coco a écrit:De Bernard
Merci Jacques
C'est avec passion et émotion que j'ai suivi ton parcours de maquisard et Combattant.
Ton passage au Château de Montmaur où tu côtoies MORLAND, dont une équipe non armée assure sa protection.
Des décennies plus tard en arme jour et nuit sa protection était assurée. J'ai passé de nombreuses heures à monter la garde rue de Biévres à Paris
Cordialement
Merci Bernard pour cette émotion partagée
Pour la petite histoire voici quelques détails :
Quand, fin février 1943, je fus désigné avec mes 4 copains pour une garde (symbolique !) au Beylon, je ne connaissais l'identité, ni même le nom de guerre du personnage à protéger ..! Ce ne fut que plus tard que je rencontrai "Morland" au Château de Montmaur parmi les autres "apprentis résistants" que nous étions alors ... Pour moi il n'était alors qu'un "Ancien" de 26 ans, prisonnier évadé ...
Ce n'est que beaucoup plus tard, dans les années 60 que j'appris que Morland et François MITTERRAND ne faisaient qu'un ...
Je l'ai revu le 22 août 1986 lors de son voyage à Montmaur pour saluer ses anciens compagnons et la tombe de MAUDUIT, mais le service d'ordre dont tu faisais peut-être partie(?) m'empêcha de l'approcher, je n'avais pas mon invitation ...
Dix ans plus tard, j'écrivais dans une feuille de chou locale :
J’avais un camarade …
Le hasard malencontreux a voulu que le postage de la première lettre du “Roi Guillaume” soit effectué le jour du décès de l’ancien président de la République, François Mitterrand. Très respectueux des opinions de tous mes correspondants, je conçois fort bien que certains d’entre vous aient pu être frappés par le côté un peu dérisoire de notre lettre, face au retentissement mondial de cette disparition.
A quelques jours près, et bien que ce n’en fusse pas le lieu, je n’aurais pu m’empêcher d’adresser ici un adieu, peut-être un au revoir, non pas à l’homme public, au politique, au chef d’état brusquement encensé, mais au simple camarade de résistance, et à travers lui, à tous mes amis de la “Chaîne” qui ont eux aussi pris le chemin de la Connaissance, comme nous le ferons un jour ...
Prisonniers évadés, soldats refusant la défaite, jeunes fuyant le STO, rescapés d’Espagne, juifs, communistes, jocistes, agnostiques, issus de tous milieux, nous ne sommes plus, hélas, qu’ une vingtaine au plus de vivants qui, en 1943, avons côtoyé “Morland”, mangeant à la même table dans la grande salle du château de Montmaur, discutant passionnément du devoir et de la philosophie de résistance, sous la houlette de ce chevalier des temps modernes qu’était l’inspirateur du réseau : Antoine Mauduit.
J’avais dix-huit ans, il en avait vingt-six ... j’étais un “bleu”, lui un ancien ... Je faisais les pluches au Beylon, et lui lisait Platon et Virgile dans le texte ...
Quoiqu'en aient pu dire contempteurs ou thuriféraires, l’ambition d’alors, pour F.M. comme pour nous, n’était pas la carrière politique, l’appartenance à un camp ou à un autre, le triomphe d’idées sur d’autres idées ou l’opposition droite gauche qui ne voulait pas dire grand-chose... Seuls comptaient : La survie du groupe, la préparation psychologIque et matérielle au combat, la libération de la Patrie, et, pour Mauduit surtout, la lutte contre le “mal absolu” dont le nazisme était l'incarnation.
C’est le croisement indéchiffrable des situations et des qualités naturelles qui forgent le destin des hommes. Ces dernières devaient être grandes chez Morland puisque ce fut lui qui fut choisi parmi plusieurs candidats, et non des moindres, par le comité de notre mouvement pour aller chercher de l’aide au gouvernement de la France libre à Alger. A partir de là sa voie était tracée, sa rencontre difficile mais néanmoins positive avec De Gaulle en faisait un homme de gouvernement incontournable pour les temps futurs ... Mais cela est une autre affaire, celle du demi-siècle écoulé, qui appartient à l’Histoire.
Pour un ancien de Montmaur, c’est donc un adieu à “Morland” mais aussi, à travers lui, à ceux que le destin n’a pas comblé de la même gloire, bien qu’ ils en fussent dignes. Leurs noms vrais ou de guerre étaient : Mauduit, De Monjoie, Lumière, Defrêne, Roussel, Chalmey, Belleval, Hardy, Zazou, et combien d’autres compagnons disparus ... ?
Au soir d’une vie bien remplie, je me surprends à penser que c’est aussi un adieu à notre jeunesse ardente et passionnée, temps de la fraternité vraie et de l’amitié sans calcuL..
Que reste-t-il de tout cela ??? quelques photos,... vieilles photos,... de ma jeunesse...
Et 16 ans après, 2012, je reste seul à pouvoir évoquer ces moments..! Nostalgie.....................
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