Bien difficile de choisir un seul film, d'autant que la grande période des films de guerre se situe pendant mon adolescence, et était largement dominée par Hollywood. Ce n'était d'ailleurs pas les meilleurs, et aujourd'hui, ces films de glorification des combats et des combattants datent un peu. Par contre, parmis la production récente, certains sont des chefs-d'oeuvre, plus encore par les thèmes qu'ils abordent que par leur qualité propre. "Schindler's List", cité plus haut, en est un, et dans le même lignée, celui que je voudrais placer sous les feux de la rampe est "Elle s'appellait Sarah", et que j'ai déjà décrit dans la rubrique du Grand Ecran.
Superbe et poignante évocation de ce que fut la Rafle du Vel' d'Hiv, mais pour spectaculaire et horrifiant que soit le rendu de cet évènement, là n'est pas le thème principal. Au contraire, le sujet du film est bien plus intimiste: la reconstitution du destin d'une jeune, d'une très jeune déportée: Sarah, et la transformation identitaire qui en résulte pour sa descendance - reconstitution pas recherchée par les intéressés, ni souhaitée. Et l'ambivalence des comportements d'alors et de maintenant, où la lucidité le dispute à l'indifférence, la cruauté à l'éclair d'humanité, le secret refoulé à l'aspiration de se livrer.
Film franco-américain, se déroulant principalement en France et en français, avec sous-titrage d'origine pour le dialogue anglais, language très sobre et très juste, et surtout analyse pénétrante, sans jamais tomber dans les clichés ni la grandiloquence, du cheminement identitaire des descendants de ces disparus, ceux-ci relégués dans "le musée" du monde du passé, ceux-là ayant suivi leurs chemins respectifs dans notre monde à nous, sans regarder en arrière. Exactement le même thème que dans "The Lost" de Dan. Mendelsohn.
Un film de guerre donc, mais pas sur la guerre: sur l'individu et son immuabilité au travers des évènements, sur la cruauté du temps qui passe et qui réduit les drames en souvenirs, en poussière, mais aussi sur le pouvoir de retourner en arrière et de recréer le passé. Un film pour historiens, mais surtout un film pour humanistes.
Date de sortie: 13 octobre 2010 (1h 51min)
Réalisé par: Gilles Paquet-Brenner
Avec: Kristin Scott Thomas, Mélusine Mayance, Niels Arestrup, Mélusine Mayance e.a.
Genre: Drame
Nationalité: Français
Bien amicalement,
Alain.