Bonjour,
Voici quelques photos [ j’espère que ça passera: ce sont mes 1ers essais et c’est laborieux ! ] du PO de Lembach, prises au cours de mon séjour dans le village éponyme. Gardien, avec son grand frère le FAC, de la vallée de la Sauer, extrémité est du SF des Vosges, il s'agit d'1 petit ouvrage d'infanterie, donc dépourvu d'artillerie, et se réduisant à 3 blocs construits en 1ère urgence, un 4ième, équipé d’1 tourelle de mortiers de 81, et 2 blocs-entrée étant prévus mais reportés à 1 second cycle, qui n'aura jamais lieu.
On y accède par la sortie sud de Lembach, longeant la rive Dr de la Sauer, en direction de Mattstal. Promenade de 3 km environs, dans un paysage sylvo-pastoral de grande beauté.
Les Approches
Côté route, le site est protégé par une haie épaisse doublée d'une clôture impressionnante; là où l'on pourrait pénétrer, à ses risques et périls puisqu'il s'agit manifestement d'une propriété privée, on se trouve à demi courbé dans un sous-bois touffu, sans visibilité aucune, avec l'impression écrasante d'être surveillé. Ce n'est qu'en reprenant la route que plus au sud on arrive à une lisière, puis 1 chemin forestier vers la Dr, et à quelques centaines de mètres, on débouche sur le bloc 1 avec ses 2 créneaux et ses 2 cloches.
Le Bloc 1
A flanc de coteau d'un monticule voisin, le bloc 2, à l'identique.
Le Bloc 2
Plus loin encore doit se trouver le bloc 3 avec sa cloche observatoire à 4 créneaux, mais que je n'ai pu repérer, l'ensemble du site étant gardé par un troupeau d'ovidés débonnaires, camouflant sûrement un molosse mangeur d'homme.
Les blocs sont en bon état extérieur, sans dégâts visibles des bombardements de juin 1940 ni des destructions opérées par les allemands pendant l'occupation. Ils sont encore pourvus de leurs projecteurs, des passerelles d'entrée, mais celles-ci viennent buter sur les portes blindées maintenant soudées: aucune possibilité d'accéder aux dessous, ce qui est à la fois dangereux et interdit.
Une Porte Blindée
Un Projecteur.
L'intérieur a d'ailleurs été pillé après la guerre, et personne à Lembach ne sait ce peut y avoir fait l'actuel propriétaire, un particulier, Allemand, ni quels sont ses éventuels projets. Aux alentours, nombreux éléments du réseau de rail et de barbelés, emmêlés dans la végétation, et somme toute délicats à traverser en raison des ardillons rouillés attendant de percer une botte téméraire (ou le tronc d'un promeneur qui aurait trébuché...). Danger, danger !
Un Ardillon
Le Réseau de Rails
Il se dégage de cet endroit une étrange poésie, mélancolique et apaisante à la fois, faite de contrastes harmonieux plutôt que contradictoires: entre le dérisoire des vestiges bétonnés, et le souvenir de ce qu’était la plus puissante position fortifiée du monde; puis entre cette contrée résolument modernisée avec ces maintenant cossus villages, et la survivance d’un passé disparu à tout jamais; et enfin entre cette aimable campagne, et l’autrefois
no man's land livré aux corps francs. On ne peut contempler ces ouvrages maintenant voués au silence et à la solitude, ces lieux habités par le passé, sans entendre résonner silencieusement les mélodies de Schubert, "le voyageur immobile".
Et si cette réflexion peut peiner l’âme, l'Alsace opulente et généreuse offre bien des consolations terrestres...
Ceux qui connaissent la Ligne Maginot et qui fréquentent l’Alsace – et les bienheureux qui y vivent -- pardonneront mon lyrisme: ils savent combien cette contrée est attachante, et que nulle part ailleurs l'on ne touche de si près la drôle-de-guerre.
Bien cordialement,
Alain.