Je veux parler du coup d'arrêt de Denneville dans le département de la Manche par une poignée de courageux marins, le 13 juin 1940 à midi, à Pont d'Ouilly (Calvados) alors que je n'étais que maréchal des logis-chef faisant fonction d'adjudant et que les officiers de ma batterie de 75 avaient disparu emmenant avec eux la réserve d'essence, le sous-chef mécanicien et la traction avant, je me suis trouvé être le gradé le plus élevé de la 253eme batterie du 406eme régiment d'artillerie anti-aérienne.
J''ai donc pris à midi le commandement de cette batterie qui comptait déjà plus de cent déserteurs et, enfin on a pu se battre. J'ai ouvert le feu à vue sur les colonnes blindées, j'ai pu décrocher à 14 heures emmenant mes blessés et remis en batterie à Saint Denis de Méré (près de Condé-sur-Noireau). J'ai à nouveau ouvert le feu sur la colonne allemande qui n'a pas riposté. Son chef, le major von Kleggeman (ce n'est sans doute pas la bonne orthographe) est venu en parlementaire arrêtant ses blindés à 200m. Le général Chardon du Rauquet, alors colonel, s'était joint à moi et signe avec l'allemand un armistice local dans les conditions que nous avions imposées. Nous nous sommes repliés avec notre armement.
J'ai été décoré de la médaille militaire avec croix de guerre. Toute la presse régionale a commenté en 1942 sous la censure allemande cet événement. J'ai été appelé à la kommandantur à Caen et j'y ai reçu les félicitations du commandant allemand.
(source inconnue)