Ce n'est pas Saumur mais presque... Touzet du Vigier et les troupes qu'il lui reste défendent également la Loire, un peu plus loin, à Candes-Saint-Martin, en liaison avec leurs voisins cadets de Saumur et EOR de Saint-Maixent. Un petit bout de mon mémoire pour illustrer...
De la défense de la Loire au repli vers le Sud Tandis que les éléments désarmés qu’il reste de la 3ème DLM s’acheminent vers la région de Saumur, le lieutenant-colonel Du Vigier devance ses hommes et se rend à la 9ème Région de Tours où il apprend que les Allemands marchent sur la Loire et qu’il incombe à cette même région d’en assurer la défense avec les moyens dont elle dispose, ainsi que les unités descendant de Paris.
Le commandement envisage alors d’évacuer encore plus loin la 5ème BLM mais : « Le Lieutenant-colonel Du Vigier revendique comme une faveur de participer à la défense de la Loire, qui se présente comme très légère » . Avec deux capitaines, il se met donc en quête de matériel et d’armements. Le général Pichon, adjoint au commandant la 9e Région, lui donne son autorisation pour prendre tout ce que pourrait fournir le camp de Ruchard, à l’est de Chinon, tant en armements qu’en véhicules, pour être en état de défendre la Loire, de Montsoreau à Tours.
Le 16 juin , même si cela est défendu, les camps relevant du ministère, du Vigier prend possession d’armes et de véhicules destinés à des bataillons de chasseurs de DCR. Racontant lui-même l’épisode plus tard : « je donne ma signature, en décharge, sur une feuille de mon carnet multicopies, au commandant du camp ébahi ! J’ai les moyens non seulement de me battre, mais aussi de manœuvrer » et l’on sait combien cette donnée est importante aux yeux du cavalier qu’il est… Les moyens dont il dispose désormais augmentent la capacité de combat de sa brigade : un PC, 3 escadrons de 3 pelotons portés issus du 1er Cuirassiers, idem pour le 2ème Cuirassiers, 3 patrouilles sur voitures légères de réquisition et motos pour le 12ème Cuirassiers ainsi que des renforcements disparates : un demi-escadron porté du 11ème RDP, une compagnie d’EOR (Elèves Officiers de Réserve) de St-Maixent, une section d’EOR de l’Ecole d’artillerie de Poitiers avec deux 75 mm, un détachement de groupe franc motorisé, deux groupes de tirailleurs provenant des Dépôts, 2 chars FT non armés et un groupe d’automitrailleuses White sans tourelles récupérées des stocks espagnols.
Cet ensemble pour le moins hétéroclite a cependant un moral fort et est déterminé à reprendre la lutte. Du Vigier va s’appliquer à en faire une unité forte. Ne perdant pas de vue les principes même du combat motorisé tel qu’il l’a enseigné, des découvertes sont envoyées au nord de la Loire , vers Châteaudun, ainsi que vers Blois, pour prendre le contact avec l’ennemi mais également avec la 2ème DLM, qui va défendre Tours . Sa BLM va devoir tenir quarante kilomètres de fleuve de Tours à Candes-Saint-Martin, assurant la liaison à l’ouest également, avec les « cadets » défenseurs de Saumur. Ayant réuni ses officiers, du Vigier prépare son plan de bataille, répartissant ses unités et s’assurant de la tenue des ponts afin de les faire sauter. Ils observent tous alors : « la maîtrise toute courtoise et la clairvoyance souriante de ce chef à qui est confiée une si lourde tâche » .
Des éléments sont gardés en réserve dans la région d’Azay-le-Rideau. « Le 18 au soir, les ponts sautent devant les premiers éléments allemands, sauf à Port-Boulet où la destruction, en l’absence de spécialistes du Génie, été mal préparée. C’est là que, le 19 et le 20, vont avoir lieu des combats acharnés […] » Les élèves de Saint-Maixent et leurs officiers font preuve d’un courage exemplaire, plaçant des mines sous le feu de l’ennemi… Le 20, les Allemands ont franchi la Loire, dans le secteur de l’Ecole de Cavalerie. A midi les Allemands sont à Tours où le général Bougrain fait sauter les ponts contrairement à l’ordre donné par le gouvernement de déclarer ville ouverte les communes de plus de 20 000 habitants. Du Vigier et ses hommes tiennent toujours pour couvrir le retrait de l’Armée de Paris et de la 2ème DLM.
Mais la Loire comme dernière ligne de défense est belle et bien perdue. L’ordre est donné de décrocher dans la nuit, la menace allemande commençant à se sentir sur les flancs. L’opération se passe sans accros et le 21, le contact avec l’ennemi est perdu. « Je pus donner à mes troupes un peu de détente dont elles avaient bien besoin, en dehors des axes routiers ». Dans la soirée, la pluie les aidant une fois de plus à chasser l’aviation allemande, le groupement longe la Vienne en direction du sud.
Sources : SHD - DAT, 32N462, Historique du 2ème Cuirassiers du Lt. Vié / Archives privées Touzet du Vigier, Agenda 1940 / Du Vigier Alain, Le général Touzet du Vigier / Dr G. DELATER, Avec la 3e DLM et le Corps de Cavalerie.Comme quoi la défense de la Loire fut faite de bric et de broc...
Amicalement