Post Numéro: 16 de Luzien 13 Aoû 2012, 22:40
Hello à toutes et tous!
Je reprend la suite de mes Souvenirs...
Luzien
Retour à Clo-Mi-Gi
- "Puis ce fut à nouveau l'été (notre 2e été de l'Occupation) et les vacances.
Un jour, alors que je jouais avec mon cousin Léon devant la maison de mes grand'parents, un camion s'arrêta dans l'impasse et un homme que je ne connaissais pas en descendit et demanda à voir mes grand'parents. Après qu'il eu conversé avec eux, il vint vers moi et me dit qu'il était un ami de mon père et que ce dernier avait été libéré de la prison du Château-Neuf et qu'il était maintenant de retour à Clo-Mi-Gi et que je devais y retourner avec lui. J'étais fou de joie, cela faisait je ne savais plus combien de temps que je n'avais vu notre maison, ma famille! La pensée de retourner chez nous me bouleversait.
Après avoir fait mes adieux à mes grand'parents, je prenais place dans la cabine du camion à côté de l'homme qui me dit s'appeler Gaston. Le camion était un vieux reliquat des années 20s avec des "bandages" en guise de pneus et qui faisait un bruit d'enfer; de plus Gaston devait se battre avec le levier de changement de vitesses dans une cacophonie de craquements, de grincements et de jurons! Mais je n'en avais cure, ce voyage aurait été à bord d'une Hispano qu'il n'en aurait pas été plus joyeux pour moi.
Plus nous approchions d'Erromardie, plus l'excitation grandissait en moi. Gaston riait et ne cessait de me répéter:
"Du calme txiki, nous arrivons!" Passé Guétary, nous atteignirent le sommet d'Hiralde et de la j'eus une vue plongeante sur notre maison en bordure de la route.
Finalement nous arrivèrent à Clo-Mi-Gi. Mon père, mes frères, Amélia, Trini, Mercedes, Rufino et Moyo, tout le monde était là, seule l'absence de ma mère jetait une ombre sur ces retrouvailles. Amélia me serra dans ses bras avec une force surprenante pour un tel petit bout de femme, Trini toujours sensible avait la larme à l'oeuil, seule Mercedes ne participa pas aux effusions et ne sembla pas se réjouir de mon retour. Et pour cause...
Des 3 frères j'étais celui qui lui en avait fait voir le plus de toutes les couleurs et elle avait toujours en mémoire un incident* qui nous avait mis aux prises quelques mois auparavant. -
* Le fameux "incident" c'était produit au début du printemps avant mon départ pour Biarritz. Notre père nous demanda à Claude et moi de nettoyer le "courtil" (la porcherie), le dernier locataire nous ayant "quitté" depuis la fin décembre. Travail peu ragoûtant s'il en est. Aussi, munis de seaux, d'une pelle et d'un balai-brosse nous nous attaquèrent à notre tâche. Nous étions en pleine besogne quand Mercedes vint nous voir et par dessus le muret de la porcherie commença à nous railler, ne cessant de faire des commentaires sur l'odeur nauséabonde qui se dégageait du lieu et dont nous étions responsables:
"Oh, ce que vous êtes sales! Oh, ce que vous sentez mauvais"!
Claude et moi êtions de plus en plus excédés. Et voilà Mercedes qui recommence en chantonnant: "Siente malo, siente malooo!!!"
Ç'en était trop, j'imbibais bien le balai-brosse de purin et le lui appliquais sur la tête en lui disant: "Tiens, ça te fera une permanente!"
Et voilà l'Infante Mercedes qui s'enfuit en pleurant, hurlant comme une possédée, ses beaux cheveux dont elle prenait grand soin ruinés à jamais! Claude et moi nous nous concentrèrent d'avantage à notre travail en riant mais aussi un tantinet inquiets de la suite des événements.
Comme nous allions vider nos seaux dans la fosse septique, nous passâmes près du puit où Mercedes, pleurant à chaudes larmes, se tenait la tête penchée en avant tandis que Trini lui versait de l'eau sur les cheveux et nous entendirent alors Trini lui dire: "Toi aussi, pourquoi tu ne leur fiche pas la paix!"
Quand plus tard, notre corvée terminée, nous entrèrent dans la cuisine pour une petite collation, Amélia me gratifia d'un regard noir dans lequel je cru cependant discerner une lueur d'amusement. Doux souvenirs." -