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Souvenirs d'un enfant pendant l'Occupation

Retrouvez ici toutes les histoires vécues et les récits de guerre. Déposez ici les témoignages en votre possession sur la vie pendant le conflit. C'est un pan important du devoir de mémoire cher à notre forum.

Re: Souvenirs d'un enfant pendant l'Occupation

Nouveau message Post Numéro: 51  Nouveau message de Prosper Vandenbroucke  Nouveau message 01 Sep 2012, 20:45

Voici une photo que Luzien m'a fait parvenir avec la demande expresse de la mettre en ligne dans ce fil.
Je lui laisse la parole afin qu'il puisse venir vous la commenter.
Amicalement
Prosper ;)
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Re: Souvenirs d'un enfant pendant l'Occupation

Nouveau message Post Numéro: 52  Nouveau message de Luzien  Nouveau message 02 Sep 2012, 00:26

Je ne connais pas la date exacte, mais cette photo fut prise durant l'été 39, soit quelques semaines avant le début de la 2e GM.

De haut en bas: Claude (8 ans) - Michel (6 ans) - Gilbert (4½ ans).
Au-dessus de nos têtes CLO-MI-GI pour les 3 prénoms (CLO que les passants prenaient toujours pour Clotilde).

Une année plus tard nous étions assis sur ces mêmes marches (Mayi notre mère, Amélia, Trini, Mercedes, Ruffino et les 3 frères) le 25 juin 1940, quand nous vîmes arriver les premières troupes allemandes précédées par les 3 motos dont un des passagers nous lança un victorieux "youpiii", qui ne leur porta pas chance dans les virages du "Pavillon Bleu".

Luzien


 

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Re: Souvenirs d'un enfant pendant l'Occupation

Nouveau message Post Numéro: 53  Nouveau message de Luzien  Nouveau message 02 Sep 2012, 19:52

Bonjour! :)

Je viens de lire quelques pages des récits de Jacques Colin. Quelle époque et quelle épopée!
Si les témoins et spectateurs comme moi sont de moins en moins nombreux, que dire des participants et acteurs de cette grande tragédie humaine! Un seul mot me vient à l'esprit pour Jacques Colin et les milliers d'autres Jacques Colins: Respect.

Luzien




Eté 1942

- Le départ de Françoise fut un coup dur pour notre maisonnée, trouver une bonne n'était pas chose facile. En ville cela n'était pas un problème mais ici, dans cet endroit isolé, dépourvu de moyens de transport et fourmillant de soldats allemands, les candidates ne se bousculaient pas au portillon! Papa s'arrangea avec Marijane, une veuve qui vivait avec ses deux frères (2 solides bucherons) dans la maison "Penin", située juste après la maison de Monsieur et Madame Jean sur le chemin d'Erromardie. Nous même avions vécu dans cette maison avant que notre père acheta la villa qui devint "Clo-Mi-Gi". Marijane accepta de venir faire la lessive et un peu de ménage, pour le reste nous nous débrouillerons.
L'absence de Françoise créa un problème pour Claude et moi... Gilbert! Qu'allons-nous faire de lui?
Gilbert n'avait pas encore 7 ans, était le chouchou à son papa et une véritable peste que Claude et moi bannissions de notre vie autant que nous le pouvions. -


Helmut

- Ce jour-là nous décidâmes d'aller à la chasse aux pieuvres. Nous laissâmes Gilbert à la garde de Marijane prétextant que les rochers étaient trop dangereux pour lui et nous voilà partis. Pour tout attirail nous n'avions qu'un bâton muni d'un bout de chiffon blanc et un seau. Arrivés sur la plage, nous constatâmes avec plaisir que la marée était basse et nous nous prîmes aussitôt la direction des rochers au pied de la falaise d'Acotz le long du versant nord.

Comme nous approchions du pied de la falaise, nous apperçûmes un soldat assis sur un rocher et qui nous fit un signe de la main, nous lui répondîmes timidement et continuâmes notre marche. Le soldat quitta alors son "siège" et vint à notre rencontre. Il était en tenue de quartier, treillis blancs, calot noir, botté et la sampiternelle baïonnette pendant de son ceinturon au côté. Comme nous évitions de le regarder, nous l'entendîmes dire "Bon-jour!", puis ajouter "Palourdes?" Interloqués nous nous figeâmes. Le soldat s'approcha et alors nous le reconûmes, c'était le soldat qui était venu se joindre à nous quelques jours auparavant. La première fois que nous l'avions rencontré il était simplement vêtu d'un short et chaussé d'espadrilles et aurait pu passer pour un touriste, un "étranger" comme nous disions chez nous, mais cette fois, accoûtré de l'uniforme que nous connaissions si bien, il était comme les autres, un soldat allemand, pareil à celui qui s'était introduit chez nous! Il nous regardait en souriant, Claude lui dit alors "Nix palourdes!", ce qui le fit rire. Le bâton avec le bout de chiffon blanc que je tenais à la main l'intrigua, je lui dis alors que c'était pour attraper des pieuvres, mais il était visible qu'il ne comprenait pas. Il se joignit à nous et ensemble nous atteignîmes le pied de la falaise. Sautant de rocher en rocher nous trouvâmes l'endroit qui nous sembla le plus propice. J'introduisis alors le bâton dans les cavités qui formaient de petites grottes, faisant se mouvoir le bout de chiffon. Le soldat regardait, se demandant probablement à quel jeu je me livrais. Après plusieurs essais infructueux je sentis soudain quelque chose se saisir du bâton qui me fut presque arrâché des mains! Je le tirais à moi et une tentacule apparu comme un serpent lové autour du bâton. Claude se précipita et plongeant ses bras dans l'eau se saisit de la pieuvre et pendant que les tentacules l'assaillaient il plongea ses 2 pouces dans l'orifice latéral et lui retourna la calotte. Je regardais alors le soldat qui ouvrait des yeux grands comme des soucoupes avec une expression d'horreur sur le visage. Il était visible que les choses de l'océan ne lui étaient pas familières, il regardait la pieuvre avec une sorte de fascination, mais aussi avec révulsion. Claude lui tendit la pieuvre qui était maintenant inerte, le soldat recula précipitamment, trébucha et tomba assis sur un rocher! Nous éclatâmes de rire et le soldat joint son rire au notre. Je remplis le seau d'eau et Claude y plongea la pieuvre.

Nous trouvions ce soldat vraiment sympathique, il faisait de gros efforts pour s'exprimer en français et quand les mots ne sortaient pas il les remplaçait par des gestes. Nous en arrivâmes aux présentations, il nous demanda nos prénoms, où nous vivions et à notre tour nous voulûmes en savoir plus sur lui. Nous apprimes ainsi qu'il se prénommait Helmut, il avait été mobilisé en 1941, était attaché à une batterie de flak et en ce moment il n'était pas de service. Il nous dit aussi que c'était son premier séjour au bord de la mer, mais de cela nous n'en doutâmes pas.
Avant sa mobilisation il travaillait avec ses parents qui tenaient une ferme et élevaient des vaches laitières (ne pouvant dire "vache laitière", il appliqua ses 2 poings sur ses tempes les index dressés, fit "meuh" et imita le geste de traire, ce qui nous amusa beaucoup). Il avait aussi une femme et un fils de notre âge qui se prénommait Wolfgang, un prénom étrange à nos oreilles et que j'avais du mal à prononcer, il ajouta aussi que je lui ressemblais et j'essayais d'imaginer un garçon comme moi vivant en Allemagne. Ce qui me surpris le plus fut d'apprendre ainsi qu'il était un fermier, un paysan quoi!
Dans ma petite tête je ne pouvais imaginer que les allemands puissent être autre chose que soldats, jusqu'alors tout ce que je savais des Allemands, c'est qu'ils étaient l'ennemi, qu'ils nous occupaient et à cause d'eux la vie n'était plus la même. L'idée que eux aussi avaient des familles, des femmes, des enfants et une occupation autre que celle d'être soldat ne m'avait même pas effleuré!

Nous demeurâmes ensemble un bon moment, oubliant la raison première qui nous avait conduit là, puis la marée montante nous incita à abandonner nos rochers. Helmut consulta alors sa montre et déclara qu'il devait nous quitter, il nous salua d'un "au-revoir" et se dirrigea vers la route côtière. A notre tour nous décidâmes qu'il était grand temps de rentrer, Claude se saisit du seau contenant la pieuvre et moi muni de mon bâton-appât, nous reprîmes le chemin du retour. -


 

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Re: Souvenirs d'un enfant pendant l'Occupation

Nouveau message Post Numéro: 54  Nouveau message de Luzien  Nouveau message 05 Sep 2012, 23:32

Bonjour tout le monde! :)


Visiteurs nocturnes

- C'est à cette époque que nous notâmes des choses bizarres qui se passaient chez nous durant certaines nuits au cours desquelles nous entendions des bruits de pas furtifs, des chuchotements, des râclements de chaises.
Un matin nous demandâmes à papa "qui était venu" la nuit passée? Notre père sembla contrarié et nous dit simplement de ne pas y porter attention.
Une nuit cependant, alors que nous entendîmes à nouveau ces bruits nocturnes, notre curiosité fut la plus forte et malgrès ce que notre père nous avait dit à ce sujet, Claude et moi nous nous levâmes sans faire de bruit pendant que Gilbert dormait à poings fermés. Nous entrouvrîmes la porte de notre chambre et vîmes à travers le vestibule un rai de lumière au bas de la porte de la salle à manger et nous pouvions alors entendre distinctement des voix en sourdine. Nous ne savions que faire et nous nous apprêtions à rejoindre notre lit quand la porte de la salle à manger s'ouvrit et notre père apparu, traversa le vestibule et entra dans sa chambre située juste en face et adjacente à la notre. Ce faisant, il laissa la porte de la salle à manger grande ouverte et ce que nous vîmes alors nous coupa le souffle. Sur la table éclairée par une lampe à pétrole et queques bougies, nous pouvions voir un amoncellement de billets de banque! Assis, un homme à la carrure énorme, en faisait des liasses qu'il disposait ensuite l'une à côté de l'autre après les avoir liées avec un élastique. Puis notre père revint de sa chambre avec dans sa main quelque chose qui ressemblait à un vêtement, il poussa simplement la porte derrière lui laissant un interstice. C'était trop tentant!
Nous nous approchâmes sur la pointe des pieds, le carrelage du vestibule était froid mais n'émettait aucun son, puis nos deux têtes se supperposant nous regardâmes par la fente.
Nous ne pouvions plus voir l'homme aux billets, mais ce que nous vîmes près de la cheminée nous coupa encore plus le souffle! Une femme! Voir une femme n'avait rien d'extraordinaire en soi, mais c'était sa tenue ou plus exactement son manque de tenue car elle était en sous-vêtements, couverte seulement d'une fine combinaison. Nous vîmes alors notre père l'aider à enfiler le "vêtement" qu'il avait apporté de sa chambre et qui était une sorte de gilet sans manches qui lui descendait à mi-cuisses et qui comportait plusieurs poches que notre père se mit ensuite à garnir avec les liasses de billets de banques. Après s'être assurée que tout était bien en place, la femme enfila une robe par-dessus sa tête et pour nous ce fut tombé de rideau!
A pas de loup nous retournâmes dans notre chambre, j'avais le sentiment que nous en avions trop vu. Evidemment nous ne fîmes aucune allusion de cela à notre père et surtout nous n'en parlâmes pas à Gilbert . -


Helmut et nous

- Nous étions écrasés par la canicule, probablement l'été le plus chaud que nous ayons connu. Les coupures d'eau était encore plus fréquentes et nous devions faire de plus en plus de voyages à la source.
La plage demeurait notre lieu favori et nous ne pouvions laisser Gilbert constamment sous la surveillance de Marijane, aussi de mauvaise grâce nous l'emmenions avec nous de temps en temps afin de lui enlever toute raison de se plaindre. Quand nous lui ordonnions de rester à la maison en l'absence de Marijane, Claude lui promettait simplement une volée s'il commettait la moindre incartade, l'autorité dont papa l'avait investi lui en donnait le droit et Gilbert en était conscient. Il restait alors à la maison en boudant, mais de cela nous n'avions cure!

C'était pendant ces escapades à deux que nous rencontrions Helmut si ce dernier n'était pas de "service". Nous n'en avions pas parlé à notre père et encore moins à Gilbert, surtout pas à lui, avec sa langue de pipelette tout le quartier l'aurait su et nous ne voulions surtout pas passer pour des collabos! Cette idée de "collaborer" nous tourmentait parfois. Après tout Helmut était un soldat allemand, un ennemi. Mais petit à petit, Helmut avait à nos yeux cessé de n'être qu'un soldat allemand, il était différent et était devenu notre ami, notre copain. Il nous parlait de sa famille, de la ferme de son père, de son pays, employant des noms bizarres et que nous ne comprenions pas. Malgrès son français approximatif, nous sentions qu'il était éduqué, même ses mannières dénotaient une aisance et une certaine classe.

Chose certaine Hemut aimait la nature et il trouvait ici tant de chose différentes de son pays. Il admirait les pins maritimes et aussi les tamaris, même les touyas qui pour nous n'étaient que des buissons épineux étaient pour lui des merveilles et il s'extasiait devant leur fleurs jaunes! La menthe sauvage, le fenouil et d'autres plantes aromatiques qui poussaient partout, même sur le bord des chemins lui procuraient du plaisir à les cueillir et il arborait souvent une branche de fenouil dans l'échancrure de sa chemise ne se lassant pas d'en respirer les éffluves.
Mais la grande inconnue pour lui demeurait l'océan, voir cette étendue d'eau à perte de vue était quelque chose de magnifique et il aimait respirer à pleins poumons cet air salin. Cependant quand la mer était forte et que les vagues s'écrasaient en gerbes, nous pouvions voir qu'il était un tantinet effrayé. A marée basse les rochers offraient une barrière protrectrice et il aimait bardoter avec nous dans l'eau qui stagnait entre les rochers, mais à marée haute les rouleaux qui prenaient la plage d'assaut l'impressionaient fortement et il se tenait à distance respectable. Nous rions de sa frousse, mais cela mis à part, il aimait ce nouvel environnement et nous l'initions aux choses de la mer en lui faisant voir comment ramasser moules et bigorneaux, comment saisir les "lappes" avant qu'elles n'adhèrent aux rochers et surtout comment dénicher sous les algues puis saisir les crabes sans se faire pincer, les "dormeurs" avec leurs grosses pinces lui faisaient le plus peur, mais aussi les crabes arraignées beaucoup plus petits mais aux longues pinces acérées. Quand aux pieuvres, c'était simplement "nix", il aimait bien les chercher avec nous mais pas question pour lui de les saisir! Sa grande révulsion nous amusait.

Nous parlions rarement de la guerre avec Helmut, quand parfois cela tombait dans la conversation, son visage s'assombrissait et il disait: "Guerre pas bon!" Aussi nous évitions ce sujet autant que possible. Il ne nous posait jamais de questions sur nous-mêmes et notre famille, pour lui nous aurions pu être aussi bien orphelins et il semblait qu'à ses yeux la seule chose qui comptât c'était les moments que nous passions ensemble tous les trois, le soldat et les 2 enfants, le reste n'avait pas d'importance. -


 

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Re: Souvenirs d'un enfant pendant l'Occupation

Nouveau message Post Numéro: 55  Nouveau message de Luzien  Nouveau message 20 Sep 2012, 19:07

Bon, après une absence prolongée, j'ouvre à nouveau le tiroir aux souvenirs.


Les Haricots

- Un soir, notre père n'étant pas renté après le couvre-feu, nous nous couchâmes sans l'attendre. Aussi le matin venu nous fûmes surpris de le voir dans la cuisine où il avait déjà préparé le "café". Sur la table il y avait un sac de jute contenant des haricots blancs. Manger des haricot n'était pas une rareté, à plusieurs reprises notre père en apporta à la maison, mais c'était toujours des haricots noirs ou rouges, des haricots de couleurs. Les rouges surtout nous ne pouvions plus les voir et à fortiori les manger Et pour cause! Il fut un temps où faute d'autre chose nous en mangâmes tous les jours, midi et soir! Nous en avions la nausée. Mais ce matin-là c'était des haricots blancs qui s'offraient à notre convoitise, ceux-là nous les adorions et cela faisait tant de temps que nous en avions vu. A ce moment-là notre père emplissait un petit sac pour notre "réserve" et nous dit qu'il en avait mis à tremper la nuit passée et que ce serait notre repas du soir, le reste il devait le livrer à quelqu'un.
Nous étions impatients d'arriver au soir, anticipant un solide repas.

Nous avions allumé le feu à l'avance pour ne pas perdre de temps et quand notre père fut de retour il mit aussitôt les haricots à cuire. Il avait aussi apporté des os de porc et miracle... une belle tranche de ventrèche qu'il coupa en quatre, puis il ajouta le tout au contenu de la casserole.
Notre impatience grandissait pendant la cuisson et le fumet qui se dégageait de la cuisine mettait nos estomacs à la torture!
Puis vint le moment tant attendu: à table! Nous ne nous le firent pas dire deux fois, nous prîmes place autour de la table, la casserole fumante et odorante au milieu et papa commença le service. Nous nous piffrâmes et empiffrâmes à qui mieux-mieux, probablement un des meilleurs repas de cette époque dont j'ai gardé le souvenir.
Papa emplissait nos assiettes en disant: "Mangez, mangez, vous ne savez pas qui vous mangera!"
Pour la première fois depuis longtemps nous quittèrent la table complétement rassasiés.

L'intéressant avec ces féculents c'est qu'en plus de garnir l'estomac, ils prédisposent à la bonne humeur et le résultat de cet hommage à Pantagruel ne se fit pas attendre. Un peu plus tard dans l'obscurité de notre chambre à coucher nous nous livrâmes à un récital plutôt venteux. C'était à qui performerait les plus "forts", les plus "longs" et les plus à "répétitions". Nous rions comme des fous! A son tour notre père se retira dans sa chambre adjacente à la notre et joignit le concert. Malgré la cloison, ses échos furent de loin les plus tonitruants, imbattable! Notre hilarité redoubla. -


 

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Re: Souvenirs d'un enfant pendant l'Occupation

Nouveau message Post Numéro: 56  Nouveau message de fbonnus  Nouveau message 20 Sep 2012, 19:11

C'est toujours un immense plaisir de vous lire.

Grand Merci de partager avec nous vos écrits

Au plaisir de vous lire encore souvent et longtemps

Amicalement
« Alors mon petit Robert, écoutez bien le conseil d'un père !
Nous devons bâtir notre vie de façon à éviter les obstacles en toutes circonstances.
Et dites-vous bien dans la vie, ne pas reconnaître son talent, c'est favoriser la réussite des médiocres. »
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Re: Souvenirs d'un enfant pendant l'Occupation

Nouveau message Post Numéro: 57  Nouveau message de Luzien  Nouveau message 20 Sep 2012, 19:58

Les bonbons à la menthe

- Le mois d'août se traînait avec la canicule qui nous écrasait et même la brise marine ne parvenait pas à nous apporter un peu de répit. A la maison nous faisions un peu de jardinage, mais sans grand succès, la terre sèche et le manque d'eau ne nous aidaient pas non plus. Aussi, dès que nous le pouvions, nous prenions le chemin de la plage pour une bonne baignade rafraichissante. Mais ce que nous ne nous avouions pas c'est que c'était aussi pour retrouver Helmut. Quand ce dernier n'était pas de service, nous le retrouvions au pied de la falaise d'Acotz assis sur le rocher qu'il affectionnait particulièrement. C'était un rocher surélevé, blanc et plat, sur lequel il prenait place et demeurait immobile le regard perdu vers l'horizon. Ce rocher était devenu pour nous "le rocher d'Helmut" et si d'aventure nous voyions quelqu'un d'autre y prendre place, cela nous contrariait.
Nos rencontres avec Helmut étaient plutôt brèves et ne duraient environ qu'une heure ou deux. Nous passions ce temps à explorer les rochers, ramasser des coquillages, nous aimions entr'autres les longs "couteaux" dont nous aspirions la chair en nous amusant de l'air horrifié d'Helmut. Avec un de ces "couteaux" il fit une sorte de flûte dont il tirait des sons.

Un jour il tira de la poche de sa vareuse un sachet en cellophane contenant des bonbons à la menthe et nous le tendit, Claude se saisit du sachet avec une hésitation qui ne lui échappât pas. Nous avions entendu tellement de fois dire qu'il ne fallait rien accepter des allemands et malgré que toutes ces histoires d'enfants empoisonnés n'étaient pour nous que des bobards, notre subconscient réagissait malgré nous à cette propagande. Je ne sais si Helmut compris cela, mais il sourit en se resaisissant du sachet, l'ouvrit à l'aide de ses dents, prit un bonbon qu'il mit dans sa bouche et retendit le sachet à Claude qui cette fois n'hésita pas à s'en saisir et puisa à l'intérieur, puis à mon tour je l'imitait avec un sentiment de honte. Hemut ne dit pas un mot, il nous regarda étrangement, puis sourit à nouveau en suçant son bonbon.


Le soldat furieux

- Un après-midi nous étions assis tous les trois en rond et nous jouions à la "piquette". Le jeu consistait à planter un coureau, en l'occurence le canif de Claude, à l'intérieur d'un cercle tracé dans le sable. Le couteau devait être lancé de 12 manières différentes, celui qui réussissait les 12 lancers avec le moins de fautes était le gagnant.
Tout concentrés à notre jeu nous ne vîmes pas arriver un soldat qui soudainement se dressa devant nous et s'adressa à Helmut sur un ton rude. Helmut lui répliqua sur le même ton et reporta son attention sur le jeu pendant que le soldat continuait à lui parler. Claude et moi écoutions en nous demandant ce qu'il pouvait bien être l'objet de cette aggression verbale. Le soldat semblait furieux et en parlant ne cessait de jeter des regards courroucés sur nous. Brusquement Helmut se leva pour lui faire face, puis pointant son doigt vers la route il lui parla sur un ton qui cette fois n'admettait aucune réplique. Le soldat parut décontenancé, il dit quelque chose puis tourna des talons. Helmut se rassit visiblement contrarié. Nous demeurâmes silencieux quelques secondes puis demandâmes à Helmut ce qu'il se passait, ce dernier nous dit simplement:
"Pas s'inquiéter" puis indiquant du menton le soldat qui s'éloignait il ajouta: "Chtoupid!"

Un peu plus tard sur le chemin du retour Claude et moi parlâmes de l'incident sur la plage, il ne faisait pas de doute que nous avions été l'objet de la dispute. Il nous apparut aussi que "de l'autre côté" la fraternisation n'était pas toujours bien acceptée et c'est avec un grand malaise que nous reprîmes le chemin de la plage les jours suivants. -


 

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Re: Souvenirs d'un enfant pendant l'Occupation

Nouveau message Post Numéro: 58  Nouveau message de Luzien  Nouveau message 20 Sep 2012, 20:04

fbonnus a écrit:C'est toujours un immense plaisir de vous lire.

Grand Merci de partager avec nous vos écrits

Au plaisir de vous lire encore souvent et longtemps

Amicalement


Merci pour bonnes paroles et encouragement "fbonnus"!

Cordialement

Luzien


 

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Re: Souvenirs d'un enfant pendant l'Occupation

Nouveau message Post Numéro: 59  Nouveau message de Prosper Vandenbroucke  Nouveau message 20 Sep 2012, 20:14

Bonjour Luzien,
Nous avons hâte de connaitre la suite de ton récit.
Amicalement
Prosper ;)
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Re: Souvenirs d'un enfant pendant l'Occupation

Nouveau message Post Numéro: 60  Nouveau message de Aldebert  Nouveau message 20 Sep 2012, 20:35

Luzien a écrit:[b]Le soldat furieux

- Un après-midi nous étions assis tous les trois en rond et nous jouions à la "piquette". Le jeu consistait à planter un coureau, en l'occurence le canif de Claude, à l'intérieur d'un cercle tracé dans le sable. Le couteau devait être lancé de 12 manières différentes, celui qui réussissait les 12 lancers avec le moins de fautes était le gagnant.-

Eh oui Michel! Nous appelions ce jeu tout bêtement " jouer au couteau". Le lancer part d'abord de la paume de la main, suit ensuite les cinq doigts de la main, remonte ensuite le bras, le coude jusqu'à l'épaule, puis le front. N'est-ce pas cela??
Cordialement
Albert
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