allemandes étaient acceptables. Hélas le nazisme est venu se greffer par dessus, avec le pire.