Eric Denis a écrit:Bonjour Tomcat,
Tomcat a écrit:Je suis d'accord sur le fait que Hutzinger est l'un des principaux responsable de la percée allemande, au même titre que Gamelin qui porte en plus la responsabilité de la manœuvre "Dyle-Bréda".
Hutzinger et Gamelin n'ont pas renforcé ce secteur pourtant menacé, c'était possible en termes de moyens et de préparation et cela n'as pas été fait.
En replaçant la situation dans le contexte général, des Panzer sont détectés en Hollande (9.Pz.D.), au nord de la Belgique (3. et 4. Pz.D.), vers Dinan (5. et 7. Pz.D.) et sur Sedan. A ce moment, au GQG français il est impossible de cerner clairement les moyens engagés par les Allemands dans chacun de ces secteurs et il me semble légitime d'en avoir confirmation avant d'engager des forces conséquentes de renforts qui pourraient bien manquer autre part en cas d'erreur.
Le déplacement de divisions est une opération complexe nécessitant d'importants moyens en tous genres (transport, logistique, itinéraires, etc...). Une fois le mouvement engagé, il est presque impossible de le modifier en cours de route. Ainsi ce type de décision doit être mûrement réfléchis avant d'être ordonné.
Il faut aussi garder en mémoire que la transmission des informations prend du temps et que les réserves françaises ne sont pas illimitées. Comme je le disais plus haut, dès que Hutzinger rend compte de la menace le 13 mai, Gamelin réagit immédiatement et engage 6 divisions dont une blindée sur le secteur des 2e et 9e armées, soit plus d'un tiers des réserves françaises. A mon sens, sa réaction ne pouvait être plus rapide (avant Hutzinger ne lui rend compte d'aucune menace sérieuses) ni plus puissante car il est bien évidemment impossible d'engager toutes les réserves françaises sur un seul secteur.
Il est simple de nos jours de dire que c'est là qu'il fallait engager le gros des réserves françaises, mais au 13 mai, cela n'a rien d'évident.
Tomcat a écrit:Au vu des infos remontés concernant les forces allemandes traversant les Ardennes, il apparaissait déjà que cela était une offensive majeure sans pour autant effectivement pouvoir confirmer si c'était l'axe principal, mais vu ces infos le danger était déjà réel vu les défenses assez faibles du secteur.
Justement non. Du côté français, cette menace, certes très concrète, ne peut être jugée plus sérieuse que celle du Nord de la Belgique ou sur Dinant. Si les Français ont bien détecté des Panzer dans les Ardennes, ils n'ont encore aucune idée du nombre de Pz.D. qui les traversent au 13 mai.
Tomcat a écrit:Si Gamelin a réellement pensé que la traversé de la Meuse ne pourrait être engagée sans la présence d'une puissante artillerie, dont la mise en place des pièces et des munitions nécessaires laisserait une dizaine de jours, c'est déjà une grave erreur en soi puisque les allemands disposeront de leur artillerie dès le 13 mai dans l'après-midi, au final l'aviation allemande aura permis juste de gagner une demi-journée en termes de délai.
Ce n'est pas ce que disent les archives françaises. Elles précisent que l'artillerie allemande brille par son absence et que seules les attaques massives et répétées de la Luftwaffe sont en cause dans le matraquage des positions françaises. D'ailleurs, dans les colonnes allemandes traversant les Ardennes il n'y a quasiment pas d'artillerie en tête de colonne. En revanche, l'on y trouve bien des 8,8 de Flak.
De plus, avoir les pièces ne suffit pas, il faut des tonnes de munitions pour mener une action de bombardement efficace avant une attaque, ce qui nécessite une très importante noria de camions et un en temps considérable, à fortiori sur les étroites routes et chemins des Ardennes déjà encombrés de milliers de véhicules en file indienne. Sur ce point,
et sans les Stuka, le GQG a raison de penser que c'est impossible avant une dizaine de jours. Mais Stuka il y aura...
Tomcat a écrit:Effectivement la Luftwaffe va massivement bombardé les défenses françaises et détruire plusieurs batterie d'artillerie (mais pas toutes), par contre les casemates bétonnées résisteront et resteront toutes fonctionnelles.
Relis le premier paragraphe de la page d'archive que j'ai posé plus haut, ce n'est visiblement pas le cas. Quelles sont tes sources mentionnant le maintient opérationnel de
toutes les casemates françaises ?
Tomcat a écrit:L'impact de l'aviation est important mais insuffisant pour permettre la traversée de la Meuse, plusieurs vagues d'assaut seront repoussées avec des pertes importantes.
Les allemands décident d'utiliser des chars pour tirer depuis l'autre rive sur les ouvertures des casemates avec plus ou moins de réussite.
Les casemates étant principalement armées de mitrailleuses ne peuvent répliquer (faible défense comme déjà mentionnée), seule l'artillerie le peut.
Finalement ce sont des canons de 88mm qui vont débloquer la situation pour les allemands en détruisant une casemate (la 211) et permettre la percée, une fois la percée effectuée, les allemands vont prendre à revers les autres casemates.
Sur ce point nous sommes d'accord. Si ce n'est qu'au 10 mai, la 55e DI possède grosso modo l'intégralité de ses armements. Je ne reviendrai pas sur la faiblesse de la défense antiaérienne française, qui n'est pas particulière à ce secteur.
Tomcat a écrit:Il aura fallu toute une journée de combats acharnés à une force allemande bien supérieure en nombre et équipements pour arriver à traverser la Meuse et si l'aviation a joué un rôle important ce sont finalement des canons de 88mm qui ont permis cette traversée et percée.
Mais il ne pouvait en être autrement, le ratio classique accepté entre l'attaquant et le défenseur est de 3 contre 1, et il doit être encore supérieur lorsque la défense est retranchée et bénéficie d'un obstacle tel que la Meuse. Il est évident que ça ne pouvait être une promenade de santé.
D'autre part, si les 8,8 permettent en effet de faire taire certaines défenses françaises, le rôle joué par les Stuka est bien plus important en désorganisant la globalité des défenses, de l'artillerie et les communications françaises, interdisant ainsi une monté plus rapide des renforts. Il ne suffit pas de traverser, encore faut il se maintenir sur la rive opposée.
Tomcat a écrit:Les moyens combinés (infanterie, canots, aviation et artillerie) utilisés sont finalement assez classiques pour ce type de combats.
C'est classique pour la Seconde Guerre mondiale, mais pas en 1940 où l'importance du matraquage des Stuka est une véritable surprise. De plus, comme je le précise plus haut, l'artillerie allemande ne joue aucun rôle dans l'attaque. Si, comme tu le prétends, elle avait été présente en première ligne, elle aurait été utilisée en tir direct sur les défenses françaises, or ce n'est pas le cas.
Tomcat a écrit:L'élimination des batteries d'artillerie par l'aviation est aussi classique et aurait du conduire les français a renforcé leur dca pour s'en prémunir.
Et oui, mais les pièces manquent, et il est impossible de doter chaque batterie d'artillerie d'une DCA correcte.