Bonjour,
Il existe, également deux cartes, établies par l'OKH, se rapportant aux mouvements, en date du 12 mai 1940.
La première, établie selon les remontées d'infos des unités, réceptionnées dans la nuit du 11 au 12 mai, avec mention des formations et positions ennemies identifiées et supposées.
La seconde où ne figurent que les progressions des unités allemandes, à la même heure, et, où les points de résistance (possibles) de l'adversaire sont repérés par des pointillés plus ou moins denses et les positions fortifiées ou renforcées, par des croix.
MichaelHunter a écrit:Je pense que tu as raison Guderian n'avait aucun doute tout comme Rommel, et avaient compris que l'Armée Française n'avait pas de "profondeur"..., qu'ils devaient exploiter la percée du front en profondeur loin derrière les lignes ennemies. Seul, à l'OKH, Keitel fait du zèle quand on désobéit à ses ordres mais dans les faits, Hitler laisse ses généraux avancer à toute allure entre le 10 et le 20 mai 1940, un record ils atteignent rapidement pour l'époque, Abbeville. De plus l'Abwehr possède son propre réseau d'informateurs donc ils savaient exactement les plans et manœuvres alliés à l'avance.
Il conviendrait d'arrêter de se convaincre, que, côté allemand, tout le monde était convaincu qu'ils allaient pénétrer dans le dispositif allié "comme dans du beurre" et qu'ils connaissaient sur le bout des doigts son organisation et son déploiement sur le terrain.
Déjà, il suffit de jeter un coup d'oeil sur la seconde carte allemande que je viens de poster... A J+1, ils n'étaient, déjà, pas "foutus" de définir le sens de progression de la 257. ID, au sud de Liège, ni de connaitre la position exacte de la 62. ID, au N-O de Saint-Vith, ou du Stab du XI. Korps, au sud de Wiltz, à la frontière belgo-luxembourgeoise. Ces "détails" indiquent clairement les limites de la communication et de la technologie y afférant, qui existaient à l'époque.
Keitel faisait son boulot de "Patron" de Haut-état Major, qui avait, entre autres responsabilités, de se projeter au-delà du "quotidien" et de ne pas se contenter de la seule lecture des rapports "optimistes" de ses unités de tête. Le militaire, même de très haut grade, a, sur le terrain, deux habitudes fâcheuses, une, considérer que "tout baigne", quand les opérations de son unité se passent bien, deux, s'alarmer excessivement, dès que çà coince un tantinet! Le recul du Haut-Etat Major, en l'occurrence, l'OKH, avait l'avantage de lui proposer une vue plus large des évènements et, toute sa formation supérieure, lui avait appris, au travers de multiples situations réelles passées, à se méfier des excès d'humeur de ses cadres de terrain.
Il ne faut jamais oublier, quelques aient été les performances allemandes à casser, rapidement, le front ardennais et à progresser vers l'Ouest, qu'elles ne "collaient" pas avec la connaissance réelle ou supposée des forces ennemies et, surtout, que les capacités de réplique de l'Armée Française ne devaient en rien être sous-estimées! Pour les allemands, la défaite sur la Marne, en septembre 1914, en était l'exemple cuisant parfait. L'OKH se méfiait, comme de la peste, d'une puissante contre-attaque sur son flanc méridional et cette inquiétude "légitime" avait perduré jusqu'au moment et, même, un peu au-delà du 24 mai 1940, quand les unités de pointe avaient atteint les côtes de la Manche, la logique voulant que l'armée française était sensée contre-attaquer depuis la rive gauche de la Somme.
En résumé, la progression allemande, en mai 1940, avait été exceptionnelle - à la limite, c'est presque là que le bât blessait
- mais il n'était pas question, pour autant, de prendre le commandement français pour des truffes, sachant que les infos sur son dispositif et ses moyens, au sud de la ligne de front Somme-Marne, étaient, au mieux, approximées! En 1870, alors que l'armée impériale de "Poléon III" s'était prise une veste mémorable, au cours du mois d'août, les combats avaient perduré jusqu'à fin janvier 1871, la capitulation de Paris assiégée ayant sérieusement aidé à mettre fin au conflit. En 1914, les Allemands, arrêtés sur la Marne et plus tard, devant Verdun, avaient, de fait, piétiné sur une même ligne (ou presque) jusqu'en novembre 1918! Ce sont des situations qui laissent des marques!