Ligne Maginot : la casemate de Markolsheim

J'ai lu récemment un témoignage émouvant écrit par le général A. VAILLANT, à propos de l'adjudant-chef GUILBAUD, qui commandait cette casemate en 1940 et qui écrivait dans sa dernière lettre à sa femme :

"je ne voudrais pas connaître la défaite de la France, si je ne devais pas revenir, tu apprendras à notre fille à aimer la France. Tu lui diras que ni son père, ni ses camarades n'ont été des vaincus".

Il n'y eut que deux survivants !

Bonjour,

parallèlement à cette histoire touchante cette casemate est visitable je crois, elle est même très bien entretenue, et de mémoire Hitler en personne l'aurait visitée en 40.

Salutations

Bilou

Bonjour Bilou95,

La casemate de Markolsheim est en effet visitable: elle constitue le Memorial de la Ligne Maginot. Elle est restauree et amenagee en musee. Toutefois il ne faut pas assimiler cette grosse casemate CORF, une casemate de village ou de la LPR, dans 1 des secteurs du Rhin (SF de Colmars amha) aux gros ouvrages de la LM, dans les zones fortifiees de Metz ou de la Lauter.

A lire a ce sujet et concernant tout particulierement Makolsheim: Histoire de la Ligne Maginot, T III: Offensive sur le Rhin, de R. Bruges, l'historien princeps de la Lign Maginot. Narratif, passionant, puissement documente/argumente, et tres lisible.

Bien amicalement,

Alain

Aïe aïe aïe... la casemate 35/3 de Marckolsheim est une superbe casemate, l'une des dernières de ce type encore existante. contrairement aux autres qui ont été détruites par les Allemands durant la guerre, celle-ci a été préservée suite à une visite de Hitler fin juin 40 : les nazis la considéraient alors comme un lieu "sacré" touché par le Führer.
Le problème n'est pas le site en lui même, c'est ce qui est dedans... On y trouve de très belles collections, de quoi faire un magnifique musée Maginot, mais l'impression générale est celle d'un dépôt d'armes. On y trouve des monceaux d'armes et équipements divers, entassés sans soucis pédagogiques, et surtout sans souci géographique et chronologique : que viennent faire là un mp soviétique et un Panzerschreck ? Je ne parlerai même pas du canon soviétique qui est devant la casemate...



Je ne parle pas des lettres blanches qui défigurent la casemate : beurk !

J'ai passé un jour une heure à essayer d'évangéliser l'un des gars qui s'occupent de la casemate : il a fini par me dire "on a des collections il faut les montrer"... Comme toujours, on pense comme au 19e siècle qu'il faut "tout montrer", tant pis si c'est hétéroclite et que personne n'y comprend rien.
Dommage, ce site étant exceptionnel justement par sa rareté et sa différence par rapport aux autres éléments de la Ligne (je ne vais pas entrer dans un cours là dessus sinon je n'en finirai plus...), il mérite une véritable mise en valeur, intelligente et pédagogique, basée sur une véritable rigueur scientifique, plutôt que cet entassement qui part dans tous les sens. Même la salle sur la libération de la ville n'a rien à faire là, elle devrait être ailleurs, à la mairie par exemple. Restons en 40 que diable !!! D'autant que le panneau à l'entrée est une publicité mensongère : "musée de la ligne Maginot"... De maginot il n'y a que les murs ou presque...
Ah encore un détail : si un responsable de la casemate me lit, pitié supprimez de votre vitrine sur la ligne Maginot la photo de la batterie 6 de Mutzig... C'est joli les gros canons sous coupole mais c'est allemand et de la propagande française d'entre deux guerres, c'est pas Maginot !

Bonne journée,

Seb.

[Prosper Vandenbroucke]

Bonsoir à toutes et tous,
Je profite de l'occasion de ce post pour poser une petite question qui n'a pas de relation directe avec la casemate de Markolsheim mais bien avec toute la Ligne Maginot.
Dans un des livres de Roger Bruge au sujet de la ligne, je peux lire dans quelles conditions lamentables et désastreuses, les habitants des villages situés entre la frontière et la Ligne ont du évacuer vers l'arrière et ce dans les premiers jours de septembre 1939.
C'est effarant. Si je puis comprendre la raison pour laquelle des millions de Belges, Hollandais, Luxembourgeois et Français se sont retrouvés sur les routes de l'exode en mai-juin 1940, tant ici je reste perplexe.
Le gouvernement français de l'époque n'avait-il donc rien envisagé pour faire évacuer ces pauvres gens AVANT la déclaration de guerre?. Je suppose que faire évacuer tout le secteur de la Ligne trop longtemps avant la déclaration aurait pu saper le moral, mais tout de même. Fallait-il attendre les derniers jours d'une paix que l'on savait menacée depuis un certain temps déjà pour procéder à ce transfert de population?
Surtout que tout cette région était devenu pratiquement secteur militaire
Merci pour vos réflexions futures
Amicalement
Prosper

L'évacuation de la zone entre la ligne principale de résistance et la frontière était prévue dès le départ de la construction. Après pour la réalisation c'est une autre affaire. Le problème du gouvernement français est que tant que la guerre n'est pas déclarée, ou au moins la mobilisation, ce qui revient presque au même, il ne peut rien faire : imaginez l'effet désastreux sur le moral des populations si on leur avait fait le coup en 36 et en 38, pour remettre le couvert en 39 ! D'où une certaine précipitation quand les choses deviennent sérieuses.
Pour le reste, ce n'est pas évident de vider une telle zone de sa population. Le cas le plus symbolique est Strasbourg, qui est à portée des canons allemands puisque directement sur le Rhin. Résultat : la ville entière (!) est vidée de ses habitants !!! Elle restera jusqu'à leur retour (en juillet 40 je crois) le royaume des chats, des chiens et des gardes mobiles.
Le problème principal n'est pas l'évacuation elle-même, mais l'arrivée dans les régions d'accueil (centre et sud-ouest essentiellement). A cette époque, la plupart des Alsaciens ont pour langue maternelle l'allemand (pour les plus de vingt ans) ou l'alsacien (pour tout le monde). Seules les élites parlent correctement le français. Résultat : choc de langue avec les français de l'intérieur (eh oui chers amis d'outre-Vosges, vous êtres des français de l'intérieur, l'expression date de l'immédiat après 1918 et continue d'être utilisée...), qui les appelleront les "Ja-Ja" (prononcer ya-ya), parce qu'ils répondent "ja" (oui) à tout ce qu'ils ne comprennent pas. De plus, ils sont souvent suspects, ces germains-français... Donc leur situation n'est guère enviable, même si dans de nombreux cas des alliances, mariages et amitiés se forgeront au fil des mois, d'où les nombreux jumelages entre ces régions et l'Alsace qui ont été mis en place entre les communes après la guerre.
Au traumatisme du départ, s'ajoute un autre traumatisme : ayant quitté leur région français, ils retournent à la maison allemands ! Les photos de la gare de Strasbourg lors du retour des évacués sont parlantes : fanfare militaire, speaker qui souhaite la bienvenue dans le Reich millénaire... Bref choc au départ, choc au retour !
Je vous passe sur la suite, sinon je vais encore faire une conférence, cette fois sur le thème des Alsaciens dans la guerre, ce n'est pas le sujet ici et je n'ai pas le temps maintenant. Un de ces jours j'ouvrirai peut-être un sujet là dessus. J'attendrai que le forum dorme un peu, un sujet explosif comme celui-là le réveillera à coup sûr !

Bonne soirée,

Seb.

[Prosper Vandenbroucke]

Merci pour toutes ces précisions mon cher Seb. Je me doutais bien aussi qu'un évacuation trop rapide aurait eu un effet désastreux sur le moral de l'arrière. Par contre tes réponses aussi sujet des zones d'accueil et de Strasbourg sont très judicieuses
Encore merci et j'espère que d'autres membres viendront donner leur avis également.
Bonne soirée
Prosper