Mon ami Josef à fière allure là haut, bien tenu par des crampons. C'est une position qui deviendra bientôt, pour lui, dangereuse car trop exposée aux mitraillage des avions alliés.
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Le lundi 20 décembre les travaux sont terminés, c’est le retour à la compagnie.
Le vendredi 24 décembre 1943 noël est fêté et à cette occasion le général fait un discours. Il dit en substance
« Nous nous attendons à une invasion des Britanniques et des Américains l’année prochaine. Beaucoup resteront à terre mais nous les encerclerons et ils seront défaits. » . Bon !!!!
Josef vient d’être nommé caporal, aussi arrose t-il cette promotion au vin rouge.
Début janvier 1944, Willibald, prévient son frère qu’il ira bientôt en permission chez ses parents en Allemagne. Josef en présente une et l'obtient exceptionnellement . Il peut ainsi le rejoindre et passer quelques moments tous réunis. Ce seront les derniers puisque Willibald sera tué le 14 juillet de cette même année à Saint Lô
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Une mère comme toutes les mères qui profite d’un instant merveilleux, avoir ses deux fils auprès d’elle et rêver de ne pas les voir partir
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Willibald, frère de Josef, tué le 14 juillet 1944 à Saint LôLa compagnie avait constitué en Russie quelques réserves d’essence économisée sur sa propre dotation, aussi plutôt que la reverser comme il se doit, le commandant décide d’organiser des cours de conduite automobile pour l’obtention du permis. Josef profite de cette occasion d'autant plus que la formation se déroule à Paris. C’est une promenade supplémentaire, du temps libre, une distraction volée à la guerre. Il réussit l’examen.
Au printemps 1944 les alliés intensifient les bombardements qui visent en priorité les axes de communication, les voie ferrées et surtout les gares. Josef et son équipe ne chôment pas, ils interviennent fréquemment et notamment après le bombardement de la ville de Creil, au nord de Paris. La grande gare, les voies ferrées, les locomotives et wagons sont détruits. D’immenses cratères ont créé un nouveau paysage, le travail s’annonce de taille pour l’équipe de pionniers. Il faut faire vite pour ne pas stopper l’approvisionnement des troupes stationnées en Normandie.
Du 24 avril au 17 mai Josef obtient une permission, c’est en fait un congé de convalescence.
En France, il est cantonné le plus souvent
dans de bonnes maisons, comme il dit, réquisitionnées. La connaissance de la langue française n'est pas nécessaire parce qu'il n'a aucun contact avec la population. A l’occasion d’achats, il indique l'article souhaité, demande
« combien ? » et paye. C'est tout.
A partir de Versailles ou Saint Germain en Laye, il peut atteindre très vite le centre de la Capitale en empruntant le chemin de fer de banlieue et le métro. En matière de promenade, il existe des consignes de sécurité,
il ne peut jamais circuler seul dans la ville, il faut au moins être accompagné d’un autre soldat, il doit porter son arme. Il se plait beaucoup à visiter Paris, le marché aux puces. Il va au Kino, au Soldatenheim où il peut boire et manger, des artistes s’y produisent, des chanteurs. belle ville Paris, la Russie est loin. Eh oui!
De retour à la compagnie, chacun a le sentiment qu’il se passera prochainement un évènement important. Le cantonnement est changé de place. Le déménagement s’effectue de leur maison particulière située sur la route de Versailles vers des baraquements après Saint Germain en Laye. Fini le confort dans
le luxe! Là, tous creusent des abris pour se protéger des attaques aériennes.
Au moment du débarquement (invasion) la compagnie est dirigée vers le front de Normandie. Josef voit des escadres de bombardiers alliés qui les survolent sans cesse, nuit et jour. Certaines se dirigent en direction l’Allemagne d’autres détruisent les voies de communication sur le territoire français. Il n’aperçoit pas ou peu d’avions allemands, sauf un fois où quatre chasseurs allemands sont aux prises au loin avec cinq chasseurs britanniques.
Des travaux de réparations sont à effectuer sur la ligne de chemin de fer à Laigle – Verneuil où le groupe cantonne quelques jours, puis se dirige sur Argentan.
Un après midi l’équipe fait une pause quand soudain des avions alliés volent en sa direction en déversant un tapis de bombes. Chance ! personne n’est touché, la dernière bombe du chapelet est tombée à 100 mètres devant. Les hommes ont peur. La ligne de chemin de fer est complètement détruite il faut la remettre en état.
A partir de ce jour le danger devient permanent. Le front se rapproche.
Vers le 20 août l’unité reçoit l’ordre de se replier. Il n’est pas possible de circuler de jour sans être harcelé par l’aviation alliée. Les Jagdbomber sont continuellement présents dans le ciel. Les déplacements se font de nuit tous feux éteints.
C’est vers Paris que se dirige l’unité. Heureusement le convoi bénéficie d’un beau clair de lune. Berthold s’assoit sur le garde boue avant gauche du véhicule pour guider le chauffeur. Josef se positionne en haut de la cabine avec une lampe de poche pour indiquer, par de brefs signaux lumineux, leur présence aux véhicules ou blindés qui croisent et qui se dirigent vers le front. Malgré toutes ces précautions le véhicule va au fossé. Il y a des blessés, Josef est indemne malgré son dangereux positionnement en haut de la cabine, chance pour lui. Le véhicule est remis sur la route et rentre dans le convoi.
La traversée de Paris est longue, les plaques qui indiquent le nom des rue sont toutes recouvertes d’une couleur noire (???) il est donc difficile pour la colonne de trouver son chemin en direction du nord de la France vers la frontière belge.
( Quelqu'un sur le Forum a t-il connaissance des plaques de rues de Paris, noircies afin de les rendre non identifiables)
Le 26 août 1944, c’est le 20ème anniversaire de Josef, il stationne momentanément près de Charleville/Sedan en France.
Son véhicule a brûlé, le groupe de vingt bonshommes est condamné à accompagner avec des bicyclettes, le Panjewagen de leurs Hiwis
( Hilfswilliger) auxiliaires russes.
Il faut impérativement effectuer 40 kms par jours. Sur le chemin de la retraite, en Belgique, le chef de groupe choisi un endroit pour passer la nuit. C’est une usine désaffectée en dehors d’un village, en bordure de forêt. Tout le monde s’installe au premier étage. Un camarade joue de l’harmonica jusqu’à la nuit tombée quand soudain des tirs et explosions se font entendre. Des résistants ont jeté des grenades à mains endommageant des véhicules.
Au petit matin, pour plus de sécurité, le groupe se rassemble dans la rue principale du village et fait mouvement sur Saint Vith, les Monts Eiffel, vers le Rhin et Kadenbach. Le voyage a duré onze jours.
Le 17 septembre le groupe intervient pour des réparations sur la voie de chemin de fer Koblenz – Trier. Il est cantonné à Schweich près de Trier et doit chaque jour se rendre Herang.
Quand le temps est clair il peut voir passer au dessus de sa tète, les V1 et V2 qui volent en direction de l’Angleterre pour y semer la mort et la destruction.
Le 22 novembre il est muté à Bullay pour remplacer le chauffeur absent, d’un officier. Il a son permis mais n’a aucune pratique. Par bonheur il n’a pas à conduire. Dans le cas contraire il est certain qu’il aurait provoqué un accident. Il se rend au ravitaillement pour la compagnie à Neuerburg –Wittlich – et Osann avec un Hiwi et un Panjefuhrwerk, c’est plus prudent.
La ligne ferroviaire qui traverse la Moselle, est très souvent la cible d’attaques aériennes. Les habitants dont la maison est située à proximité de cette ligne de chemin de fer s’abritent le jour dans des cabanes de la forêt voisine et rejoignent leur foyer à la nuit tombante.
Josef a parfois quelques moments libres , il se rend alors à « l’Hôtel de la plage » où il écrit des poèmes en se servant de la machine à écrire de la maison. Le patron est « bon prince», il ouvre une bonne bouteille de vin blanc, ils la dégustent ensemble savourant un instant de paix.
Il fête Noël 1944 tant bien que mal avec ses camarades. On lui présente quand même un bon repas, du vin, des cigarettes, des gâteaux, du papier à lettre et quelques autres babioles.
Le 27 décembre il est affecté comme agent des transmissions de la Compagnie à Kadenbach.
Koblenz est totalement détruite. Quelques jours plus tard il se rend à Bullay mais le pont à Eller n’existe plus, il faut effectuer un grand détours pour y arriver.
Le 16 décembre 1944, c’est l’offensive des Ardennes, dernière réaction notable des troupes allemandes avec l’espoir de s’emparer des Pays-Bas, de la Belgique et du port d’Anvers. Josef espère que l’armée allemande reprendra le dessus. L’espoir a été de courte durée et la déception prévisible. La vie continue pleine de frayeurs et d’incertitudes.
Le 9 janvier 1945 il rejoint de nouveau son groupe initial avec lequel il ne cesse de réparer les dégâts occasionnés par l’aviation sur les voies ferrées dans les environ de Schweich, à peine réparé, tout de suite détruit.
Le 26 février il est à Wengerohr une importante gare. Cependant là, il ne peut réparer qu’au crépuscule ou au clair de lune, les avions alliés veillent. S’ils décidaient de travailler le jour, lui et ses camarades se feraient
allumer comme d'excellentes cibles, juchés ainsi comme des perroquets, en haut des poteaux télégraphiques.
Le front maintenant se rapproche toujours très rapidement. Le 7 mars 1945 l’équipe bat en retraite jusque Kadenbach. Le 13 mars Josef est muté dans un autre groupe cantonné à Wirges NE de Koblenz, dans la forêt.
Le 26 mars ordre est donné de détruire tous les dispositifs, appareils dans la gare de Wirges. Le groupe très allégé se rend à bicyclette dans un lieu déterminé à Ruppach-Goldhausen près de Montabaur en Rhénanie-Palatinat. Là le groupe attend des retardataires, Becker, Shäffer et d’autres qui ne viennent pas, pour la bonne raison qu’ils ont déserté. Chacun se pose la question s’il faut franchir le front pour revenir à la maison ou alors continuer la fuite en avant. Dans cette attente un temps précieux est perdu. Il est décidé en fin de compte de poursuivre la retraite. Pas question d’utiliser le camion à cause de l’aviation alliée toujours très vigilante et maître du ciel. C’est dans la forêt entre Dahlen et Berod qu’ils se cachent. Les soldats américains avec des blindés arrivent, les encerclent. Ils n’ont d’autres recours que de se rendre.
Le groupe est dirigé dans un pré transformé en Sammellager (camp de prisonniers) à Meudt (Entre Koblenz et Wetzlar). Des civils leur apportent de l’eau. Josef profite de leur présence pour leur demander de prévenir sa famille afin de l'informer qu'il est toujours vivant. En effet, c’est de cette région qu’il est originaire. Il transmet leurs coordonnées.
Josef se dit que si le groupe n’avait pas eu à attendre des retardataires qui ne sont pas venus parce qu'ils avaient déserté, il aurait pu rejoindre sa compagnie. Pour lui c’est un cas de conscience. Celle-ci dans sa retraite reflue sur Giessen, Thüringen et plus loin encore jusqu’en Autriche. C’est en Autriche que leur commandant de compagnie l’Oberleutnant Pohl, que Josef appréciait beaucoup pour son humanité, a été abattu par un officier supérieur Allemand parce qu’il avait fait descendre et brûler le drapeau d’un Baron autrichien ( ???). Josef est prisonnier. Il ne se doute pas que c'est une réelle chance pour sa vie. Cette chance qui l'accompagne depuis qu'il est soldat et qui l'accompagnera jusqu'à la fin de sa captivité. Chance ou Ange gardien!?