Forum Le Monde en Guerre

Bonsoir à toutes et tous,
Ayant acquit dernièrement deux ouvrages constitués de récits de civils belges relatant leur exode, j'aimerais connaitre vos avis à ce sujet.
Pour quels motifs ces civils ( Français, Belges, Hollandais ......) se sont-ils trouvés sur les routes durant les mois de mai et juin 1940.
Je ne parle pas de l'évacuation des Alsaciens, Lorrains ou autres Mosellans, mais bien de l'exode des populations civiles lors de l'invasion et face à l'avance allemande.
C'est exode vous semble-t-il justifié? Les gouvernements de l'époque, n'ont-ils pas faillies à leur tâches?
Toutes ces personnes jetés sur les routes finirent par désorganiser le mouvement des troupes, mais aussi, tous ces gens - ou presque - finirent par se retrouver dans les zones de combats.
Certains sont partis de leur propre gré.
D'autre ont été forcés de le faire. (témoignage de ma belle mère hélas décédée)
Que faut-il en penser?
Amicalement
Prosper

Peut-être que ceux qui ont connu la guerre précèdente (en Picardie par exemple) ne voulaient pas revivre les mêmes évènements: bombardements, prises d'otages, pillages etc

Ah...........bien entendu, les souvenirs malheureux de la "Grande Guerre" était encore en mémoire de beaucoup, mais je ne pense pas que ce soit la seule raison.
J'attends vos avis et/ou récits succincts.
Amicalement
Prosper

Bonjour,

Est-ce que le fait de risquer de se faire trucider n'est pas une raison suffisante pour fuir des zones de combat??

Comme le suggère Mat, en ce qui concerne le Nord, en tous cas, les souvenirs de 14-18 sont certainement un élément déclecheur de l'exode massif! La déconfiture de l'armée et les replis successifs du gouvernement français vers le sud ne faisant rien pour apaiser les craintes des populations civiles...

Prosper Vandenbroucke a écrit:
D'autre ont été forcés de le faire. (témoignage de ma belle mère hélas décédée)
Que faut-il en penser?
Amicalement
Prosper

Bonjour Prosper,

Je suis heureux de te l'entendre dire ! On me regarde d'un œil torse lorsque je raconte que toute ma famille (nombreuse) tant du côté paternel que maternel - résidant en Brabant flamand, au Sud de Bruxelles (comme ta belle-mère) - est unanime pour affirmer qu'elle fut contrainte et forcée à l'exode... "évacuation" disait-elle, sur ordre des autorités militaires (britanniques ou françaises). On peut imaginer le désarroi de ces femmes seules, mères d'enfants en bas-âge, abandonnant leur foyer, avec de maigres moyens de subsistance, pour la plupart sans la moindre nouvelle du mari mobilisé, entraînées malgré elles sur des routes improbables, vers des destinations inconnues... à pieds bien sûr, poussant le landau des plus jeunes et traînant les aînés par le bras. Exode ou évacuation forcée? Combien furent-elles à se retrouver dans le flot de réfugiés par "nécessité militaire". Toutes disent également qu'elles furent prises en otages comme boucliers humains, mêlées aux soldats en déroute.

Je songe bien sûr aussi à ma mère dont je devine le désarroi. Alors qu'elle n'avait jamais "voyagé" plus loin que Bruxelles, sans ressources financières, sans nouvelles de son mari (mon père) mobilisé, avec son jeune fils d'un an et demi... Épuisée, elle n'ira pas plus loin que la frontière française.
Alors, exode ou évacuation forcée ?

Bien cordialement,
Francis.

Bonjour,

Peu de choses à ajouter à ce qu'a écrit Francis...
Sinon que le tableau n'a pas de limites dans son côté tragique !

J'avais 12 ans, lorsque dans mon village de la Haute-Garonne, apparurent les premiers réfugiés et plus particulièrement des Belges.
Les récits du calvaire qu'ils ont connu durant l'exode, dépasse tout ce que ceux qui n'ont pas vécu cette triste époque, peuvent imaginer... le dénuement, la faim, la traque, les mitraillages sur l'ensemble du parcours !
Ceux qui avaient prévu une destination, et qui eurent la chance d'échapper au pire, ne parvinrent pas toujours où ils auraient souhaité, mais dans la grande majorité des cas ils furent bien accueillis et bien soutenus.

Pourquoi sont-ils partis ?
En premier lieu, la peur !... cette peur qui inspirée par la réapparition du spectre de 1914-1918, entre autres la peur des gaz. La peur aggravée par le bruit des bombes et le feu qui souvent les entourait. La peur de l'inconnu de leur destin particulièrement aggravée par la présence des enfants. Quoi y a t-il a ajouter à cette vision d'apocalypse ?
A t-on fait le bilan du sort tragique de ceux qui sont restés sur place ?

Amicalement,
Roger

On ne peut laisser une population civile au milieu d'une zone que l'on pense destinée à être le cadre de féroces combats,les victimes risquant de se compter par milliers avec les moyens de destruction modernes.La peur,bien compréhensible, quand on connaît le calvaire subi par les populations occupées en 1914/18.amendes;otages;fusillades,déportation,famine..........

Sans compter les actualités cinématographiques de l’époque :

- guerre d'Espagne avec ses premiers bombardements ciblant les civils ( Guernica etant l'exemple le plus connu ).
- guerre sino Japonais avec les exactions de Nankin et les 3 millions de civils sur les routes chinoises.
- plus proche la Pologne avec Varsovie en flammes.


Le civil n’était plus à l'abri : le civil est devenu une cible. J'aurai fait pareil.

Et puis l'Exode de ces populations a été entretenue par les allemands , pour que les axes de progression des civils rencontrent ceux empruntés par l'armée. Belle pagaille en perspective sur les routes.

Bonjour,

Au delà de la donnée purement psychologique, du trauma de l'exode et la volonté de fuir l'ennemi pour les population civiles vous oubliez une donnée essentielle et ô combien administrative : il était prévu que les départements les plus exposés prennent la route vers des départements définis eux-mêmes à l'avance. Dès 1936 la question se pose, en réminiscence des exodes de 1914-1918, elle est planifiée en 1940 et mise en application en mai, mais dans la débâcle tout ne se passe pas toujours comme sur le papier...



Amicalement