Post Numéro: 7 de CHEVALIER 17 Sep 2013, 00:01
Je suis en train de lire Dunkerque : 1940 de Jean Beaux (lui même était agent de liaison auprès de la Marine à Dunkerque ou un truc comme ça, plutôt que de le dire au début de son livre il le dit au milieu alors pas facile de retrouver !).
Il dit que les belges ont très bien accueillis les Français de la 7e armée, mais il dit aussi que c'est après avoir demandé "Français ou Anglais ?", concluant que "on a l'impression que l'accueil aurait été différent dans l'autre cas" (mais il s'agit la de la population, pas du haut commandement). Ailleurs dans son livre il parle d'incidents ayant eu lieu entre Britanniques et Belges à la frontière pendant la Drôle de guerre, que les Britanniques n'avaient pas beaucoup de respect (à prendre avec un peu de recul cependant, c'est sans doute du rapporté de témoignages de etc.).
Au moment de la capitulation belge, il explique que les Belges ne veulent plus voir les Français, déçus qu'ils n'aient pas sur les défendre, déçus de leurs déficiences sur le plan aérien et des chars, ils ne veulent plus les voir pour que la guerre et surtout les bombardiers quittent leur pays.
Dans son livre il dit que la défense du secteur de Dunkerque était sous le commandement de l'amiral Abrial, avec en dessous le général Falagade (16e CA), par ordre de Weygand. Ce commandement ne dépendait pas du GA1, et toutes les unités qui passaient dans ce secteur passaient sous le commandement de Brial, lorsque les unités du GA1 sont passés dans ce secteur le GA1 passait la main.
Tout ça pour dire que Blanchard n'a pas du commander longtemps, quelques jours à peine, et que son impact a du être limité... Du reste, que pouvait-il faire qui aurait pu changer fondamentalement la situation ? Le principal pour la suite de la guerre n'est-il pas que le BEF ait été évacué ?
Qui d'autre que Blanchard ? Et bien si Weygand tenait véritablement à appliquer son plan d'attaque nord-sud il devait ne pas avoir beaucoup le choix : soit Blanchard, soit Gort, les deux seuls qui devaient avoir une idée de la situation au sud de la poche et à même d'espérer réaliser une attaque rapidement. Qui aurait-on pu envisager d'autre ? Dill ? Aurait-il pu rapidement prendre le commandement ? Un général de corps d'armée comme Prioux ou Altmayer ?
Et puis comme dynamo le pense, est ce que les Britanniques auraient accepté de nommer l'un des leurs ? Gort, sûrement pas je pense car il était conscient du désastre qui se préparait et voulait sauver son armée, de là s'il avait été chef du GA1 comment aurait-il pu donner l'ordre à ses hommes d'évacuer tout en donnant celui de résister à ses alliés ? Je ne sais pas si Dill était au courant de l'étendue et surtout l'imminence du désastre qui se jouait, peut-être aurait-il accepté par ignorance ? Mais Gort n'aurait-il pas tout fait pour l'avertir et l'en dissuader ?
Je reviens sur les possibilités qui restaient au chef du GA1 : on sait qu'à cette date une contre-attaque vers le sud est vouée à l'échec. Au moins dans l'immédiat, car on pourrait éventuellement imaginer tenir une tête de pont autour de Dunkerque (c'est ce qui est envisagé un temps). Est-ce une bonne idée ? Un front au nord subsisterait et pourrait gêner la suite des opérations allemandes car ce front pourrait être ravitaillé depuis la GB. Mais il faut avoir assez de troupes pour la tenir. On oublie les Belges qui sont à bout, reste le BEF et la 1re armée. Il aurait fallu tout de suite oublier cette idée de contre-offensive et entamer un repli, plutôt que de tenir aussi longtemps le fond de la poche et se faire encercler autour de Lille. Il aurait fallu un chef assez couillu pour prendre la décision rapidement en dépit de la volonté affichée de Weygand de mener une contre offensive, Gort aurait pu faire l'affaire peut-être, ayant conscience que la contre-offensive du sud ne viendrait pas immédiatement ? Mais croyait-il en la possibilité de tenir une tête de pont... La décision de replier la 1re armée sur la Lys est prise le 26 après une rencontre entre Gort, Blanchard et Prioux.