Bonjour toutes et tous!
Me voici de retour parmi vous après quelques semaines d'absence.
Il est temps de reprendre la suite de mes Souvenirs. La fin du cauchemard- Puis le jour tant attendu arriva. Nous entendîmes un véhicule rouler sur les graviers de l'allée, puis un coup de klaxon sonore. Nous nous précipitâmes et nous nous trouvèrent face à face avec notre père qui venait de descendre d'une camionnette au volant de laquelle se trouvait un Gaston souriant de toutes ses dents.
Ce fut un grand moment d'émotions pour nous tous, nous ne savions si nous devions rire ou pleurer.
Notre père nous paru pâle et amaigri mais cependant en bonne condition. Les éffusions terminées nous l'accablâmes de questions, il y avait tellement de choses que nous voulions savoir sur son arrestation, puis sa détention.
Il nous déclara qu'il nous raconterait tout dans le détail plus tard mais que pour l'instant il avait beaucoup de choses à faire. Tout d'abord il alla saluer Mr et Mme Jean puis fit une visite à Marijane, ensuite il se rendit à St.Jean avec Gaston nous promettant qu'il serait vite de retour. Nous demeurâmes à Clo-Mi-Gi dévorés d'impatience, nous demandant si tout cela était bien vrai, si notre cauchemard était vraiment terminé!
Enfin, quelques 2 heures plus tard notre père fut de retour, mais seul cette fois ayant fait le trajet à vélo et il apportait avec lui des provisions dont nous avions grand besoin.
C'est après notre repas ce soir-là qu'ils nous raconta ses mésaventures. -
L'arrestation: Ce jour-là il était parti en fin d'après-midi avec le jeune Goyo dans la camionette de Gaston et à notre grande surprise nous apprîmes que notre chienne Moyo était avec lui!
Après avoir franchi le Col de St.Ignace et passé Sare, Gaston les déposa à proximité d'un sentier et ils continuèrent leur route à pied. Il franchirent la frontière à la nuit tombée avec un groupe de personnes. Comme nous lui demandions qui ces "personnes" étaient, il nous répondit simplement: "des gens". Nous n'insistâmes pas!
La frontière franchie ils laissèrent les "gens" dans une "venta" et ils en profitèrent pour faire l'achat de conserves et autres denrées.
Au lever du jour, après avoir pris un peu de repos, ils prirent le chemin du retour.
Ils étaient à environ 200m de la frontière et marchaient parmi les touyas quand Moyo se mit à gronder. Ne voyant rien de suspect et pensant que Moyo avait flairé un renard ou un lièvre -car étant toujours en territoire espagnol il ne pouvait s'agir d'une patrouille allemande- mon père se pencha sur la chienne pour la calmer et quand il se redressa il se trouva face à face avec 2 carabinieros qui pointaient leurs fusils sur lui et Goyo. Ils étaient faits.
Bien cachés parmi les touyas les 2 carabinieros* leur avaient tendu une belle embuscade.
Le premier instant de surprise passé, notre père fit "contre mauvaise fortune bon coeur", faisant le deuil de ses marchandises et de l'argent qui lui restait, mais il demeurait persuadé que ces pirates les laisseraient ensuite pousuivre leur chemin, quitte à se faire prendre ailleurs. Mais il déchanta quand les carabinieros leur ordonnèrent de venir avec eux et prirent la direction de Dancharinea. Notre père, parlant parfaitement l'espagnol, tenta de plaider sa cause et celle de Goyo, mais rien n'y fit. Ils étaient probablement tombé sur les 2 seuls carabinieros honnêtes de ce côté de la frontière!
Avec leur escorte ils arrivèrent au village frontière de Dancharinea. Les 2 carabinieros conduisirent leurs 2 captifs au poste frontière espagnol, Moyo suivant docilement. Après avoir été délestés de leurs sacs, deux autres carabinieros les prirent en charge et ils se dirrigèrent vers le pont et Dancharia situé de l'autre côté. Les dernières illusions de notre père s'envolèrent, côté français le poste de douane était occupé par des douaniers français, mais aussi par des"mobiles" et des soldats allemands.
Pour mon père il ne fit aucun doute que les carottes étaient cuites! -
(à suivre)
* Ces carabinieros étaient l'équivalent de nos gardes-mobiles, ils patrouillaient le versant espagnol de la frontière et leur rôle était avant tout de remettre aux autorités allemandes tous ceux qu'ils capturaient aprés qu'ils eus traversé la frontière: contrebandiers, dissidents, évadés, etc... Si l'Espagne n'était pas en guerre, elle était alliée de l'Allemagne et les franquistes jouaient bien leur rôle de complice.
Ces carabinieros étaient aussi de vrais pirates agissant souvent pour leur propre compte, mal payés, mal nourris, mal vêtus, ils se contentaient de dévaliser leurs victimes, saisissant leurs marchandises mais aussi argent, bijoux et autres valeurs.
ls dépouillaient ceux (ou celles) qui tombaient entre leurs mains, pour ensuite les remettre aux allemands ou dans le meilleur cas, les renvoyer de l'autre côté de la frontière et les abandonner à leur sort. Certaines personnes subirent cette dernière expérience plusieurs fois!