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Re: Mai-Juin 1940, l'exode

Nouveau messagePosté: 27 Nov 2012, 17:58
de Alfred
Les Allemands semblent bien avoir sciemment mitraillé ou bien bombardé certaines colonnes de réfugiés pour les faire refluer vers les itinéraires réservés à l'armée pour créer désordre et confusion....Je crois avoir d'ailleurs lu quelque chose dans "Mein Kampft' au sujet du désordre et de la confusion qu'il convenait de semer sur les arrières de l'ennemi......

Re: Mai-Juin 1940, l'exode

Nouveau messagePosté: 27 Nov 2012, 18:39
de Prosper Vandenbroucke
Francis Deleu a écrit:
Prosper Vandenbroucke a écrit:
D'autre ont été forcés de le faire. (témoignage de ma belle mère hélas décédée)
Que faut-il en penser?
Amicalement
Prosper ;)
Bonjour Prosper,

Je suis heureux de te l'entendre dire ! On me regarde d'un œil torse lorsque je raconte que toute ma famille (nombreuse) tant du côté paternel que maternel - résidant en Brabant flamand, au Sud de Bruxelles (comme ta belle-mère) - est unanime pour affirmer qu'elle fut contrainte et forcée à l'exode... "évacuation" disait-elle, sur ordre des autorités militaires (britanniques ou françaises). On peut imaginer le désarroi de ces femmes seules, mères d'enfants en bas-âge, abandonnant leur foyer, avec de maigres moyens de subsistance, pour la plupart sans la moindre nouvelle du mari mobilisé, entraînées malgré elles sur des routes improbables, vers des destinations inconnues... à pieds bien sûr, poussant le landau des plus jeunes et traînant les aînés par le bras. Exode ou évacuation forcée? Combien furent-elles à se retrouver dans le flot de réfugiés par "nécessité militaire". Toutes disent également qu'elles furent prises en otages comme boucliers humains, mêlées aux soldats en déroute.

Je songe bien sûr aussi à ma mère dont je devine le désarroi. Alors qu'elle n'avait jamais "voyagé" plus loin que Bruxelles, sans ressources financières, sans nouvelles de son mari (mon père) mobilisé, avec son jeune fils d'un an et demi... Épuisée, elle n'ira pas plus loin que la frontière française.
Alors, exode ou évacuation forcée ?

Bien cordialement,
Francis.


Bonjour Francis,
En ce qui concerne feu ma belle mère il s'agissait bien d'un évacuation forcée.
En effet, ma belle mère âgée à l'époque de 17 ans, sa soeur (19 ans), leur père et leur maman (déjà gravement malade) furent contraint à l'exode par un ordre militaire reçu de la part d'un commandant d'une unité française.
Cette unité se trouvait dans la région en vue de la défense du canal Bruxelles-Charleroi à hauteur de Ronquières (Région de Braine le Comte)
La famille n'arriva pas en France, mais fut bloquée dans les environs de Courtrai lors de la Bataille de la Lys.
C'est d'ailleurs près de Courtrai, après avoir passé la Lys sur un pont de fortune, que la maman rendit son dernier souffle.
Ma belle mère, sa soeur et leur père rejoignirent par après la ferme familiale.
Sans l'ordre formel et militaire, jamais la famille n'aurait quitté la ferme. Heureusement, et bien que pratiquement sans le sous, la famille retrouva la ferme pratiquement intacte grâce au dévouement d'un oncle qui avait refusé d'obéir et était resté sur place.
Ce n'était donc pas toujours de leur plein gré que les gens prenaient le chemin de l'exode.
Amicalement
Prosper ;)

Re: Mai-Juin 1940, l'exode

Nouveau messagePosté: 27 Nov 2012, 22:20
de norodom
Bonsoir Prosper,

Je reprends deux de vos citations:

<< Pour quels motifs ces civils ( Français, Belges, Hollandais ......) se sont-ils trouvés sur les routes durant les mois de mai et juin 1940 >>

Votre question concerne l'ensemble des civils sur les routes de l'exode.
C'est donc en tenant compte de cela que j'ai donné ma réponse, sans établir d'exception sur la situation particulière des Belges qui ont été les premiers concernés.

La seconde:

<< Ce n'était donc pas toujours de leur plein gré que les gens prenaient le chemin de l'exode.>>

Cela est une évidence, mais il faut avoir deux choses à l'esprit....
La situation était différente suivant que les personnes menacées vivaient en milieu rural ou dans les villes.
Dans les villages, c'étaient les autorités omniprésentes dès le début, qui évaluaient le danger et intervenaient en conséquence vis à vis des personnes qui leur paraissaient menacées.
Et probablement que beaucoup d'entre-elles ont eu la vie sauve grâce à ces ordres d'évacuation.

Le cas de votre famille qui ne désirait pas quitter la ferme, ne ressort pas d'une généralité.
La peur des personnes habitant une demeure villageoise à l'écart des zones les plus dangereuses n'était pas comparable à celle de celles qui voyaient leur quartier flamber.

Concernant la situation des autorités qui ont eu à intervenir vis à vis des civils menacés...
En milieu rural, les gendarmeries, du moins au début, gardaient une liberté d'évaluation des dangers et pouvaient prévenir.
Dans les villes, à fortiori celles qui subissaient des bombardements, c'était une situation de panique... les lignes téléphoniques étaient souvent coupées.. les services de secours étaient dépassés ou inexistants. Ceux qui avaient des missions particulières de "défense passive" étaient concentrés sur des problèmes très éloignés du contrôle du flot des partants sur le chemin de l'exode.

Voilà Prosper, un résumé de ce que je pense sur ce que fut cette situation tragique.

Amicalement,
Roger

Re: Mai-Juin 1940, l'exode

Nouveau messagePosté: 27 Nov 2012, 22:26
de Prosper Vandenbroucke
Grand merci Roger. Ton analyse est parfaite.
J'espère que de nombreux membres viendront encore donner des avis éclairés.
Amicalement
Prosper ;)

Re: Mai-Juin 1940, l'exode

Nouveau messagePosté: 28 Nov 2012, 21:29
de Prosper Vandenbroucke
Norodom a écrit:<<Ce n'était donc pas toujours de leur plein gré que les gens prenaient le chemin de l'exode.>>

Cela est une évidence, mais il faut avoir deux choses à l'esprit....
La situation était différente suivant que les personnes menacées vivaient en milieu rural ou dans les villes.
Dans les villages, c'étaient les autorités omniprésentes dès le début, qui évaluaient le danger et intervenaient en conséquence vis à vis des personnes qui leur paraissaient menacées.
Et probablement que beaucoup d'entre-elles ont eu la vie sauve grâce à ces ordres d'évacuation.

Le cas de votre famille qui ne désirait pas quitter la ferme, ne ressort pas d'une généralité.

Bonjour Roger,
Bien entendu qu'il ne faut pas généraliser et l'exode fut avant tout un acte qui fut motivé par la peur des exactions commises par les "Teutons" lors de la Première Guerre mondiale, mais ce ne fut pas toujours un départ spontané. Cependant je reste conscient que dans certains cas, l'ordre d'évacuation fut salutaire pour certains. Pas pour tout le monde cependant.
Amicalement
Prosper ;)

Re: Mai-Juin 1940, l'exode

Nouveau messagePosté: 06 Déc 2012, 00:50
de fbonnus
Il est à préciser, bien souvent, que les habitants ont été vivement invités à partir, et que l'effet de masse agissant, tout le monde ou presque s'est lancé sur les routes, avec des conséquences, souvent, désastreuses, bien pire que si les gens étaient restés chez eux et avaient pris des dispositions pour se protéger ...

A vous lire

Re: Mai-Juin 1940, l'exode

Nouveau messagePosté: 06 Déc 2012, 01:12
de Theo
Nous étions au Havre et ma mère après avoir subie l'arrivée des Allemands (Polis à ce moment là) a préféré rester . Il y avait la RAF et après la DCA Allemande , le manque de nourriture depuis pratiquement le début de la guerre qui s'est accentué . Elle a donc attendu que la drôle de guerre se termine à leur chagrin à tous les deux (courriers) et elle est partie avec ses trois filles d'abord à Rouen et à Paris pour rejoindre de la famille à Saint Denis . Là , au moins , on crevait de faim mais on dormait . Le Havre fut terrible ..... Bien amicalement
à tous .théo

Re: Mai-Juin 1940, l'exode

Nouveau messagePosté: 06 Déc 2012, 01:19
de Theo
Pour ceux qu'ils ne le savent pas Le Havre a été envahi le 13 juin 40 au matin. Nous ne sommes parties que le 30 Octobre 40.
Fin Mai, mon père écrivait on les aura et le jour de ma fête je chanterai la marseillaise. Je pense qu'à l'époque st Henri était le 14 Juillet ...
Bonsoir théo

Re: Mai-Juin 1940, l'exode

Nouveau messagePosté: 06 Déc 2012, 16:26
de umesemanini
Bonjour,

Selon Miquel, je crois, c'était le but même des bombardements allemands et on pourrait le retracer p.ex. pour Sédan: Ils bombardaient pour semer la terreur précisément là ou cela encombrerait les renforts à monter au front.

Après un facteur important était la désinformation; la censure a occulté la vérité sur la situation à l'est. Le prix pour quelques jours de calme était la méfiance totale.

Toujours mentionné la fuite précipitée et silencieuse des "hauts". Symbole du désastre: la fumée des classeurs brulés devant le Quai d'Orsay.

Aussi l'espoir, d'être à l'abri de l'invasion de l'autre côté de la Loire..

Re: Mai-Juin 1940, l'exode

Nouveau messagePosté: 10 Déc 2012, 15:48
de fbonnus
Une question me vient à l'esprit, il semblerait que certains aient encouragé l'Exode des populations, et si l'on peux comprendre le grand mouvement d'exode vers la "zone libre" dès la signature de la défaite avec les Allemands, il semblerait que le début de ces mouvements de populations soient bien antérieurs . Qu'en est-il ?