Forum Le Monde en Guerre

Bonjour,


Une photo d’un catalogue présenté sur internet me fait me souvenir de la période de l’occupation. Durant chaque passage de vagues de bombardiers qui volaient au dessus de nos tète à haute altitude, la batterie de 8,8cm située à un jet pierre de notre village envoyait des coups qui résonnaient sèchement. Nous restions confinés dans nos maisons car les éclats d’obus retombaient dru. On les entendait chuter comme une musique sur les toitures d’ardoises. Quand la sirène sonnait la fin de l’alerte nous nous précipitions dans la rue, prêts pour la récolte. Il fallait faire attention car les bords de chaque éclat étaient acérés. Sur la photo je pense que l’un des enfants, prudent, doit avoir un mouchoir ou un papier pour se protéger des coupures.

Bonjour,

Une petite question, vous en faisiez quoi des éclats? Vente de ferrailles?

A+
JP

Lusi a écrit:Bonjour,

Une petite question, vous en faisiez quoi des éclats? Vente de ferrailles?

A+
JP

On jouait avec, on se les comparait et le lendemain on les avait oubliés. Une distraction éphémère, jusqu'à la prochaine fois ! Ce qui intéressait le plus c'était de chercher et de trouver. Les enfants avaient du temps à tuer avec des jeux simples.

Merci Aldebert de ce témoignage que l'on ne trouvera nulle part et qui ne sera jamais retranscrit dans beaucoup de livres.
C'est la mémoire du temps et du vécu, de millions de français et pourtant cela s'estompe vite.
Alors si des souvenirs remontent à la surface, n'hésites pas à partager avec connaître le vécu de millions d'êtres pris dans cet étau de la guerre vaut autant que les batailles et autres histoires d'économie politique...

Ces éclats étaient terriblement dangereux, notamment quand ils retombaient.

Ma grand mère maternelle, adolescente alors, fut touché par un éclat de DCA, qui lui traversa la poitrine. L'éclat s'est arrêté à 2mm d'un ventricule de son cœur et elle vécu toute le reste de sa vie avec cette pièce de "jeu" absorbé par sa chair, inopérable.

Elle en mourut à 82 ans, brutalement, ses muscles et sa graisse ayant fondu avec l'âge, l'éclat se détacha et mis fin à ses jours, la tuant quasi-instantanément 66 ans plus tard.

Le plus incroyable, c'est qu'elle nous cacha cela pendant toutes ses longues années, et elle fut l'heureuse maman de 4 enfants. Elle fut d'une incroyable gaîté, et je ne l'ai JAMAIS entendu se plaindre de quoi que ce soit. Il est certain qu'à partir des années 80, elle aurait pu être opéré, mais ne l'as jamais accepté.

Tragique et émouvante histoire.
Dans ma famille prés de Dunkerque en 40 c'est un obus de DCA non explosé qui retomba dans la cour d'une ferme de famille qui tua le cousin de mon arrière grand mère voulant assister a ce genre de spectacle aérien, cela termina de d'ancrer en elle une haine viscérale des allemands.
Le nez en l'air juste sous un combat aérien exposait les spectateurs à la chute d'étuis éjectés qui pouvaient aussi s'avérer mortels

Emouvante histoire, donc ta grand mère est une des dernières victimes de la 2egm.

C'était donc une victime civile.Quel âge avait-elle quand elle avait été blessée 82- 66 = 16 ans ?
Comme j'étais petit et que j'avais à peine un peu plus de 5ans,quand je jouais avec les animaux dans le jardin,en principe je rentrais dès que la DCA proche tirait,mais quand j'ai vu un Focke Wulf 190 se faire descendre sous mes yeux,je suis resté dehors,j'ai eu de la chance, j'ai retrouvé quatre étuis de 12;7 et des maillons tombés à moins de 10 mètres,les Thundebolts qui tiraient m'avaient survolé à une dizaine de mètres d'altitude de même que l'avion allemand.
A mon âge,j'avais interdiction de me promener dans la campagne des environs je me souviens d'un tir de la DCA de l'aérodrome de Dreux tout proche alors que j'étais sur la route avec mon père,nous sommes allés sous les arbres,mon père me tenait contre lui et il s'était penché au dessus de moi pour me protéger du haut de son corps......j'avais vu une branche d'environ 5 cm de diamètre sectionnée nette à environ 2 mètres de nous.......Parfois,il arrivait aussi que des bombardiers américains en perdition se délestaient de leur matériel de bord pour pouvoir s'alléger et atteindre la zone de Normandie libérée...En juillet 1944,j'avais récupéré au bout de notre jardin une partie de radio de "Liberator",j'avais vu un homme de l'équipage le balancer par une baie latérale Des gamins du hameau voisin avaient récupéré des réservoirs largables et les avaient transformé en périssoires avec lesquelles ils s'amusaient sur la Blaise........

thucydide a écrit:Merci Aldebert de ce témoignage que l'on ne trouvera nulle part et qui ne sera jamais retranscrit dans beaucoup de livres.
C'est la mémoire du temps et du vécu, de millions de français et pourtant cela s'estompe vite.
Alors si des souvenirs remontent à la surface, n'hésites pas à partager avec connaître le vécu de millions d'êtres pris dans cet étau de la guerre vaut autant que les batailles et autres histoires d'économie politique...

Merci à toi Noble Athénien.
Le devoir de mémoire est pour moi essentiel. Ainsi que beaucoup d'enfants de ma génération, j'ai vécu une période particulière et malgré mon jeune âge d'alors, j'ai conservé de très nombreux souvenirs, probablement parce qu'ils ont marqué mon esprit par leur intensité émotionnelle.
Pour répondre à ta sympathique recommandation, je me suis attelé à les raconter d'une manière simple sur wikiRennes, Les chroniques vezinoises
http://wiki-rennes.fr/index.php/Cat%C3% ... -le-Coquet

Cette recommandation peut aussi s'adresser à Alfred qui nous apporte souvent des souvenirs intéressants et précis. Les a t'il réunis pour nous présenter un récit

Bravo à vous

+1 avec Thucydide