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Parcours d'un soldat allemand pendant la seconde guerre mondiale.

Retrouvez ici toutes les histoires vécues et les récits de guerre. Déposez ici les témoignages en votre possession sur la vie pendant le conflit. C'est un pan important du devoir de mémoire cher à notre forum.

Parcours d'un soldat allemand pendant la seconde guerre mondiale.

Nouveau message Post Numéro: 1  Nouveau message de Aldebert  Nouveau message 18 Fév 2012, 19:51

Parcours d’un soldat allemand pendant la seconde guerre mondiale.

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Parcours d’un soldat allemand pendant la seconde guerre mondiale.

Josef aura cette année 88 ans. Encore bon pied bon œil, surtout bon pied parce qu’il est demeuré grand voyageur.
Il m’a confié un texte et des photos qui illustrent son parcours militaire et m’a donné son accord pour leur publication. Le texte original est beaucoup plus dense, en effet josef a pu réunir une grande partie de la correspondance qu’il a adressée à sa famille ou reçue d’elle. Il avait toujours par devers-lui un carnet sur lequel il notait à ses moments de repos, les évènements du moment.
Son périple est le suivant. Il traverse une partie de la Russie pour un court séjour. Son unité est ensuite transférée en France. Il est ensuite fait prisonnier, il devient démineur du 30 août 1945 au 6 octobre 1947, affecté d'office, non volontaire au service de déminage du département de la Seine Inférieure (Seine Maritime). Durs moments.


Josef est le frère de Willibald, mort au combat à saint Lô le 14 juillet 1944.

Merci à Yvonnick qui nous a «sorti » des photos impeccables. (celles de Josef)


Cinq photos ont été empruntées au Net –
Denasbrücke – Panjewagen – carte en couleur – trois types de mines.

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Caserne de Wetzlar

Josef est incorporé le 17 octobre 1942, il a 18 ans et 7 semaines. Il se rend sur convocation militaire à Offenbach où il prend le train avec d’autres camarades pour rejoindre le NEA 9 à Wetzlar an Lahn. C’est dans cette caserne qu’il est enregistré, vacciné. On lui remet le livret de paie, il est soumis à des tests dont les résultats permettront de le diriger vers une formation correspondant à ses aptitudes formation qu’il suivra avant d’être envoyé en Russie.
Il est versé dans une compagnie de pionniers. Les premiers moments de cette nouvelle vie militaire lui sont très pénibles après avoir vécu bien confortablement dans la ferme de ses parents, ce n’est pas un guerrier. Bagotage, exercices de combat équipé du masque à gaz, ne sont pas de son goût.

Il fête Noël 1942 à la caserne et le 21 janvier 1943 il obtient une permission de 16 jours, bien heureux jours ! dit-il.

Le 20 février une partie des soldats de sa compagnie d’instruction est affectée dans différentes unités. Plus de 70 sont désignés pour aller en France et en Russie, qui quittent le centre de formation pour aller rejoindre leur première affectation. Il fait ses adieux aux camarades et aux formateurs avec qui il a passé de nombreuses et dures journées mais aussi avec qui il a goûté quelques moments agréables. Pour l’instant lui ne part pas, il reste, son instruction n’est pas terminée.

Le 15 avril il rejoint Hanau, caserne des pionniers du chemin de fer messages Z.b.V
Régiment. Peut-être a t-il été versé dans cette unité spécialisée dans la réparation et l’installation des lignes téléphoniques sur les voies de chemin de fer à cause de petite taille. En effet quand il est nécessaire de grimper aux poteaux à l’aide de crampons , il ne faut pas être trop lourd.
Le départ pour la Russie est fixé au 17 mai 1943 à 10h30.
Les soldats de son unité occupent des wagons de marchandises aménagés, ils embarquent pour un long voyage. Ils traversent Fulda – Eisenach – Erfurt – Halle – Cottbus - Glogau et s’approchent de la frontière. Frontière franchie le 18 mai à 12 heures, le train roule vers Bialystock - Lida – Minsk – Globin – Gomel jusqu’au terme du voyage Konotop. Cette ville située entre Orel et kursk est atteinte le 22 mai. Le pays « ennemi » qu’il découvre pour la première fois, l’impressionne beaucoup. Le 23 mai, les wagons sont déchargés. Il quitte le train, des camions emmènent alors toute l’unité à environ 80 kms plus à l’est Altinowka
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Re: Parcours d'un soldat allemand pendant la seconde guerre mondiale.

Nouveau message Post Numéro: 2  Nouveau message de Aldebert  Nouveau message 18 Fév 2012, 23:06

...suite
Dès son arrivée il est affecté à des travaux de réparation et montage de lignes télégraphiques sur plusieurs voies de chemin de fer. Le réveil est fixé à 04h00, la fin du travail à19h00. Pour la première fois il pratique dans les conditions réelles de guerre avec usage des crampons, le travail pour lequel il a été formé au sein de la compagnie des pionniers téléphoniques. Il s’était bien sûr entraîné à Wetzlar mais ici c’est autre chose ! Le temps est froid et humide le pays est triste. C’est l’époque de la grande bataille de Kursk. Le travail ne manque pas.
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Le moyen de transport des outils et matériels pour assurer les travaux semble archaïque. Le bon cheval rend de précieux services. Le travail est pénible, Josef se fait envoyer par ses parents une crème pour soigner les plaies qui lui brûlent les mains. La position dans le travail lui donne des crampes dans les jambes. L’approvisionnement en nourriture, correct au début de son arrivée, devient au fil du temps de plus en plus insuffisant. Le cantonnement change souvent d’endroit pour être au plus près du lieu d’intervention. Ces lieux isolés sont en général infestés de serpents, insectes et autres nuisibles. Les dix pionniers qui constituent l’équipe du téléphone des chemins de fer, ressemble plus à des bohémiens d’un Panjewagen plutôt qu’à des soldats. Ils sont souvent sales, l’estomac insuffisamment garni.
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Les grandes chaleurs arrivent, elles rendent le travail encore plus pénible. Josef passe par des moments de découragement et rêve d’être chez lui. Un rêve bien sûr, seulement un rêve
Les interventions de son équipe se portent maintenant sur les lignes de chemin de fer de Melnia – Krolewetz ou Konotop - Chutor – Michailowski - Tetkino – Obod, direction Kursk, Linowo, Chutor - Michailowski.- Desnabrück
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Le 11 août c’est un chantier à Krolewetz, où une nouvelle ligne est montée et où sont consolidés les arrières, cette implémentation est interrompue le 20 août.

Une nuit à Wirowka josef est de garde de nuit. Il entend des bruits furtifs du coté de la roulante, ouf ! c’est un chat. Il n’en menait pas large !

Le lendemain matin, aidé par un Russe, un Hiwi (hilfswilliger) auxiliaire volontaire, il charge et prépare son Panjewagen pour un prochain chantier.
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Re: Parcours d'un soldat allemand pendant la seconde guerre mondiale.

Nouveau message Post Numéro: 3  Nouveau message de Aldebert  Nouveau message 18 Fév 2012, 23:22

....
La population locale ne se montre en général pas hostile à l’égard des équipes de pionniers des chemins de fer. Josef apprend plusieurs mots de Russe pour faciliter la communication.
Le cantonnement est fortifié pour se protéger d’attaques toujours possibles des partisans. Des apparitions de l’aviation ennemie sont aussi à craindre.
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Le grondement lointain des combats sur le front du coté de Kursk se fait entendre.
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Comme un bouteillon le bruit court tout à coup que l’unité rentre en Allemagne. Ce bruit devient réalité le 20 août 1943, le bouteillon n’est pas percé.
Après un trimestre passé ici Josef est heureux de quitter ce paysage triste et désolé. Il est surtout satisfait de ne pas devoir passé l’hiver dans ce pays réputé pour ses glaces.

Embarquement le 20 août «Nach Deutschland ». L’itinéraire du retour passe par Bachmatsch - Gomel - Minsk – Baranowitsche - Brest-Litowsk - Warschau (Varsovie).
Le 26 août, Josef fête son 19e anniversaire de naissance après avoir passé Posen - Guben, Cottbus et Halles. Au passage de la frontière, chaque soldat reçoit une demi bouteille de Vodka. Le train continue son chemin et emmène la troupe vers Merseburg, Weissenfels, Erfurt, Gotha, Eisenach, Gerstungen, Treysa, Marburg, Giessen, Wetzlar. Wetzlar le voici revenu à son point de départ !




Pas d’arrêt, pas de permission en Allemagne, schade ! Le convoi poursuit son chemin vers la France traverse du Rhin , Metz - Chalons sur Marne – Vaires sur Marne - Versailles et Bougival. Le 29 août 1943 l’unité est basée à Louveciennes non loin de Paris. Ah ! la France, c’est autre chose que la Russie !!! s’exclame Josef…et pour cause. Wie gott in Frankreich leben " Heureux comme dieu en France" Vieil adage allemand

Le 1er septembre présentation au nouveau commandement le Generalleutnant.

L’Installation est terminée. La matinée est provisoirement consacrée à des travaux et corvées dans le quartier. L’après midi possibilité de promenade à Versailles avec visite du château. Des journées sont prévues pour l’office de la messe.
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A partir du 6 septembre le temps est consacré à la formation théorique, de 7 heures du matin à 7 heures du soir. Ensuite exercices de combat, bagotage, marches, appels, jamais en Russie il n’avait été soumis à un tel régime
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Josef Schnabel

Le train de Josef, le N° 3 a obtenu une récompense pour la bonne exécution du travail que sa compagnie a effectué sur les voies ferrées en Russie. Quelques jours de vacances dans les Alpes françaises sont bien accueillis. Départ le 30 octobre arrivée le lendemain à Lyon. Ces vacances lui semblent merveilleuses. Le 1er Novembre jour de la Toussaint, il visite St Gervais près de Chamonix, logé dans un bel hôtel. Le 2 novembre, les trois copains se sont achetés un gros sac de poires qu’ils dégustent ensemble.
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Le samedi 13 novembre l’équipe d’intervention de Josef quitte à nouveau la compagnie cantonnée à Louveciennes/Bougival pour des travaux sur une voie de chemin de fer dans la région de Calais.
Le 14 novembre elle passe à Amiens et cantonne à Famechon. Là, l’équipe est prête pour l’installation de nouvelles lignes téléphoniques sur la voie de chemin de fer. Ce n’est pas un moment agréable, le temps est froid et humide et les vêtements sont très rapidement trempés.
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Re: Parcours d'un soldat allemand pendant la seconde guerre mondiale.

Nouveau message Post Numéro: 4  Nouveau message de Aldebert  Nouveau message 19 Fév 2012, 16:56

Mon ami Josef à fière allure là haut, bien tenu par des crampons. C'est une position qui deviendra bientôt, pour lui, dangereuse car trop exposée aux mitraillage des avions alliés.
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Le lundi 20 décembre les travaux sont terminés, c’est le retour à la compagnie.
Le vendredi 24 décembre 1943 noël est fêté et à cette occasion le général fait un discours. Il dit en substance « Nous nous attendons à une invasion des Britanniques et des Américains l’année prochaine. Beaucoup resteront à terre mais nous les encerclerons et ils seront défaits. » . Bon !!!!
Josef vient d’être nommé caporal, aussi arrose t-il cette promotion au vin rouge.

Début janvier 1944, Willibald, prévient son frère qu’il ira bientôt en permission chez ses parents en Allemagne. Josef en présente une et l'obtient exceptionnellement . Il peut ainsi le rejoindre et passer quelques moments tous réunis. Ce seront les derniers puisque Willibald sera tué le 14 juillet de cette même année à Saint Lô
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Une mère comme toutes les mères qui profite d’un instant merveilleux, avoir ses deux fils auprès d’elle et rêver de ne pas les voir partir
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Willibald, frère de Josef, tué le 14 juillet 1944 à Saint Lô

La compagnie avait constitué en Russie quelques réserves d’essence économisée sur sa propre dotation, aussi plutôt que la reverser comme il se doit, le commandant décide d’organiser des cours de conduite automobile pour l’obtention du permis. Josef profite de cette occasion d'autant plus que la formation se déroule à Paris. C’est une promenade supplémentaire, du temps libre, une distraction volée à la guerre. Il réussit l’examen.

Au printemps 1944 les alliés intensifient les bombardements qui visent en priorité les axes de communication, les voie ferrées et surtout les gares. Josef et son équipe ne chôment pas, ils interviennent fréquemment et notamment après le bombardement de la ville de Creil, au nord de Paris. La grande gare, les voies ferrées, les locomotives et wagons sont détruits. D’immenses cratères ont créé un nouveau paysage, le travail s’annonce de taille pour l’équipe de pionniers. Il faut faire vite pour ne pas stopper l’approvisionnement des troupes stationnées en Normandie.

Du 24 avril au 17 mai Josef obtient une permission, c’est en fait un congé de convalescence.

En France, il est cantonné le plus souvent dans de bonnes maisons, comme il dit, réquisitionnées. La connaissance de la langue française n'est pas nécessaire parce qu'il n'a aucun contact avec la population. A l’occasion d’achats, il indique l'article souhaité, demande « combien ? » et paye. C'est tout.

A partir de Versailles ou Saint Germain en Laye, il peut atteindre très vite le centre de la Capitale en empruntant le chemin de fer de banlieue et le métro. En matière de promenade, il existe des consignes de sécurité, il ne peut jamais circuler seul dans la ville, il faut au moins être accompagné d’un autre soldat, il doit porter son arme. Il se plait beaucoup à visiter Paris, le marché aux puces. Il va au Kino, au Soldatenheim où il peut boire et manger, des artistes s’y produisent, des chanteurs. belle ville Paris, la Russie est loin. Eh oui!

De retour à la compagnie, chacun a le sentiment qu’il se passera prochainement un évènement important. Le cantonnement est changé de place. Le déménagement s’effectue de leur maison particulière située sur la route de Versailles vers des baraquements après Saint Germain en Laye. Fini le confort dans le luxe! Là, tous creusent des abris pour se protéger des attaques aériennes.

Au moment du débarquement (invasion) la compagnie est dirigée vers le front de Normandie. Josef voit des escadres de bombardiers alliés qui les survolent sans cesse, nuit et jour. Certaines se dirigent en direction l’Allemagne d’autres détruisent les voies de communication sur le territoire français. Il n’aperçoit pas ou peu d’avions allemands, sauf un fois où quatre chasseurs allemands sont aux prises au loin avec cinq chasseurs britanniques.

Des travaux de réparations sont à effectuer sur la ligne de chemin de fer à Laigle – Verneuil où le groupe cantonne quelques jours, puis se dirige sur Argentan.
Un après midi l’équipe fait une pause quand soudain des avions alliés volent en sa direction en déversant un tapis de bombes. Chance ! personne n’est touché, la dernière bombe du chapelet est tombée à 100 mètres devant. Les hommes ont peur. La ligne de chemin de fer est complètement détruite il faut la remettre en état.
A partir de ce jour le danger devient permanent. Le front se rapproche.

Vers le 20 août l’unité reçoit l’ordre de se replier. Il n’est pas possible de circuler de jour sans être harcelé par l’aviation alliée. Les Jagdbomber sont continuellement présents dans le ciel. Les déplacements se font de nuit tous feux éteints.
C’est vers Paris que se dirige l’unité. Heureusement le convoi bénéficie d’un beau clair de lune. Berthold s’assoit sur le garde boue avant gauche du véhicule pour guider le chauffeur. Josef se positionne en haut de la cabine avec une lampe de poche pour indiquer, par de brefs signaux lumineux, leur présence aux véhicules ou blindés qui croisent et qui se dirigent vers le front. Malgré toutes ces précautions le véhicule va au fossé. Il y a des blessés, Josef est indemne malgré son dangereux positionnement en haut de la cabine, chance pour lui. Le véhicule est remis sur la route et rentre dans le convoi.
La traversée de Paris est longue, les plaques qui indiquent le nom des rue sont toutes recouvertes d’une couleur noire (???) il est donc difficile pour la colonne de trouver son chemin en direction du nord de la France vers la frontière belge.
( Quelqu'un sur le Forum a t-il connaissance des plaques de rues de Paris, noircies afin de les rendre non identifiables)

Le 26 août 1944, c’est le 20ème anniversaire de Josef, il stationne momentanément près de Charleville/Sedan en France.
Son véhicule a brûlé, le groupe de vingt bonshommes est condamné à accompagner avec des bicyclettes, le Panjewagen de leurs Hiwis ( Hilfswilliger) auxiliaires russes.
Il faut impérativement effectuer 40 kms par jours. Sur le chemin de la retraite, en Belgique, le chef de groupe choisi un endroit pour passer la nuit. C’est une usine désaffectée en dehors d’un village, en bordure de forêt. Tout le monde s’installe au premier étage. Un camarade joue de l’harmonica jusqu’à la nuit tombée quand soudain des tirs et explosions se font entendre. Des résistants ont jeté des grenades à mains endommageant des véhicules.
Au petit matin, pour plus de sécurité, le groupe se rassemble dans la rue principale du village et fait mouvement sur Saint Vith, les Monts Eiffel, vers le Rhin et Kadenbach. Le voyage a duré onze jours.
Le 17 septembre le groupe intervient pour des réparations sur la voie de chemin de fer Koblenz – Trier. Il est cantonné à Schweich près de Trier et doit chaque jour se rendre Herang.
Quand le temps est clair il peut voir passer au dessus de sa tète, les V1 et V2 qui volent en direction de l’Angleterre pour y semer la mort et la destruction.
Le 22 novembre il est muté à Bullay pour remplacer le chauffeur absent, d’un officier. Il a son permis mais n’a aucune pratique. Par bonheur il n’a pas à conduire. Dans le cas contraire il est certain qu’il aurait provoqué un accident. Il se rend au ravitaillement pour la compagnie à Neuerburg –Wittlich – et Osann avec un Hiwi et un Panjefuhrwerk, c’est plus prudent.
La ligne ferroviaire qui traverse la Moselle, est très souvent la cible d’attaques aériennes. Les habitants dont la maison est située à proximité de cette ligne de chemin de fer s’abritent le jour dans des cabanes de la forêt voisine et rejoignent leur foyer à la nuit tombante.
Josef a parfois quelques moments libres , il se rend alors à « l’Hôtel de la plage » où il écrit des poèmes en se servant de la machine à écrire de la maison. Le patron est « bon prince», il ouvre une bonne bouteille de vin blanc, ils la dégustent ensemble savourant un instant de paix.
Il fête Noël 1944 tant bien que mal avec ses camarades. On lui présente quand même un bon repas, du vin, des cigarettes, des gâteaux, du papier à lettre et quelques autres babioles.
Le 27 décembre il est affecté comme agent des transmissions de la Compagnie à Kadenbach.
Koblenz est totalement détruite. Quelques jours plus tard il se rend à Bullay mais le pont à Eller n’existe plus, il faut effectuer un grand détours pour y arriver.
Le 16 décembre 1944, c’est l’offensive des Ardennes, dernière réaction notable des troupes allemandes avec l’espoir de s’emparer des Pays-Bas, de la Belgique et du port d’Anvers. Josef espère que l’armée allemande reprendra le dessus. L’espoir a été de courte durée et la déception prévisible. La vie continue pleine de frayeurs et d’incertitudes.
Le 9 janvier 1945 il rejoint de nouveau son groupe initial avec lequel il ne cesse de réparer les dégâts occasionnés par l’aviation sur les voies ferrées dans les environ de Schweich, à peine réparé, tout de suite détruit.
Le 26 février il est à Wengerohr une importante gare. Cependant là, il ne peut réparer qu’au crépuscule ou au clair de lune, les avions alliés veillent. S’ils décidaient de travailler le jour, lui et ses camarades se feraient allumer comme d'excellentes cibles, juchés ainsi comme des perroquets, en haut des poteaux télégraphiques.

Le front maintenant se rapproche toujours très rapidement. Le 7 mars 1945 l’équipe bat en retraite jusque Kadenbach. Le 13 mars Josef est muté dans un autre groupe cantonné à Wirges NE de Koblenz, dans la forêt.
Le 26 mars ordre est donné de détruire tous les dispositifs, appareils dans la gare de Wirges. Le groupe très allégé se rend à bicyclette dans un lieu déterminé à Ruppach-Goldhausen près de Montabaur en Rhénanie-Palatinat. Là le groupe attend des retardataires, Becker, Shäffer et d’autres qui ne viennent pas, pour la bonne raison qu’ils ont déserté. Chacun se pose la question s’il faut franchir le front pour revenir à la maison ou alors continuer la fuite en avant. Dans cette attente un temps précieux est perdu. Il est décidé en fin de compte de poursuivre la retraite. Pas question d’utiliser le camion à cause de l’aviation alliée toujours très vigilante et maître du ciel. C’est dans la forêt entre Dahlen et Berod qu’ils se cachent. Les soldats américains avec des blindés arrivent, les encerclent. Ils n’ont d’autres recours que de se rendre.
Le groupe est dirigé dans un pré transformé en Sammellager (camp de prisonniers) à Meudt (Entre Koblenz et Wetzlar). Des civils leur apportent de l’eau. Josef profite de leur présence pour leur demander de prévenir sa famille afin de l'informer qu'il est toujours vivant. En effet, c’est de cette région qu’il est originaire. Il transmet leurs coordonnées.
Josef se dit que si le groupe n’avait pas eu à attendre des retardataires qui ne sont pas venus parce qu'ils avaient déserté, il aurait pu rejoindre sa compagnie. Pour lui c’est un cas de conscience. Celle-ci dans sa retraite reflue sur Giessen, Thüringen et plus loin encore jusqu’en Autriche. C’est en Autriche que leur commandant de compagnie l’Oberleutnant Pohl, que Josef appréciait beaucoup pour son humanité, a été abattu par un officier supérieur Allemand parce qu’il avait fait descendre et brûler le drapeau d’un Baron autrichien ( ???). Josef est prisonnier. Il ne se doute pas que c'est une réelle chance pour sa vie. Cette chance qui l'accompagne depuis qu'il est soldat et qui l'accompagnera jusqu'à la fin de sa captivité. Chance ou Ange gardien!?
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Re: Parcours d'un soldat allemand pendant la seconde guerre mondiale.

Nouveau message Post Numéro: 5  Nouveau message de Aldebert  Nouveau message 19 Fév 2012, 19:34

....
Il regrette d’avoir été obligé d’abandonner ses vieux copains qu’il n’avait jamais quittés depuis sa formation et qu'il avait acompagnés en Russie puis en France. Dans le groupe présent, il connaît peu ses camarades avec qui il n’a pas vraiment sympathisé.
Le lendemain de sa capture il est chargé dit-il « comme du bétail » vers un autre lieu de rassemblement à Zülpich (entre Bonn et Aachen), puis direction Namur en Belgique où s’effectue l’épouillage.

Le 31 mars 1945, avec 60 autres prisonniers, il embarque par le train dans des wagons ouverts, en direction de Paris avec deux jerricanes d’eau et quelques nourritures. Passé Paris le train poursuit son chemin vers Cherbourg. Josef peu ainsi revoir les voies de chemin de fer et les lignes télégraphiques qu’ils réparaient quelques mois plus tôt.
Le 4 avril au matin il arrive à Cherbourg, il rejoint un camp en dehors de la ville regroupant environ 35000 prisonniers. Beaucoup ont soif et certains boivent les eaux usées des cuisines qui coulent dans un fossé. En arrivant chacun se précipite vers les robinets mais il n’y a pas d’eau. Le responsable du camp annonce que l’eau est intentionnellement coupée par crainte d’une trop grande absorption subite d’eau par les prisonniers, pouvant les rendre malade. Des bols de café ou du thé sont ensuite distribués.

Les tentes reçoivent 60 hommes mais seulement 40 lits sont disponibles. Certains jours Josef travaille dans le camp à des travaux d’entretien général, d’autres jours il tue le temps.

Le 17 avril il est enregistré et reçoit le numéro matricule 856730.
Les uns après les autres les camarades de sa compagnie disparaissent vers des destinations de travail civil, cultivateur, poste etc.…il reste le dernier sans affectation.


Le 7 mai il est vacciné avec d’autres pour être dirigé vers la Grande Bretagne ou les USA.
Le 8 mai la guerre se termine, la paix est signée.

Le 9 juillet il change de camp. Sans activité, il décide d’apprendre le Français. La nourriture dans ce nouveau camp est meilleure tant en qualité qu’en quantité. Il peut ainsi récupérer un peu plus d’énergie.

Le 11 août il éprouve une grande déception, en effet les Américains remettent aux Français 20000 prisonniers de guerre allemands dont Josef pour servir de main-d’œuvre en France. Il reçoit alors un autre numéro matricule 697 207. Certains de ces prisonniers sont destinés à effectuer des travaux de construction des routes, des ponts d’autres dirigés vers des usines ou des travaux des champs. Lui, Josef, pas de chance il est affecté dans un groupe de démineurs. Un sale travail !

Le 28 août 1945 il est dirigé vers Rouen. Là il est soumis à plusieurs fouilles corporelles avant d’être dirigé vers Grainval – Saint Léonard, Fécamp par camion avec 49 autres prisonniers de guerre. Un nombre de 25 prisonniers demeurent à Grainval et 24 sont dirigés vers Criqueboeuf.
Le groupe de démineurs est commandé par un lieutenant français et deux civils . Il y a un interprète allemand. Josef est logé avec ses camarades dans une construction en dur. La nourriture est insuffisante.
Avant de commencer les opérations de recherche de mines, il bénéficie d’une courte instruction concernant l’utilisation du détecteur de mines.
Le travail avance vite ainsi, quelques jours plus tard une centaine de mines sont déjà neutralisées.
Le 26 septembre vingt cinq prisonniers ayant suivi une formation théorique arrivent en renfort. Ils sont surpris et inquiets du travail pratique sur le terrain. Le groupe est maintenant composé de 50 hommes.
Le 5 octobre deux prisonniers et un artificier français trouvent la mort, plus un blessé dans l’explosion d’un engin.
Le déminage des plages est systématiquement entrepris avec prudence et appréhension. La nourriture s’est appréciablement améliorée outre la qualité et la quantité s’ajoute la variété, le pain est en suffisance.
Chaque dimanche, depuis septembre déjà, Josef a la permission de se rendre chez le forgeron de Saint Léonard chez qui il effectue quelques menus travaux de jardinage ou autres. En récompense il reçoit un bon repas, du savon ou des lames à rasoir. Ces jours là sont à lui, personne ne le commande, il se considère comme libre, il est heureux.

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de gauche à droite :
Josef – Heinz Schmidt – Ernst Schaab (avec détecteur) accroupi : Jean le démineur français et Eugene Ruoff


A la mi novembre il a la permission d’écrire des lettres qui ne seront distribuée qu’en zone française en Allemagne. Un peu plus tard, il a droit mensuellement à deux cartes de correspondance, il peut aussi recevoir des lettres et colis.
Le travail de déminage avance.

Quand le sol est gelé, il est normalement interdit de procéder à la recherche d’engins piégés, la terre étant trop dure. En ce jour du 15 décembre 1945, il a fallu quand même y aller et le drame survient. Ce jour là, il n’y avait qu’un seul détecteur de disponible. Le balayage de terrain à l’aide du détecteur s’effectue par groupe de trois. Le premier groupe entreprend de commencer, Josef appartient au second qui attend bien à l’écart. A peine arrivé sur le terrain une mine explose au sein du premier groupe, Herbert Peinelt, Ernst Schneider et Willi Pelzer, trois morts.
Double chance pour Josef – un seul détecteur – second groupe.
La zone avait été pourtant déminée, peut-être s’agissait-il d’un mine en verre indétectable ou en bakélite. Le corps étant affreusement mutilés chacun doute toutefois de cette hypothèse. Deux des corps n’ont pu être récupérés de suite car ils gisaient dans une zone non déminée. La cérémonie d’inhumation s’est déroulée à l’église de St Léonard en présence de tout le personnel affecté au déminage. Les corps ont été ensuite dirigés vers le cimetière de Fécamp. L’endroit ou s’est produit le drame a été nommé « Canyon Death », une gorge qui mène à la mer qui avait été truffée de mines.
Le Canyon est une couloir profond de 60 à 80m de haut, entre Le Havre et Dieppe pouvant être utilisé par les alliés en cas d’invasion, ce pourquoi il a été abondamment piégé.
Pour Noël une fête est organisée au dépôt central à Fécamp avec l’ensemble des prisonniers du secteur. Josef y assiste, il est très content.
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Nouveau message Post Numéro: 6  Nouveau message de Aldebert  Nouveau message 19 Fév 2012, 20:40

Quand le sol est gelé, il est normalement interdit de procéder à la recherche d’engins piégés, la terre étant trop dure. En ce jour du 15 décembre 1945, il a fallu quand même y aller et le drame survient. Ce jour là, il n’y avait qu’un seul détecteur de disponible. Le balayage de terrain à l’aide du détecteur s’effectue par groupe de trois. Le premier groupe entreprend de commencer, Josef appartient au second qui attend bien à l’écart. A peine arrivé sur le terrain une mine explose au sein du premier groupe, Herbert Peinelt, Ernst Scheinder et Willi Pelzer, trois morts.
Double chance pour Josef – un seul détecteur – second groupe.
La zone avait été pourtant déminée, peut-être s’agissait-il d’un mine en verre indétectable ou en bakélite. Le corps étant affreusement mutilés chacun doute toutefois de cette hypothèse. Deux des corps n’ont pu être récupérés de suite car ils gisaient dans une zone non déminée. La cérémonie d’inhumation s’est déroulée à l’église de St Léonard en présence de tous le personnel affecté au déminage. Les corps ont été ensuite dirigés vers le cimetière de Fécamp. L’endroit ou s’est produit le drame a été nommé « Canyon Death », une gorge qui mène à la mer et qui avait été truffée de mines.

Le Canyon est une couloir profond de 60 à 80m de haut, entre Le Havre et Dieppe, il pouvait être utilisé par l’ennemi en cas d’invasion, ce pourquoi il a été abondamment piégé.

Pour Noël une fête est organisée au dépôt central à Fécamp avec l’ensemble des prisonniers du secteur. Josef y assiste, il est très content.

St Léonard, qu’il rejoint, laisse paraître une triste atmosphère du fait de la mort de ses camarades. Il peut néanmoins manger à sa faim, le forgeron lui ayant même donné un joli pain de deux livres, c’est un très beau cadeau.
TELLERMINE 42-GR-02.jpg
TELLERMINE 42-GR-02.jpg (11.62 Kio) Vu 4942 fois

Mine antichar

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Mine en verre.jpg (8.14 Kio) Vu 4942 fois

Mine plus ou moins indétectable
Mines pots de moutarde.jpg
Mines pots de moutarde.jpg (6.85 Kio) Vu 4942 fois

Mine bondissante

Il existe beaucoup d'autres types de mines, notamment en bakélite (Bakelitzündern)

Le 13 janvier 1946, l’équipe de Josef change de secteur, elle est affectée à Criquebeuf, Cette décision fait suite aux nombreux morts dont le groupe fut victime notamment dans le « Canyon Death »
Il loge à présent dans une ferme.

Le 4 févier, le démineur blessé lors du dernier « accident » décède à l‘hôpital de Fécamp. Tous les démineurs sont autorisés à assister aux funérailles .

L’activité de déminage est bonne l’ensemble du groupe apporte bien des améliorations dans l’exécution de ce dangereux travail. La prudence est de mise et les gestes sont calculés.
Chaque dimanche, autorisation est donnée à ceux qui souhaitent assister à l’office religieux en l’église de Criqueboeuf. A la messe de Pentecôte, un prisonnier musicien fait chanter un groupe, à l’occasion de l’office, Josef et quelques camarades en font partie. Ils interprètent des extraits de «la Messe allemande » de Schubert.

A partir de la mi-février il peut recevoir deux lettres par mois et deux cartes.

En mars 1946, il est placé chez un agriculteur pendant environ trois semaines.

Le 29 du même mois, il reçoit des nouvelles de sa famille, les premières depuis un an.

Le 8 juin le groupe quitte son logement en dur pour des toiles de tentes. Ce nouvel endroit dispose de beaucoup plus d’espace qui permet les jeux collectifs, ballon et autres.

Le YMCA (Young Men’s Christian Association) Union chrétienne internationale des jeunes offre aux prisonniers un ballon de handball. En avril ils avaient déjà reçu un poste TSF qui a amélioré considérablement le confort de vie.

La croix rouge internationale effectue une visite d’inspection dans les camps de la région. Elle rappelle qu’il est interdit de faire exécuter des travaux dangereux aux prisonniers de guerre. Il lui est répondu en évoquant les mines« puisque ce sont eux qui les ont posées c‘est donc à eux de les enlever » malgré cette visite la nourriture des prisonniers est restée insuffisante.


En septembre 1946 le travail de déminage se termine à Criqueboeuf. Josef espère donc être libéré et il compte les jours qui les séparent de sa libération.
Son espoir est vain car dès la seconde quinzaine du mois il rejoint Cauville sur mer à 30 kms de son ancienne position pour être remis à la disposition d’une nouvelle équipe de déminage.

A son arrivée à sa nouvelle affectation le 2 septembre, Josef est déçu par le logement en effet le camp est équipé uniquement de toiles de tentes placées en bordure de mer. Il n’y a pas une maison en vue à moins d’un kilomètre. Le commando se compose de 30 hommes. Comme distraction et consolation il peut se baigner dans la mer. Les tentes sont éclairées par de faibles lampes qui fonctionnent au pétrole. Les journées sont très courtes à cette époque. Il regrette l’électricité qui le prive de l’écoute de la radio.
Le dimanche il peut néanmoins se rendre à l’église seul moment où il a un contact avec le monde extérieur.

Le 20 septembre grosse tempête, toutes les tentes sont enlevées par le vent. Les prisonniers se sont réfugiés au village. Il faut attendre la livraisons de nouveaux abris de toile qui arrivent le lendemain.
A la mi-novembre le travail est terminé dans ce secteur il faut passer à un autre. Le nouveau chantier se situe à Montivilliers.

Montivilliers a mauvaise réputation. C’est un camp de transit, mauvaise nourriture des navets, beaucoup de navets, mauvais couchage Josef et ses camarades aspirent à changer de camp. Il effectue peu de travail mais la nourriture est dispensée en conséquence.
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Re: Parcours d'un soldat allemand pendant la seconde guerre mondiale.

Nouveau message Post Numéro: 7  Nouveau message de Aldebert  Nouveau message 21 Fév 2012, 19:21

...
Bien heureux de quitter cet endroit le 11 décembre 1946, il s'en va vers une nouvelle affectation à Saint Aubin près de Quilleboeuf.

Son groupe est installé dans une ferme en ruine. Il s’agit d’aménager les lieux afin que ceux-ci deviennent habitables. Un fermier leur fourni un poêle. Le bois est dérobé aux alentours. Un branchement électrique est installé, les coupures de courant sont néanmoins fréquentes.
Son travail consiste surtout à dégager les bombes et les obus, non explosés avec pelle et pioche.ces munitions seront désamorcées par des artificier français, professionnels et seront explosées plus tard.

Noël 1946 arrive. Une courte cérémonie est organisée sans possibilité de se rendre à l’église, Josef en est affecté, c’est un croyant pratiquant.

Pour le jour du nouvel an chacun des prisonniers reçoit un demi litre de bière, c’est la joie. L’ensemble trinque à la libération que tous espèrent prochaine et ainsi au retour à une vie civile.
Le 2 janvier Josef reçoit sept lettres et deux paquets c’est encore une grande joie. Comme il ne fume pas il échange le tabac qu’il reçoit contre de la nourriture. Il se confectionne des chaussettes avec de la toile récupérée car jusqu’à présent il a les pieds nus dans ses bottes.

Le travail de déminage continue, 150 à 200 tonnes de munitions sont extraites pour être explosées.
Début janvier la quantité et qualité de la nourriture se sont améliorées, puis détériorées avec le retour des navets.

Le 21 février 1947 c’est à Sainte Opportune, au vieux port en bordure de seine qu’il est maintenant affecté.
Photo26.jpg
Photo26.jpg (93.34 Kio) Vu 4741 fois

Le groupe de démineurs à Sainte Opportune

Le logement est situé dans un maison en bordure de Seine. Il faut réparer les portes et remplacer les vitres manquantes par des cartons. Un fois les réparations effectuées il règne alors un certain confort par rapport au précèdent campement.

La libération de prisonniers est commencée, à quand le tour des démineurs ?
Le travail pour lui continue pendant trois mois, 150 tonnes de munitions déterrées et détruites par lots de 200kgs.

Concernant la destruction des engins explosifs, Josef a encore eu de la chance. L‘installation et la mise à feu des cordons détonants avec amorce fulminante sont effectuées par équipe de deux. Une fois le cordon allumé il faut rapidement se retirer pour se rendre dans un abri prévu. Lors d’une de ces interventions, Josef pose malencontreusement son cordon sur un reste de poudre encore brûlante de la précédente opération. Sans la présence d’esprit de son camarade Alfred Sprenger, qui enlève immédiatement le cordon, les munitions explosaient sans qu’ils aient le temps nécessaire pour regagner l’abri.
Oui notre Josef a encore eu beaucoup de chance !

En fin de mois, en février la nourriture est meilleure, il y a des pommes de terre, des pois cassés. Un poste radio est réapparu. Un espace pour jouer au handball a été aménagé. Le moral revient, Il reprend courage

Fin avril, en application du nouveau règlement, Josef est élu « chef de camp » par ses camarades.
Il est désigné aussi comme cuisinier. En matière de cuisine Il ne connaît absolument rien et personne ne peut lui apprendre à confectionner des bons plats. Il s’est néanmoins appliqué, il a imaginé et ses camarades sont satisfaits de ses prestations culinaires. Josef se fait un cadeau, il s’offre une montre qui lui a coûté 2500 francs le fruit de 10 mois de travail.

Le 13 mai les sous officiers prisonniers dépendants des zones d’occupation en Allemagne, française et américaine sont avertis qu’ils seront dirigés vers le dépôt en vue de leur libération. C’est pour Josef « le pire jour de sa vie ». Pourquoi seulement les officiers et sous officiers, pourquoi pas aussi les hommes de troupe !Il estime qu’il a fait son devoir comme tous. Il ne comprend pas, c’est une grande injustice ! Le groupe de démineurs se retrouve donc à onze. Pour garder bon moral Josef se dit que c’est peut-être un bon présage pour une prochaine libération.

Le 21 mai c’est à Tourville Pont-Audemer que le groupe est transféré. Il est installé dans une ancienne écurie, près du château avec un magnifique parc. Il retrouve son camarade Heinz Schmitt.

Le 24 mai1947 -Huitième déménagement et c’est maintenant à Saint Georges du Vievre qu’il interviendra. Le nouvel emplacement se situe autour du château d’eau. Cette fois le groupe est composé de 40 bonhommes.
Deux tentes sont dressées, une grande et une petite. Le camp est vite installé, aménagé et le travail de déminage reprend le 28 mai. L’expérience aidant et l’appréhension devenant moins vive, le travail avance plus rapidement. Josef estime que les performances sont bonnes. Le temps passe très rapidement mais la chaleur est forte en ce début de mois de juin. Le travail de terrassier qu’il effectue pour déterrer les bombes lui coûte, comme à ses camarades pas mal de sueur et de peine. Il travaille 10 heures par jour.
La nourriture n’est pas variée mais elle demeure suffisante ainsi est-il rassasié. Il reçoit de temps en temps des colis de ses parents qui participent à l’amélioration de son ordinaire. Pas de travail le samedi et le dimanche.


Le 28 juin – Neuvième déménagement pour Montfort sur Risle à 10 kms de distance où il restera jusqu’au 25 septembre.
Les tentes sont démontées très rapidement. Le camp est levé. Toiles et matériel sont chargés sur plusieurs camions. Arrivé dans le nouveau secteur le groupe s’installe au milieu du village dans la rue principale. josef peut s’offrir un nouveau petit carnet sur lequel il peut continuer de noter les évènements de la semaine. Le travail de déminage se poursuit sans interruption. Des mètres cubes de terre sont déplacés à la force des bras.
Le 27 juillet 1947 - En ce moment Josef a le moral au plus bas. Il n’imagine pas passer un nouveau Noël prisonnier. Il se dit que depuis deux ans il exécute avec ses camarades un travail particulièrement dangereux, il serait juste de penser à le libérer. Il espère être à la maison pour la fin octobre. La vie en communauté lui pèse, l’esprit de camaraderie s’effrite, l’égoïsme pour certains de ses camarade prend le dessus. Il ne veut toutefois pas s’étendre sur ce sujet.
Malheureusement pour Josef, il y a encore une suite... :evil:
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Nouveau message Post Numéro: 8  Nouveau message de Aldebert  Nouveau message 21 Fév 2012, 23:04

......
Dans la journée la chaleur est telle qu’il est question de travailler la nuit mais personne n’accepte cette proposition.

Samedi soir 2 août Josef ressent de forts tremblements dans les bras et les jambes.

En ce début août 1947 le terrain à traiter se situe dans une partie boisée. Là, sont enterrées deux bombes de 250 kgs que ses camarades s’activent à mettre au jour. Plus loin Josef doit dégager et récupérer la poudre d’un engin de 50kgs. Il n’a pas tout à fait terminé l’exécution complète de son travail quand le chef démineur lui indique qu’il est l’heure de la pause déjeuner. Josef regarde sa montre et fait remarquer qu’il n’est pas encore tout à fait midi. Le chef insiste et l’emmène vers le chantier en cours d’une autre bombe. A peine arrivé a proximité de ce chantier, l’obus sur lequel Josef intervenait il y a quelques instants explose intempestivement. Le second détonateur n’avait pas été neutralisé. La chance démontre encore qu’elle est une fidèle amie de Josef.

Mercredi, après l’appel, trois prisonniers sont transférés à Brionne, cinq en une semaine ! Bon présage pour la libération ? Josef espère.

Les semaines défilent, et voici le 15 août, jour de l’assomption. C’est la fête au village, manèges, stands, l’événement de l’année, un avant goût du retour à la vie civile. Absent de chez soi depuis presque cinq années, courage Josef, courage !

Il a un peu plus de temps libre et en consacre une partie à l’apprentissage de la langue française.
Un prêtre vient dans le campement des prisonniers pour organiser une messe. L’église est à une centaine de mètres mais les autorités ne donnent pas leur accord pour que les prisonniers s’y rendent.

Pour ce qui est du travail journalier celui-ci est maintenant organisé en trois équipes. Aujourd'hui, gros problèmes avec une pompe qui refuse de refouler l’eau des trous creusés pour l’extraction des bombes.
Le groupe reçoit des livres de lecture, Josef ne sait qui les envoie et d’où ils proviennent. Il est heureux de lire et de découvrir sur l’un d’eux des poèmes.

Le 16 août, Josef se force à remplir le carnet sur lequel il note les événements de la semaines. Il n’en a pourtant plus l’envie, il commence à flancher. Malgré tout il se reprend car il pense que beaucoup plus tard peut-être sera t-il heureux de les relire et peut-être d’en faire part.

Aujourd’hui jour d’inspection. Le contrôleur passe en revue chaque prisonnier. Il leur attribue des points en fonction de leur activité au travail en vue de la libération.

La chaleur est étouffante, Josef est impatient de voir arriver 16 heures , oui parce qu’à cette heure là, un bain dans la rivière est prévu. Tous barbotent alors comme des enfants, goûtant pleinement cet instant de liberté. Les Français restent sur le pont ils les regardent en souriant. Josef se demande si ces sourires sont complices ou moqueries.
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Photo11.jpg (167.77 Kio) Vu 5006 fois

Baignade dans la rivière

Le 22 août 1947 , un samedi soir un incendie de forêt ce déclare près de Rouen. Immédiatement les prisonniers allemands sont réquisitionnés pour combattre le sinistre. Le lendemain matin ils sont emmenés à une distance de 30 kms vers le lieux de l’incendie. Là, ils creusent des tranchées coupe feux. Ils apportent l’eau avec l’aide des agriculteurs du secteur.
Le camp où ils sont cantonnés manque d’eau, ils ne peuvent se laver, ils sont 180 prisonniers à avoir participer au combat contre l’incendie. Ils sont sales plein de sueur et Josef ajoute « sales comme des porcs ». Il est contrarié parce que ses compagnons et lui sont maltraités par la population civile. Il se dit pourtant qu’il a bien combattu le feu, qu’il a bien travaillé pour eux. Il constate que cette bataille pour maîtriser le feu a été fort mal organisée et qu’elle a été la cause de sa grande extension. La nourriture qui provient de Rouen, dans ce nouveau camp est infecte, presque tous les prisonniers contractent une diarrhée.
L’incendie est maîtrisé, Josef peut enfin rejoindre son camp d’origine. « rentrer à la maison ». Le feu s’est déclaré à cause de deux jeunes garçons qui voulaient fumer des cigarettes sans être vus. C’est 300 hectares qui se sont consumés. Après cette intervention le groupe a bénéficié de trois jours de repos.

Le 26 août 1947 c’est le 23e anniversaire de naissance de Josef. Il a eu ce jour là, deux agréables surprises. Lorsqu’il s’est réveillé il a trouvé, à coté de son lits, deux assiettes de fruits, cadeaux de ses camarades et une jolie carte. Dans la journée la poste lui apporte neuf cartes et lettres. Autant de joyeux anniversaires que lui adressent sa famille et amis d’Allemagne. Quel jour merveilleux, dit-il, pour le prisonnier de guerre que je suis.


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Photo27.jpg (312.62 Kio) Vu 5006 fois


....ce n'est toujours pas terminé pour Josef :(
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Nouveau message Post Numéro: 9  Nouveau message de Aldebert  Nouveau message 23 Fév 2012, 19:42

...
Il est question aujourd’hui d’intégrer le groupe de Josef dans la cinquième catégorie.

Le dimanche 7 septembre à 19 heures le curé prépare une messe pour les prisonniers dans l’église du village. Outre l’office, le déplacement dans l’église est un événement.

Aujourd’hui est un autre jour ainsi le groupe de prisonniers démineurs refuse de continuer le travail. Tous estiment que la ration de pain attribuée qui est de 300grs et qui devrait passer à 200 grs n’est pas du tout, pour eux, envisageable. Après quelques discutions, l’affaire se règle rapidement à l’avantage des prisonniers. Le poids de la ration d’origine sera maintenu.

Au cours des quatre jours suivants deux bombes sont extraites. Josef obtient enfin un détecteur de mines… maintenant que le déminage est pratiquement terminé. S’il avait obtenu cet appareil plus tôt, beaucoup de travail et de peine auraient pu être épargnés.
Aujourd’hui le temps est morne et pluvieux, le moral aussi ! .

Vendredi 12 septembre la semaine s’est incroyablement vite déroulée.
Un camion est venu de Rouen, il a emmené trois camarades qui ont signé en tant que civil un contrat de travail d’un an chez des agriculteurs. Les contrats démarrent le 1er Octobre. Il est très surpris de cette démarche, il n’a pas été mis au courant des discutions préalables. Lui espère être rentré bientôt à la maison, pour fêter Noël en famille. Oui, oui… ! Il a entendu dire que 200 prisonniers du déminage seraient libérés avant la fin de l’année. Première moitié en octobre, seconde moitié en décembre. Il a une fois de plus toutes ses chances ! Bouteillon ou pas !

Le jeudi 2 octobre Josef est muté avec 9 de ses camarades à la direction du déminage à Rouen. Ils sont cantonnés dans ce qui ressemble à une caserne.
La nourriture qui est servie est d'une qualité très moyenne ne s’améliore pas au fil des jours.

Les interventions pour le déminage ne cessent pas pour autant. Il s’agit aujourd’hui de dégager de son entonnoir une bombe de 1200 kgs à 60 kms en direction de Paris. Son équipe a bien mérité les paquets de cigarettes qui sont gratifiés à chacun à la fin de la journée. En effet le travail est difficile, particulièrement éreintant. C’est un gros morceau!

La 3 octobre à 14 heures le groupe s’en va récupérer la bombe qui est maintenant dégagée. Manque de chance, le puissant engin mécanique chargé de l’extraction tombe en panne, il casse toujours par le bas ! Tous rentrent à la caserne, tard le soir, à 22h15.

Josef espère bien que cette nouvelle affectation sera de courte durée. Il n’aime pas ce nouveau lieu. Il en a d’ailleurs plus qu’assez d’être considéré comme faisant partie des gens du voyage et d’être seulement un numéro. Un seul mot suffit pour être immédiatement envoyé sans explication, je ne sais où. Où sera t-il demain ?
Son espoir d’être libéré prochainement s'estompe.

Dimanche 5 octobre, c’est le dernier jour que Josef passe à Rouen, dieu merci dit-il fini pour moi les bombes, les obus, les mines. Demain il ira à la gare et en route pour Evreux, le dépôt à 55 kms de là. Il a une pensée pour la centaine de ses compatriotes et des démineurs civils qui sont morts en effectuant ce travail dangereux.

A Rouen, huit cents prisonniers sont avec lui au dépôt, tous démineurs. Il retrouve d’anciens camarades bien heureux d’avoir échappé à l’accident. Sa grande question aujourd’hui est « à quoi va t-on m’employer »

Jeudi il a été examiné par un médecin français pour un bilan de santé. Rien à signaler du moins du point de vue physique, quant au reste….reste l’espoir et l’espoir le fait vivre…mais aussi la chance l’a surtout aidé à vivre aussi, ne l’oublions pas. Courage Josef le jour de ta libération pointe le bout de son nez, il te faudra néanmoins, encore être patient.


Dimanche 12 octobre. Déjà une semaine passée à Evreux.
Par rapport à ces anciens cantonnements Josef juge celui-ci très Allemand c’est à dire, belle construction, bonnes installations, belle cour, terrain de sport impeccable. Il se dit que cet endroit militaire est le plus beau de France. Il est logé au troisième étage sur une paillasse.
Sans être abondante la nourriture est bonne. Il peut obtenir par jour, deux fois un quart d’une excellente soupe, 200 grs de pain et chaque semaine deux fois du sucre et de la matière grasse.
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... ce n'est pas encore demain qu'il sera libéré :?
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Nouveau message Post Numéro: 10  Nouveau message de Aldebert  Nouveau message 23 Fév 2012, 23:25

Le 19 octobre, est un matin merveilleux, frais mais baigné de soleil , ce cher soleil pense Josef. C’est aussi le jour de la fête patronale de son village natal, il y sera en pensée, il est certain d’y être physiquement l’année prochaine.

Mercredi, projection d’un film. Il y a fort longtemps que josef a vu un film, distraction très appréciée.
Pour l’instant, il travaille comme aide en demi journée au bureau du vaguemestre, ça aide a supporter le temps, et puis Josef ne peut pas, ne veut pas rester inactif.

Et pourtant dimanche 26 octobre, c’est encore une semaine de plus au dépôt à tuer le temps faute d’emploi. Très peu de travail et beaucoup de lecture.

Dimanche 26 octobre c’est aussi une information qui apporte de l’espérance. Il est annoncé officiellement que ceux des prisonniers qui ont acquis 15 à 20 points dans la 5e catégorie seront bientôt libérés. Ainsi toutes les conversations tendent vers la catégories et le nombre de points. Josef se dit qu’il a toutes les chances car il possède 16 points et a été très longtemps démineur. On verra !!!

Mardi 28 , avec 39 de ses camarades il va combattre un incendie de forêt. Le travail n’est pas trop fatiguant, il n’y a qu’une seule pelle disponible à se partager pour le groupe. Retour à neuf heures avec pour chacun une bonne récolte de pommes récupérées dans des arbres qui tendaient leurs branches les invitant à se servir

Dimanche 2 Novembre, l’hiver approche les journées sont froides et humides mais tranquilles. La nourriture redevient considérablement mauvaise, note t-il. Il pense sans cesse au nombre de points acquis dans sa catégorie. Il en à 16, ainsi ceux qui n’en possèdent que 15 ne viennent plus au dépôt, il voudrait bien quitter le dépôt mais le dépôt c’est la porte qui mène à la libération. Il faut se faire une raison et rester ici parce qu’il espère être libéré en décembre, malgré tout sans trop y croire.

Dimanche 9 novembre peut-être est-ce le dernier dimanche à Evreux. Il pense fermement être du nombre des 200 qui seront libérés en décembre. Il se le persuade. La semaine prochaine il pourra être fixé. Dans cette attente il assiste l’aumônier catholique allemand qui était prêtre Ritter du diocèse de Fribourg, les jours ainsi passent plus rapidement.

Le dimanche 16 Novembre est un beau jour d’automne, frais, bien ensoleillé. Le moral de Josef est également frais mais pas vraiment ensoleillé, il est au plus bas. Seul le courrier de sa famille ou amis pourrait lui redonner de l’espoir. Pourquoi n’y en t-il pas en ce moment ?

Le nombre de libérés est fixer à 153, Josef n’est pas du nombre. Courage Josef!
Son occupation présente qui consiste à assister l’aumônier du camp l’aide à surmonter sa déception de ne pouvoir passer Noël chez lui, en famille.
Il se place en dehors des conversations, des bouteillons pour mieux accepter le temps qui passe.
En ce qui concerne la nourriture Josef constate « une innovation » les châtaignes remplacent la farine. Les rations deviennent les suivantes. Matières grasses 30grs par semaine, 10grs d’huile interviennent dans la composition du repas.

Trente prisonniers de la zone américaine d’occupation sont libérés.

Dimanche 23 novembre. La vie se poursuit avec son train train sa monotonie de tous les jours, ennuyeuse à l’extrême, heureusement que Josef trouve son occupation auprès de l’aumônier, de ce fait il se torture moins l’esprit.

Le 26 novembre ses amis Heinz, Karl et Matthias le rejoignent au dépôt en vue de leur libération. C’est inattendu et bien réjouissant. Normalement 67 prisonniers devaient être libérés avant hier mais à cause d’une grève des chemins de fer, la date de leur retour est différée .

Dimanche 7 décembre second jour de l’avent, voici déjà deux mois que josef est à Evreux et toujours pas de perspective de libération. Cette porte vers sa libération refuse de s’ouvrir, pourquoi le retient t-on ici à ne rien faire alors que beaucoup de ses camarades ont déjà rejoint leur famille. Il y a de plus en plus de prisonniers dans cette caserne, on en compte actuellement environ 1100 . Les prisonniers libérables de la zone d’occupation américaine sont toujours bloqués à la caserne à cause de la grèves des cheminots qui s’éternise

Dimanche 14 décembre troisième jour de l’avent. Josef a bien travaillé cette dernière semaine il a en effet recopié 700 cartons de vœux de Noël pour l’aumônier. Il est très satisfait de son travail, malheureusement le prêtre n’est pas de cet avis et pourtant il estime lui, avoir travaillé convenablement. Il ne s’étendra donc pas en jérémiades sur ce sujet.
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Josef est au centre de la photo de face
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Photo29.jpg (139.83 Kio) Vu 4801 fois

Travail des cartes de vœux dans le bureau de l’aumônier militaire allemand



Il faudra quand même bien qu'on nous le libère notre Josef ;)
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