Evolution de la casemate R 611

[Patrick.Fleuridas]

Cette imposante casemate destinée à l’Armée de terre, Heer, sera construite à près de 86 exemplaires sur le mur de l’Atlantique. Elle est le résultat d’une évolution peu commune dans ses plans. Depuis le premier projet jusqu’aux variantes de cet ouvrage, on peut se rendre compte du pragmatisme de ses créateurs.

Premier projet.
Le premier projet est nettement inspiré d’un autre modèle de casemate. Il s’agit du type 30, dans la série des ouvrages du limesprogramm, protection des frontières.

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L’ouvrage se compose d’un local de combat pour l’emplacement du canon, situé au centre. De part et d’autre on trouve la salle de repos pour le personnel servant et en face deux réserves à munitions. L’une pour les obus, la seconde réservée aux gargousses. Une caponnière protège l’arrière de la casemate et son accès.
L’inconvénient majeur est d’exposer à l’ennemie une large façade, propice aux coups directs. L’embrasure de tir du canon est réduite car adaptée uniquement à un canon de campagne d’un calibre n’excédant pas 10 cm. Ce projet sera donc annulé car, basé sur des études anciennes qui sont dépassées. Il aurait nécessité 900 m³ de béton armé.

Second projet.
Le second projet est cette fois innovant par rapport à son prédécesseur. La forme générale sera d’ailleurs reprise pour d’autres casemates, comme la R 625 dans sa première version, la R 625 B, ou encore la R 653.
Mais un obstacle, parmi d’autres, va annuler ce second projet. En effet l’entrée de la casemate est protégée par un créneau de défense intérieure situé dans un étroit couloir avec, juste derrière, la porte donnant accès au local de stockage des obus. Le risque est alors de voir un tir ennemi traverser le créneau, ce qui arrivera lors des combats, et ensuite la porte blindée, même si cette dernière, du type 434P01, est épaisse. Une sécurité aléatoire donc. Enfin l’ouvrage reste réduit en dimensions, conséquence, il ne possède pas de local pour le personnel servant. Cela oblige à édifier un abri pour les soldats à proximité. L’approvisionnement du canon oblige le personnel à circuler dans un étroit couloir éventuellement occupé par le défenseur du créneau. Encore beaucoup de contraintes donc, de plus il semble qu’Hitler, qui s’intéressait de près aux nouveautés dans le domaine de la fortification, estimait que cette casemate n’était pas une bonne réalisation. Pas aucun exemplaire ne sera construit. La masse estimée est de 1100 m³ de béton armé.
Ci-dessous comparatif entre les deux versions de la casemates R 625, la R 653 et le second projet de R 611.

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A suivre.

Patrick

[Jumbo]

Un R611 célèbre chez nous, celui de la batterie de Merville.

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[Patrick.Fleuridas]

Bonjour,

Oui, à Merville c'est la dernière version de la R 611. Par contre il y a beaucoup de sortie de cheminées sur la dalle de toit !
Patrick

[Jumbo]

Oui elles ne datent certainement pas de 1944...

[Patrick.Fleuridas]

Sur la dalle de toit, deux sorties pour les puits d'antenne, une sortie pour la cheminée du poêle et le capuchon blindé du périscope. Le tout sur la partie droite de la casemate quand on est au niveau de l'accès.

Patrick

C'est depuis cette casemates que l'Oberfeldwebel BUSKOTTE, Battr.Offz. de la 1./1716 va gérer la totalité du site (Wn 01) de juin à la mi août 1944. Il en fait un bon descriptif sur son aménagement, etc.... dans quelques ouvrages.

[dynamo]

Il me semble en avoir vu un en bon état au fort de la crèche à Wimereux.

[dynamo]

à Dunkerque, du coté de l'écluse Wattier nous en avons 3

[Patrick.Fleuridas]

LA SUITE.

Troisième projet.

Le troisième projet sera finalement le bon. Les créateurs ont pris en compte les erreurs des deux premiers. Sa forme est particulièrement étudiée afin d’exposer qu’un minimum de surface. Seule l’embrasure de tir est exposée à l’ennemi. Les murs latéraux s’élargissent ensuite doucement, ne laissant pas de prise aux obus. Cette ultime version sera validée à partir d’avril 1942 et les premières réalisations en février 1943.

Armement.
La liste des canons susceptibles d’être installée est impressionnante. On retrouve l’arsenal de sept pays conquis ou alliés. Mais surtout on peut utiliser des calibres jusqu’au 15,5 cm et de différents types : canon de campagne, obusier, canon sur socle ou pivot. Une grande polyvalence donc.
s.10 cm K18
10,5 cm l FK 18
10,5 cm l FH 18
15 cm s. FH 18
s. IG 33 K
7,5 cm K 231 (f)
7,5 cm K 234 (b)
7,5 cm K 235 (b)
7,5 cm K 236 (b)
7,5 cm FK 243 (h)
10 cm K 17/04
10,5 cm l FH 14/19
10,5 cm K 29 (p)
10,5 cm FH M 30 (t)
10,5 cm K 35 (t)
10,5 cm K 331 (f)
10,5 cm K 332 (f)
10,7 cm K 390/2 (r)
12,0 cm K 370 (b)
12,2 cm s FH 396 (r)
15,5 cm s FH M 25 (t)
15,5 cm s FH 414 (f)
15,5 cm K 425 (f)
15,5 cm K 432 (b)

(b) pour Belgique, (f) pour France, (h) pour Hongrie, (p) pour Pologne, (r) pour Russie et (t) pour Tchécoslovaquie. Sans lettre pour le matériel d’origine allemand.

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Un long couloir central traverse tout l’ouvrage du local de combat jusqu’à l’arrière de la casemate. Large de 250 cm, permet l’installation de la pièce d’artillerie ou de l’extraire sans problème et rapidement quand elle est sur roue. Dans ce dernier cas, une plateforme et un chemin de roulement en béton sont édifiés à peu de distance et autorise ainsi un tir sur 360°.
Deux lourdes portes blindées du type 753P3 ferment la sortie. Dans la réalité sur le terrain, peu seront mise en place, remplacées par de simples portes en bois à double battant. Sur un côté, l’accès aux deux soutes de dimensions comparables, gargousses et obus.
De l’autre côté, juste au niveau de l’entrée pour le canon, un petit couloir mène au sas anti-gaz. Dans ce dernier, une porte blindée pour l’accès à la caponnière et une seconde, plus légère, ouvre sur le local vie des servants.
On y retrouve les installations habituelles, poêle, ventilateur/purificateur d’air et un créneau de défense intérieure. Au sous-sol, sous le local de combat, deux petites pièces pour recevoir les douilles vides au moyen de deux entonnoirs en place de chaque côté du grand couloir. Une trappe dans l’angle de la pièce avec le canon, permet d’y accéder.
Un système d’obturation de l’embrasure de tir est prévu avec une commande depuis le local de combat. La plaque blindée de protection du type 493P2, descend en sous-sol à l’extrémité du local de récupération des douilles utilisées. Un système mécanique de poulies permet de la manœuvrer. L’ensemble pèse 9 tonnes dont 4 pour le seul contrepoids. Mais il semble bien que cette protection ne soit pas mise en place. D’ailleurs certaines casemates ne possèdent pas de sous-sol comme par exemple sur la côte belge. Cette absence est peut-être la conséquence de la nature du sol, sableux, qui demande un plus long travail préparatoire de fouille et une protection de cette dernière.
A l’extérieure, un ringstand dans le prolongement de la caponnière assure la protection circulaire de l’ouvrage. La conséquence directe de tous ces aménagements est une masse de 1330 m³ de béton, ainsi que de nombreuses portes blindées.

On trouve des variantes à ce regelbau comme la construction en miroir, à Berck. Le ringstand est parfois absent comme sur Cabourg. Un ouvrage encore plus modifié sur la position de La Varde à l’Est de Saint-Malo où la caponnière est là supprimée.
Quand le sous-sol n’est pas prévu, une goulotte traverse le mur droit du local de tir et une cuve extérieure sert de réceptacle aux douilles. Enfin une sortie de secours est présente sur une R 611 à la position Friedrich Barbarossa à partie du local vie des personnels.


Une troisième partie présentera en photo les composants principaux de l'ouvrage. A bientôt.

Patrick.

[Jumbo]

C'est depuis cette casemate que l'Oberfeldwebel BUSKOTTE, Battr.Offz. de la 1./1716 va gérer la totalité du site (Wn 01) de juin à la mi août 1944. Il en fait un bon descriptif sur son aménagement, etc.... dans quelques ouvrages.

Je ne crois pas. Le PC de la batterie est installé dans l'abri type R502 construit au centre de la batterie. C'est aussi ce bloc qui fait central de transmission et qui est en liaison téléphonique (câbles blindés enterrés) avec le PO situé sur la côte à Franceville (STP 5).
Pour se remettre les lieux en tête voir le HM nro 57 de décembre 2008...