Post Numéro: 25 de Luzien 19 Aoû 2012, 02:06
Bon sommeil les lointains!
Si l'Occupation était avant tout la présence de la Wehrmacht dans le paysage français, sur le littoral nous avions aussi la Kriegsmarine.
Je me souviens des "matafs" teutons avec leurs uniformes bleu sombre et leurs bâchis à rubans. Comme leurs compères biffins ils étaient chaussés de bottes cloutées avec la sempiternelle bayonnette (courte comme un poignard) au ceinturon.
Fréquemment des navires de guerre allemands (destroyers,dragueurs de mines et parfois sous-marins) jetaient l'ancre dans la baie de St Jean et déversaient alors leur "bordées" de permissionnaires.
Ces derniers envahissaient rapidement les troquets du port et se répandaient dans les rues comme des conquérants aux cris de guerre de: "Cognac! Mam'zelle!"
Si les gens s'accommodaient quelque peu des troupes d'occupation, avec la marine c'était une autre histoire. La dureté des conditions de vie pendant des semaines à bord des bâtiments faisaient que quand ils se trouvaient à terre, c'était l'explosion.
Les accrochages avec nos pêcheurs et aussi les soldats de la Wehrmacht n'étaient pas rares et c'était aux Feldgendarmes qu'il incombait de mettre de l'ordre et eux non plus n'étaient pas des tendres avec leurs matraques. J'ai eu 2 fois l'occasion de voir ce qu'il en coûtait à ceux qui enfreignaient les règles de la "korrection" et ce n'était pas de la tarte aux fraises!
Pour mémoire, nous vécûmes à St-Jean-de-Luz/Erromardie jusqu'à l'été 1943, en suite à Ciboure jusqu'à l'été 1945...
Puis enfin retour à Clo-Mi-Gi.
Luzien
Les Forces allemandes sur le littoral basque de 1940 à 1944.
L’armée allemande s’installe sur le littoral basque dans les derniers jours de juin 1940.Depuis Bordeaux, sa progression a été seulement entravée par des obstructions sur les routes,provoquées par des arbres et pylônes abattus. Les troupes s’installent en premier lieudans les casernes, mais les réquisitions vont rapidement permettre l’installation dans de nombreuxhôtels, châteaux et grandes villas du littoral. C’est ainsi que pendant plus d’un an la villa Campbell située sur l’Avenue de Biarritz, à Anglet, va héberger le général commandant la Division d’infanterie alors en place, la villa Sofia située à quelques dizaines de mèttes étant le siège de son poste de commandement. La ligne de démarcation coupe le Pays Basque endeux, elle suit la D 933 actuelle en passant par Arnéguy, Saint Jean Pied de Port, Saint Palais.
Arme par Arme, le déploiement de la Wehrmacht est le suivant:
1. LA MARINE (“KRIEGSMARINE”)
Elle n’a pas implanté de flotilles de bateaux de guerre sur la Côte Basque. Les ports de Bayonne, dans lequel se trouve un Commandant naval, et celui de Saint-Jean-de-Luz, dans lequel se trouve une Capitainerie de port, ne disposent en permanence que d’une flotille de protection portuaire, composée de petits bâtiments de servitude faiblement armés. Mais desbateaux plus importants, en provenance de ports plus septentrionaux, font souvent relâche dans la baie de Saint-Jean-de-Luz et aux appontements de l’Adour: patrouilleurs basés à Bordeaux, dragueurs de mines basés à Royan et à Pauillac, torpilleurs basés à Brest et à La Pallice, même contre-torpilleurs basés à Royan et dans la Manche. Tous viennent s’abriter et se ravitailler dans les ports basques, qui disposent de réserves de charbon, carburant marine, mines et munitions.
Il faut observer que les réquisitions allemandes vont frapper la flotte de pêche française, notamment la flotte basque.
C’est ainsi que, après militarisation de chalutiers et autres bateaux de pêche, deux flotilles de patrouilleurs seront constituées et basées aux Sables d’Olonne et à La Pallice.
Une tâche essentielle de la Kriegsmarine va être de mettre en place des batteries de canons côtiers, dès 1940, de façon à protéger l’acces des ports basques. Le port de Bayonne est important pour l’économie de guerre du 3ème Reich, étant le lieu du débarquement du minerai de fer en provenance de Bilbao: pour le seul mois de novembre 1941, une centaine de cargos entrent dans l’Adour et débarquent sur les quais 40.000 tonnes de minerai de fer.
A partir de 1942, avec le développement des fortifications littorales du Mur de l’Atlantique, les deux premières batteries de canons côtiers sises au Boucau et au fort de Socoa seront appuyées par trois autres bátteries de Marine: à La Barre (hippodrome), à Bordagain (Ciboure), à Socoa sur la route de corniche menant à Hendaye. En outre, une batterie-école de DCA sera créée à Biarritz-Beaurivage.
Enfin, la Kriegsmarine dispose sur l’Adour, au moulin de Bacheforès, de quelques hydravions monomoteurs Arado 196, qui assurent des patrouilles aériennes dans le voisinage de la frontière espagnole.
2. L’AVIATION (“LUFTWAFFE”)
En Côte Basque, les soldats de la Luftwaffe se trouvent essentiellement sur l’aérodrome de Parme ainsi que dans ses alentours, par exemple le château de Brindos. A Parme est basée la 2ème escadrille du Groupe de chasse “Ouest”, composée de douze monomoteurs Messerschmitt 109.
Outre l’opposition aux incursions des bombardiers et avions d’observation ennemis, le rôle de cette escadrille est de former de jeunes pilotes. Mais leur inexpérience et le fait que ce chasseur est délicat à piloter, particulierement lors du décollage et de l’atterrissage, ont entrainé de très nombreux accidents. C’est ainsi qu’au mois d’août 1943,sept pilotes ont trouvé la mort.
D’autres appareils fréquentent assez souvent l’aérodrome de Parme; notamment, des bimoteurs Junkers 88 et des trimoteurs Junkers 52 équipés d’un système de détection de mines marines.A Parme, Bayonne et Saint-Jean-de-Luz, le 607ème Groupe d’artillerie anti-aérienne a installé ses canons de DCA, pour protéger les agglomérations des bombardements aériens ennemis et surtout protéger les sites stratégiques représentés par l’aérodrome, les ports avec leurs installations, les ponts, les usines telle que l’usine Bréguet qui travaille en grande partie pour l’économie de guerre du 3ème Reich.
Aucune position littorale du Mur de l’Atlantique en Côte Basque n’est occupée par des soldats de la Luftwaffe; il faut noter cependant, à peu de distance, la présence de la puissante base-radar de Labenne-Océan.
3. L’ARMÉE DE TERRE (“HEER”)
De juillet 1940 à mars 1942, les quatre Divisions d’infanterie qui vont se succéder sur la Côte Basque sont toutes des unités combattantes de bonne valeur. Venues pour récupérer des campagnes de Pologne et de France, leur séjour en Côte Basque se passera en gardes, factions et manoeuvres telles celles liées aux plans d’invasion projetée en Grande-Bretagne, et aux plans de conquête de Gibraltar.
Par la suite, trois autres Divisions d’infanterie vont se succéder sur la Côte Basque, jusqu’à la fin du mois d’aout 1944. Ce sont des Divisions de second ordre, sous-motorisées, mal équipées, avec des effectifs très réduits.
A partir du printemps 1942, l’Armée de Terre est impliquée dans la construction du Mur de l’Atlantique, gigantesque ensemble de blockhaus en béton armé construits sur les côtes depuis le Cap Nord en Norvège, jusqu’à la Bidassoa. Toutes les batteries qui se trouvaient précédemment à l’air libre, donc très exposées aux bombardements aériens et navals, vont être dans la mesure du possible englobées dans des casemates de béton armé.
Aux batteries de la Kriegsmarine déjà évoquées, le Heer apporte le soutien de deux batteries lourdes sur voie ferrée, à Erromardie (Saint-Jean de Luz) et Dorrondéguy (Hendaye), et trois batteries sous casemates au golf de Chiberta, à la Pointe Sainte-Barbe, à la Pointe Sainte-Anne. Les deux batteries lourdes, installées depuis 1941, découlent des projets d’invasion de Gibraltar, elles ont été installées près de la frontière pour protéger les ponts d’Hendaye à Irun des bombardements navals ennemis.
Au plus fort de sa puissance, le Mur de l’Atlantique en Côte Basque compte donc un total de dix batteries ayant des canons d’un calibre d’au moins 75 millimètres, en incluant celle située sur la rive droite de l’Adour: densité énorme pour trente kilomètres de littoral, ne présentant pas un intérêt stratégique majeur. Ces batteries constituent autant de “Stutzpunkt” (points forts) englobés dans une trentaine d’autres positiors de moindre envergure, dénommées “Widerstandnest” (nids de résistance), qui ont pour but soit la simple observation soit la défense rapprochée du littoral par des tirs de canons légers et mitrailleuses dirigés parallélement au rivage. L’observation est un souci majeur pour les défenseurs du littoral, depuis, un sommet de falaise, un phare, un sémaphore, un château d’eau, en s’aidant si nécessaire de projecteurs, de radars “Wurzburg” et de divers instruments d’optique.
L’OPERATION “MYRMIDON”
Pour le mois de mars 1942, le Grand Quartier Général britannique avait programmé deux raids importants sur les côtes d’Aquitaine: l’un sur Saint-Nazaire, codé,”Chariot”, l’autre sur Bayonne/Saint-Jean-de-Luz, codé “Myrmidon”.
Le plan initial de “Myrmidon”, très ambitieux, prévoyait le débarquement de trois Commandos, deux bataillons de Royal Marines, deux escadrons de chars “Valentine”, deux sections d’obusiers de 94 millimètres, vingt-quatre camions: au total, trois mille hommes, qui devaient annihiler toute force ennemie présente entre Adour et Bidassoa. Après attaque et destruction des batteries côtières défendant Bayonne et Saint-Jean-de-Luz, les soldats anglais devaient s’en prendre aux installations portuaires de l’Adour, à la poudrière de Blanpignon, aux usines Bréguet, à l’aérodrome de Parme, aux forces ennemies se trouvant à Biarritz et Hendaye. Au total, les opérations à terre devaient durer 17 heures. Ce plan fut revu netement à la baisse et, le 25 mars 1942, Winston Churchhill donna son accord au plan “Myrmidon 2”, ainsi défini: Débarquement de mille hommes.à l’embouchure de l’Adour,
envoi par le fond des bateaux se trouvant à l’amarrage sur les quais du fleuve, puis bombardement naval des bateaux allemands se trouvant dans la baie de Saint-Jean-de-Luz.
Les porte-barges de débarquement “Princess Beatrix” et “Queen Emma” quittèrent le port de Falmouth le 2 avril, escortés par les torpilleurs “Calpe” et “Badsworth”, trois autres torpilleurs se trouvant en arrière-garde. Parvenus au large du Boucau, les barges furent mises à l’eau le 5 avril, entre Oh17 et Oh45. Mais en s’approchant du rivage, il fut constaté que la mer était trop forte, le passage de la barre trop dangereux: vraisemblablement, au moins la moitié des barges auraient été perdues si l’opération avait été à son terme.
De ce fait, l’opération de débarquement fut annulée, les barges récupérées par le “Princess Beatrix” et le “Queen Emma”.
Les torpilleurs “Calpe” et “Badsworth” se dirigèrent sur Saint-Jean-de-Luz mais, n’ayant pas aperçu de bateau ennemi dans la baie, tirèrent à 3h40 quelques obus, apparemment assez au hasard. La riposte des batteries côtieres allemandes fut très longue à venir et imprécise, ni les tirs de la batterie de Socoa (route de corniche), ni ceux de la batterie du Boucau ne touchèrent leurs buts.
Les sept bâtiments anglais regagnèrent Falmouth le 7 avril 1942, n’ayant aucune perte humaine à déplorer.
Sallaberry, Francis
David Johnston, 129
33000 Bordeaux