Francis Deleu a écrit:Prosper Vandenbroucke a écrit: D'autre ont été forcés de le faire. (témoignage de ma belle mère hélas décédée)
Que faut-il en penser?
Amicalement
Prosper
Bonjour Prosper,
Je suis heureux de te l'entendre dire ! On me regarde d'un œil torse lorsque je raconte que toute ma famille (nombreuse) tant du côté paternel que maternel - résidant en Brabant flamand, au Sud de Bruxelles (comme ta belle-mère) - est
unanime pour affirmer qu'elle fut contrainte et forcée à l'exode... "évacuation" disait-elle, sur ordre des autorités militaires (britanniques ou françaises). On peut imaginer le désarroi de ces femmes seules, mères d'enfants en bas-âge, abandonnant leur foyer, avec de maigres moyens de subsistance, pour la plupart sans la moindre nouvelle du mari mobilisé, entraînées malgré elles sur des routes improbables, vers des destinations inconnues... à pieds bien sûr, poussant le landau des plus jeunes et traînant les aînés par le bras. Exode ou évacuation forcée? Combien furent-elles à se retrouver dans le flot de réfugiés par "nécessité militaire". Toutes disent également qu'elles furent prises en otages comme boucliers humains, mêlées aux soldats en déroute.
Je songe bien sûr aussi à ma mère dont je devine le désarroi. Alors qu'elle n'avait jamais "voyagé" plus loin que Bruxelles, sans ressources financières, sans nouvelles de son mari (mon père) mobilisé, avec son jeune fils d'un an et demi... Épuisée, elle n'ira pas plus loin que la frontière française.
Alors, exode ou évacuation forcée ?
Bien cordialement,
Francis.
Bonjour Francis,
En ce qui concerne feu ma belle mère il s'agissait bien d'un évacuation forcée.
En effet, ma belle mère âgée à l'époque de 17 ans, sa soeur (19 ans), leur père et leur maman (déjà gravement malade) furent contraint à l'exode par un ordre militaire reçu de la part d'un commandant d'une unité française.
Cette unité se trouvait dans la région en vue de la défense du canal Bruxelles-Charleroi à hauteur de Ronquières (Région de Braine le Comte)
La famille n'arriva pas en France, mais fut bloquée dans les environs de Courtrai lors de la Bataille de la Lys.
C'est d'ailleurs près de Courtrai, après avoir passé la Lys sur un pont de fortune, que la maman rendit son dernier souffle.
Ma belle mère, sa soeur et leur père rejoignirent par après la ferme familiale.
Sans l'ordre formel et militaire, jamais la famille n'aurait quitté la ferme. Heureusement, et bien que pratiquement sans le sous, la famille retrouva la ferme pratiquement intacte grâce au dévouement d'un oncle qui avait refusé d'obéir et était resté sur place.
Ce n'était donc pas toujours de leur plein gré que les gens prenaient le chemin de l'exode.
Amicalement
Prosper