Forum Le Monde en Guerre

Témoignage d’un soldat allemand de la tragédie 12 juin 1944 à Valréas

Le soldat Emil BAUER, né le 31 juillet 1914, soldat fantassin dans la 7ème compagnie, 2ème bataillon, 10ème régiment panzer grenadier, 9ème division blindée.

Cet homme, comme tous les hommes de ces guerres infidèles, appartenait à une division allemande qui s’est vu projeter vers notre ville meurtrie. Son témoignage que nous avons recueilli, serait une confession en soi, un pardon de toutes ces atrocités de nombreux militaires engagés dans cette atrocité de guerre.

« Le soldat ne devait jamais avoir de temps pour lui afin qu’il ne puisse pas avoir d’idées stupides sur ces guerres insensées »

J’appartenais à un commando éclaireur. « A Tarascon les commandos éclaireurs durent descendre du train. De là, partait une ligne vers Nîmes. Tel était notre but.
Ici c’était différent de la Russie, ici, on pouvait se faire descendre n’importe où.
Nous faisions des raids contre les Résistants dans la Vallée du Rhône et dans les montagnes. C’était un chapitre triste.
Les principales zones de résistances étaient Valréas et Privas. Là, se trouvaient les principales bases du maquis. A partir de là, ils menaient des attaques contre les troupes allemandes.
Les Départements de l’Ardèche, du Gard, du Vaucluse et de la Drôme garderont éternellement le souvenir effroyable du 10ème Bataillon de Chasseurs.

Pendant leur trajet, les gars me racontèrent leurs derniers combats.
Comment, ils pouvaient exécuter les prisonniers, qu’ils soient coupables ou non coupables, ou bien piller et incendier les maisons.
C’est pourquoi lors de ce trajet je ne présageais rien de bon.

Pendant ce temps les hommes de troupe avaient commis un acte abominable.
Les occupants furent criblés de balles par les soldats, ensuite ils s’approchèrent du véhicule, mirent le canon de carabines chargées d’explosifs russes dans la bouche des blessés graves et appuyèrent sur la détente.
Les morts restèrent là, comme une splendide illustration de la culture Nazi !
A Valréas, ils avaient rassemblé des jeunes et des moins jeunes. Ils étaient debout ; le visage contre le mur et ils furent fusillés par le 1er bataillon.

Nous étions une foule débauchée. Nous ne faisions jamais de prisonnier, tout le monde était fusillé.
Nos expéditions ressemblaient à des expéditions du diable.
L’effroyable tournée de la 9ème division blindée, dans le Sud de la France était terminée.
Extrait du témoignage du soldat Emil Bauer détenu par l’association des Familles de Fusillés de Valréas (Vse)

EDIT par Prosper.
L'extrait que Michel vous livre ci-dessus vient de:
http://12-juin-1944valreas.over-blog.co ... oignages/2

Merci pour ce récit
Amicalement

Prosper , merci pour le lien du blog , et pour qu'il n'y ait pas de malentendu, ce blog est la liaison avec notre association des Familles de Fusillés et la plupart des articles viennent des documents et témoignages de cette association. A titre d'information un livre est en cours concernant des documents et témoignages inédits sur cette tragédie à Valréas.
Bonne journée à Tous

La justice n'est jamais parvenue à identifier les auteurs du massacre. Ces nouveaux témoignages permettront-ils d'y voir plus clair ?

Ces témoignages dont les documents ont pu être visionné soit aux archives centrales de la Justice Militaire en France, et par les archives en Allemagne par l'auteur Karl HEIDINGER du livre "WIDERSTAND GEGEN DIE WEHRMACHT" "la Résistance contre la Wermarcht" , font état des divers officers de troupes présentes à Valréas. Tous, lors des interrogatoires se renvoi l'accusation ou deviennent amnésiques , alors présents lors de la Fusillade. Un des documents atteste bien les actions de la 8ème Cie de la Division Brandebourg dans le Sud-Est. Dans ce document daté de 1943 , il est noté : "D'autres enquètes, actuellement en cours, établiront vraisemblablement à la charge de cette unité la responsabilité d'autres crimes de guerre encore ignorés." L'Unité en elle même est reconnue coupable, mais aucun officier sur ces divers crimes n'a été inquiété (???)

J'ai consulté le dossier sur cette affaire aux archives de la justice militaire en préparant mon livre sur les Français de la Brandebourg.
Suite à plusieurs témoignages, la responsabilité dans le massacre du chef militaire de l'opération, le Major Unger, qui commandait à l'époque un bataillon de la 9. Panzer-Division, a été écartée. Les soupçons se sont portés sur deux hommes : le sous-lieutenant Demetrio (cdt en second de la 8e compagnie) et le capitaine Hontsch (GFP d'Avignon), que le témoignage d'un ex-officier de la 9. PzD présent à Valréas, le lieutenant Blank, semblait accuser. Le problème est que Blank est en partie revenu sur ses déclarations et qu'il a mis Demetrio et Hontsch hors de cause lors de la confrontation entre les trois hommes dans le bureau du juge d'instruction puis lors de l'audience devant le TM de Marseille devant lequel seul Demetrio comparaissait. Après cela, il ne restait plus aucun élément significatif contre Demetrio. Trois Français appelés à témoigner n'avaient pas vu Demetrio sur les lieux de l'exécution et les trois autres, qui affirmaient l'avoir vu, n'étaient pas en mesure de dire que Demetrio avait donné l'ordre d'exécuter les prisonniers ou même qu'il avait participé à la tuerie. Logiquement, la culpabilité de Demetrio a été écartée par les juges (à l'unanimité). Et je dois dire, qu'ayant étudié le dossier, j'aurais voté de la même façon, ce qui ne veut pas dire que je sois totalement convaincu de l'innocence de Demetrio.