Durant la drôle de guerre, mon père était incorporé dans une unité de chasseurs ardennais stationnée sur les hauteurs à 5 km au sud de Namur.
Le 10 mai 1940 le trouva à cette position. Au Nord de celle-ci, les 10 divisions de la 1ère Armée française étaient déployées entre Namur et Wavre. Au sud, entre Namur et Mézières, se trouvaient les 9 divisions de la 9ème Armée française de Corap. Ces 9 divisions étaient retranchées derrière la Meuse.
Le 10 mai, mon père avait touché sa dotation de munitions : 8 cartouches pour son fusil lebel.
Le 14 mai, les allemands enfonçaient le front français à Sedan et des éléments de la 7ème panzer de Rommel franchissaient la Meuse à Dinant.
Du coup, tout le front sud s'écroula.
Sans plus aucune protection française, l'unité de mon père dut se replier sur l'Escaut. Il avait encore ses 8 cartouches.
Les allemands ayant enfoncé le front nord, Anglais et Français se replièrent, laissant l'armée belge seule face 4 corps d'armée allemands.
L'unité de mon père dut à nouveau se replier sur la Lys. Elle ne l'atteindra jamais car encerclée, elle dut se rendre. Mon père remis son fusil et ses 8 cartouches. Le 28 mai, la Belgique capitulait.
Mon père fut emmené avec des dizaines de milliers de soldats belges en Allemagne. Il travailla dans une ferme à une vingtaine de km de Torgau.
Il est rentré en Belgique le 12 juin 1945.