Post Numéro: 4 de CHEVALIER 24 Déc 2014, 17:48
Bien le bonsoir,
Les ponts de la Meuse en amont de Namur ont bien sauté devant les Allemands, à une exception sans grand impact près (Charleville effectivement).
Je suppose que vos aïeux ont évacué le 10 mai 1940 (de leur propre volonté, sinon de force). Et effectivement, aucun au sud de Namur n'avait alors bougé. C'est tout d'abord pour faire passer la cavalerie. Dans le cadre des hypothèses Dyle et Escaut (et c'est Dyle qui sera choisie le 10 au matin) la cavalerie des 9e, 2e et 3e armées doit mener une action retardatrice dans les Ardennes belges et au Luxembourg. On parle bien de cavalerie et non d'unité de forteresse qui n'ont qu'une mobilité toute relative, seuls quelques bataillons de la 2e armée iront prêter main forte pour recueillir la cavalerie, par exemple sur la Semois. La mission de la cavalerie est de ralentir la progression allemande dans cette région en effectuant destructions, combats retardateurs et déterminer son axe d'effort, et illusoirement de prêter main forte aux Belges qui ne se seraient pas encore repliés. Quelques beaux sacrifices n'y feront rien, elle n'y parviendra pas. Elle repasse alors la Meuse dans la journée du 12. Derrière elle, les ponts sautent bel et bien, fut-ce tardivement sous les roues des Allemands (Yvoir). Tous, sauf celui de Charleville-Mézières. Parce que les Français tiennent ici la rive droite avec une tête de pont.
Cette tête de pont fortifiée tient une poussée secondaire des Allemands en échec mais le danger est alors ailleurs puisque depuis le 13 les Allemands foulent de leurs bottes la rive gauche à Sedan et Monthermé et le 15 c'est l'effondrement complet de la défense française sur la Meuse, la tête de pont doit être évacuée sous peine d'encerclement. Mais le pont ne saute pas. Je ne me rappelle plus de la cause exacte mais si vous le désirez je dois pouvoir le retrouve dans le Corridor des Panzers de Jean-Yves Mary qui me sert de référence sur le sujet. Selon cet auteur, l'impact de ce pont intact est faible. Comme dit plus haut, les Allemands ont alors mis en service plusieurs ponts de bateaux : dès la nuit du 13 au 14 le fameux pont du Gaulier (Sedan) est ouvert à la circulation, par la suite d'autres seront opérationnels à Wadelaincourt, Monthermé, Nouzonville…
Bref : un seul pont n'a pas sauté et ce n'est pas ce pont qui a permis aux Allemands de traverser aussi facilement la Meuse au sud de Namur.
Les Allemands se doutaient de ce cas de figure vu que les Français avaient tout loisir de préparer la destruction des ouvrages pendant la drôle de guerre et les quelques jours que prendraient la traversée de l'Ardenne par les Allemands empêcheraient toute surprise, au contraire du nord de Liège où la Meuse et le canal Albert pouvaient être pris d'assaut dès le premier jour et donc espérer y saisir les ponts. Ainsi certains observateurs français ont constaté la présence de matériel de pontage dans la tête des colonnes allemandes qui fonçaient à travers l'Ardenne…
Par contre, les ponts de l'Oise sont pris intacts par les Allemands tellement le chaos est grand dans les jours qui suivent la percée de Sedan. Il en va de même pour ceux de la Somme.
Cordialement et en vous souhaitant de bonnes fêtes et une réussite dans la poursuite de vos recherches,