pierma a écrit:fanacyr a écrit:On a dit que cette décision avait été motivée pour soulager cette génération qui avait connu la guerre adulte
à discuter
C'était une mesure sociale générale, mais ça a pu jouer - je pense en particulier aux anciens combattants FFL et FFI, et aux mineurs qui avaient mené après la Libération la "guerre du charbon". Et d'ailleurs toute la population ouvrière de l'époque, après des années d'après-guerre qui n'avaient pas été des vacances. C'était effectivement cette génération là qui était immédiatement concernée.
C'était plus prosaïque que çà, l'Etat versait des primes aux entreprises pour les inciter à mettre leurs salariés en préretraite, eux, payés jusqu'à la date de leur retraite sur la base de leurs rémunérations précédentes, à dater de 56 ans et 6 mois (dans la mesure, quand ils avaient acquis leur quota de trimestres - à l'époque, 137, soit 34 ans et un trimestre de boulot cotisés ou la valeur proportionnellement correspondante à l'âge de 56 ans et 6 mois révolus; Il y avait d'ailleurs, généralement, à la clef, le versement, par l'entreprise, à l'intéressé, d'une prime (plutôt généreuse) de mise en "pré-retraite", sensée faire passer la pilule. Au sein des entreprises, çà avait essentiellement touché les employés, les ouvriers et la maitrise, très peu les cadres, sauf si la boite y voyait une opportunité pour se "débarrasser d'un boulet" ou d'un syndicaliste peu trop "encombrant". Dans les faits, cette décision, qui reprenait et amplifiait le fil des premières mesures "giscardiennes", avait pour principal but de libérer des emplois, pour la "génération" des Baby-boomers des années 50-60, sensés remplacer les anciens, nés avant 1940...et, ainsi, tenter de limiter les effets du chômage que VGE, lui, s'était pris en pleine poire.
En fait, çà n'avait pas vraiment marché pour contrer le chômage, et les résultats avaient, même été parfois, catastrophiques, chez ces "jeunes" préretraités, car certains que j'ai bien connus s'étiolaient d'ennui et de désœuvrement et, alors qu'ils pétaient la santé, au boulot, passaient, parfois, l'arme à gauche, avant même d'avoir atteint leurs soixante ans; Il est vrai aussi que, à l'époque, les cancers et les maladies cardiaques n'étaient guère maitrisées ou traitées.
Un autre effet, non négligeable, de cette mesure avait été, au sein des entreprises, la perte de l'expérience de ces collaborateurs mis en préretraite, car, souvent - çà dépendait des boites et de l'intelligence de leurs dirigeants - on n'avait pas prévu le moindre passage progressif de témoin entre les remplacés et leurs remplaçants! Or, du jour au lendemain, il est très compliqué de prendre la relève de personnes de 30 ans d'expérience, même si, à l'époque, le "D'jeune", lui,contrairement à son prédécesseur, était sensé savoir utiliser un écran et un clavier - c'était le tout début de l'informatisation -. J'en ai vu des "recrues" prendre, par exemple, la direction du service commercial, qui, au sein d'une entreprise industrielle, gère le traitement des commandes quotidiennes, exploser, en plein vol, avant le terme de leur trois mois d'essais légaux ou même après; car leur choix ne relevant que de la seule décision de la DG, celle-ci éprouvait souvent, de grandes difficultés, à devoir se déjuger! Un ingénieur, même, manifestement, incompétent était assuré de 17 mois de tranquillité, avant d'être remercié le 18ème, encaisser une prime de licenciement (négociée) "honorable", et pouvoir rajouter une ligne "ronflante" sur son CV! ... J'ai des noms!
En plus, à l'époque de la pré-retraite, à 56 ans et 6 mois (minimum)
, l'ère mitterrandienne s'était prise, peu après, dans la tronche la "déconfiture" de nos industries lourdes - la sidérurgie en Lorraine (Moselle & Meurthe & Moselle), dans le Nord et, toute récente, celle, installée à proximité de l'Etang de Berre - , nos activité minières (avec, souvent, un minerai de moindre qualité que nos voisins), le textile, etc.
On en n'était pas encore rendu aux livreurs de pizzas sur bécane ou aux camionnettes de livraison expresse qui, désormais, le pied au plancher, nous doublent sur la bande blanche d'une route "rurale, mais çà avait été un bon départ, d'autant qu'on avait, aussi, mis en place, un "Ministère du Temps Libre"; de nos jours, il n'y a plus un seul politique qui oserait envisager une telle incongruité!