Je vous souhiate à tous une bonne année 2010. Popur la commencer, voici un extrait d'article que j'ai trouvé sur un site de la commune de Quierzy. il est question de ce fameux 9ème zouave :En mars 1940, sur l'initiative d'Anne Morgan (v. chapitre sur 14-18) un centre de récréation pour soldats a été ouvert à Autreville " un antidote contre l'ennui et le découragement."
Vendredi 10 mai 1940, brutalement, les allemands attaquent la Belgique et les Pays-Bas.
La surprise est totale, nombre de permissions ont été accordées pour la Pentecôte.
La 9e Armée avance en Belgique, la 15e DIM rejoint la 1e Armée vers Cambrai et contre-attaque victorieusement vers Gembloux en Belgique.
On ne sait rien des opérations militaires mais dans le même temps, les blindés allemands de Guderian ont traversé les Ardennes jugés infranchissables et percé le front de la 2e Armée française à Sedan le 14 mai. Deux jours plus tard, ils sont dans le nord-est de l'Aisne atteignant Montcornet, Vervins et Hirson disloquant la 9e Armée. La 6e Armée, en réserve vers Dijon, arrive dans la région de Laon, puis va s'établir plus à l'est lorsque la 7e Armée (Gal Frère) redescendue des Pays-Bas arrive en renfort sur l'Oise.
Jeudi 16 mai, les combats semblent tout proches ; dans la nuit un avion français est tombé près de l'Oise vers le château - son pilote est indemne. Dans la matinée quelques militaires et des réfugiés traversent le village. La rumeur grandit : les allemands sont à Laon ! Il n'en faut pas plus. Les destructions de la Grande Guerre et l'occupation allemande sont dans tous les esprits. Avant midi, les ouvriers sont rentrés des champs, les charrettes et les autos chargées, les maisons fermées à la hâte. Une véritable caravane prend la route, quelques animaux suivront les autres resteront sur place. Les habitants qui n'ont ni auto ni charrette suivent à pied ou prennent le train ; il n'y a aucune gare disponible avant Creil !
Direction la Mayenne. Le plan d'évacuation de 1935 révisé en 1938 prévoit en effet que le département d'accueil pour la population de l'Aisne est la Mayenne, soit plus de 350 kilomètres à parcourir à travers l'Oise, l'Eure et l'Orne en évitant les villes importantes et les grandes routes. Quinze jours de voyage en perspective.
Départ le 16 mai en direction de Compiègne contourné par le nord puis entre Clermont et Creil, traversée de la Seine entre Vernon et Mantes, poursuite entre Vernon et Dreux, puis entre Alençon et le Mans, ... au rythme d'une trentaine de kilomètres par jour. La Dépêche de l'Aisne, imprimée à Laval, publie à la mi-juin une liste indiquant la commune accueillant les services publics de chaque commune évacuée ; la Mairie de Quierzy est évacuée à Bouessay (sud-est de la Mayenne).
S'il faut 4 jours en train, la "caravane de Quierzy" mettra plus de 3 semaines pour parvenir dans la Mayenne dans la panique que l'on sait, certaines étapes se font de nuit pour éviter les bombardements, ... à peine moins que les allemands.
Tandis que la population toute entière s'enfuit sur les routes de France, d'importants combats se préparent dans la région de Quierzy. Le village se trouve en effet au centre du front qu'établit hâtivement Weygand, avec les troupes qu'il lui reste, sur la Somme, le canal Crozat, l'Ailette et l'Aisne.
Dans un premier temps, à la mi-mai, les panzers allemands (Guderian) ont progressé au nord du Département, par Montcornet et Vervins, à travers les arrières de la 9e Armée française, non pas en direction de Paris comme en 1914, mais vers l'ouest et la Manche afin d'enfermer les armées alliées au nord.
Malgré la contre-attaque de la 4e Division Cuirassée du Colonel de Gaulle le 17 mai vers Montcornet, l'ennemi atteint Marle et St-Quentin le 18.
Dimanche 19 mai, Weygand succède à Gamelin à la tête des armées françaises afin d'organiser la contre offensive, les allemands sont à Péronne, Amiens, Abbeville. Les blindés de Guderian atteignent la mer le lendemain et poursuivent les jours suivants en direction de Boulogne, Calais, Dunkerque ; les armées françaises sont définitivement coupées en deux.
Afin de protéger l'avance des panzers vers Amiens, le XVIII.ArmeeKorps (12.Armee, Heeresgruppe A), et ses chasseurs de montagne de la 1.Gebirgsjäger-Division (Gebirgsjäger-Regiment 98 et Gebirgsjäger-Regiment 99) arrive sur l'Ailette par Hirson, Marle, Crécy-sur-Serre. Contrairement à une idée reçue, le gros des troupes allemandes est peu mécanisé et progresse à pied jusqu'à l'Ailette pour y mener des combats d'infanterie classiques, sans l'intervention des chars.
L'avance de la 12. Armee allemande jusqu'à l'Aisne et l'Oise. Le XVIII.ArmeeKorps parcourt environ 400 km jusqu'à l'Ailette en 10 jours.
En face, barrant la route de Paris, quelques unités en retraite tentent tout d'abord de se regrouper derrière les canaux, puis de nouvelles unités forment un front, la "Ligne Weygand",tandis que depuis les observatoirs d'artillerie de la première guerre mondiale sur les hauteurs du Chemin des Dames, l'artillerie française malmène les allemands. Au centre de ce front, entre la Somme et l'Aisne, devant Quierzy, la 7e Armée du Gal Frère revient des Pays-Bas et reçoit des renforts ;
La 29e puis la 23e Division d'Infanterie (en réserve du GQG), alertée le 17 mai, arrive de la région de Chaumont (Haute Marne) et s'installe le 18 derrière le Canal de St-Quentin entre Saint Simon et Tergnier et derrière le canal de l'Ailette entre l'Oise et le Bac d'Arblincourt.
Sur les lieux même des combats acharnés de 1918, fidèle à ses conceptions datant de la Grande Guerre, le commandement français aligne dans ce secteur hautement stratégique, où l'Ailette barre la route de Paris, ses fidèles troupes d'Afrique. La 87e Division d'Infanterie d'Afrique (en réserve du Groupe d'Armées 2), arrivée de Dieuze (Moselle) dans la région de Pierrefonds le 17, fait mouvement le 18 vers l'Ailette, et s'établie du pont sud du Bac d'Arblincourt au pont de Courson (PC à Pierrefonds).
A sa droite, la 28e DI prend position avant que la 7e DI vienne s'insérer. Il n'y a plus à ce moment d'unité en ordre devant elles, seule la 3e DLC résiste devant LAON. Leur mission sur l'Ailette : "Tenir sans esprit de recul". Le secteur devant Quierzy passe à la 6e Armée du Gal Touchon.
La 23e DI est originaire du sud de la Loire et composée des 32e RI (Tours, Chatellereault), 107e RI (Angoulême, Limoges), 126e RI (Brive), 41e RA ... Elle débarque à Chauny à partir du 18 mai. Le 126e prend position entre Jussy et l’écluse de Mennessis, le 32e entre Mennessis et Viry-Noureuil en liaison à droite avec le CID 15 (Centre d'Instruction Divisionnaire de la 15e DIM) (27e RI 15e DIM...), plus tard la 29e DI CID 15 et des éléments du dépot 92 bis qui tiennent sommairement les autres têtes de ponts puis 107e RI ?
La 87e DIA est originaire d'Algérie, et composée des 17e et 18e Régiment de Tirailleurs Algériens essentiellement constitués de réservistes et du 9e Zouaves, régiment d'active d'Alger. Elle rejoint l'Ailette le 18 mai ; durant le trajet depuis Attichy, les colonnes des Zouaves sont continuellement survolées et plusieurs fois bombardées par l'aviation ennemie sur les routes encombrées de soldats de la 9e Armée en déroute et de réfugiés. Les autres régiments de la Division et l'artillerie (87e et 287e RA) sont retardés par les bombardements aériens et subissent des pertes en route.
Le "9 Z", dont l'effectif est incomplet (des permissionnaires n'ont pas pu rejoindre l'unité), prend possession des ponts entre Champs et Courson (ce dernier est tenue à partir du 19 mai par le 7e BCA de la 28e Division qui s'installe à droite de la 87e). Le Régiment y construit dès le 19 des barricades anti-char et établit de solides points d'appui, réutilisant parfois des abris de 14-18. La défense des villages et les forêts, obstacles naturels à la progression des chars, est pareillement minutieusement organisée jusqu'à Vézaponin et Epagny en arrière du front.
Les Tirailleurs prennent pareillement position dans la nuit du 18 au 19 ; le 17e (moins un bataillon placé en réserve de Division) à droite des Zouaves et le 18e à gauche des Zouaves relève le Groupe de Reconnaissance de la Division (GRD 87). L'artillerie s'installe à l'arrière ; les 75 du 87e RA en "appui direct" des 3 régiments d'infanterie, les 155 C du 287e RAL en soutien, plus un groupe de 155 GPF aux lisières de la Forêt de Laigle.
Quierzy n'est pas mentionné dans les archives de la 87e DIA, mais le dépôt d'obus de 155 dans un bois à proximité du village, dont nous reparlerons plus tard, correspondrait au 287e RAL (Régiment d'Artillerie Lourde).
Manicamp, sous-secteur du 18e RTA, est organisé défensivement. Dans la rue principale, une arme collective (canon d'infanterie ou fusil-mitrailleur) est installée dans une maison, dont un mur est en partie démonté pour permettre le tir en direction de l'Oise et du canal. Un élément du socle sera retrouvée par le propriétaire des lieux à son retour d'exode.
Il n'y a pas de trace à Quierzy, plus en arrière du front, de l'organisation de telles défenses. La défense de l'Oise depuis la rive sud, alors que la poussée allemande orientées plein sud en direction de l'Aisne et Soissons, présente le risque pour les défenseurs de se retouver coincés le long de la rivière et son canal.
"Qu'ils viennent ... ils seront reçus !". En 14 et en 18, l'armée française s'est rétablie sur la Marne, cette fois ce sera sur l'Ailette. Le ravitaillement, amélioré du vin trouvé sur place, est abondant. Malgré les plaintes des bêtes mourant de faim et de soif se mêlent aux échos des combats qui se rapprochent, le moral est bon.
Le PC de la Division s'installe à Morsain le 20 puis à Vassens le lendemain tandis que le secteur de division s'étend vers l'Oise.
Face à la 87e, les chasseurs de montagne de la 1.Geb.Div. (désormais rattachée au XXXXIV ArmeeKorps, 6.Armee, Heeresgruppe B) arrivent également sur l'Ailette le 19 et sont en défense le long de la rivière avec en avant des positions entre Marizelle et Landricourt (Coucy-le-Ch.) protégeant ainsi l'avance des panzers vers Amiens.
Premier contact avec l'ennemi le 21 à l'aube, le Groupe de Reconnaissance de la Division (GRD 87) qui passe le canal pour aller faire sauter un dépôt d'essence vers Barisis dans la Forêt de Coucy se heurte à une forte colonne motorisée vers Coucy-le-Château. Tout au long de la journée, l'ennemi tente de franchir les ponts, il est systématiquement repoussé, chars y compris. Malgré les bombardements d'artillerie et le manque de matériel de destruction, nos pionniers commencent à faire sauter les ponts.
Jeudi 23 Mai 1940
S P 14954
"ça va pas plus mal, nous sommes toujours dans notre souterrain, mais il faut prendre patience en espérant que nos miséres s'arrêteront vite. Il fait toujours trés beau et on casse toujours bien la croûte arrosée de bonnes bouteilles trouvées dans les maisons éventrées,on se demande comment elles ont pu résister aux bombes? Tu ne peux pas te rendre compte du nombre d'animaux qui trainent, vaches, cochons, chevaux, moutons tout ce que ces pauvres gens ont abandonné et qui vont servir en partie à faire des bouillons. Ils auront eux aussi servi la France en améliorant l'ordinaire des soldats à la guerre. Certains vieux avaient déja connu l'exode et la destruction de leurs biens en 14, c'est la guerre mais c'est bien triste" Récits d'époque
Le 22 et les jours suivants, les allemands surpris par cette résistance inattendue limitent leurs tentatives d'infiltration. L'artillerie est en place, ainsi que les communications téléphones et radio. La destruction des ponts se poursuit. Les accrochages et duels d'artillerie sont quotidiens.
Le front s'organise. A la fin mai, la 87e Division repasse à la 7e Armée. Son secteur est étendu à gauche jusqu'à l'Oise exclue (au delà, la 23e DI reprend le secteur de la 29e) et ramené à droite au pont de la Vallée inclus (au delà, c'est la 7e DI rattachée à la 6e Armée). Le secteur de la 87e DIA est divisé en 3 sous-secteurs ;
- Ouest ; 18e RTA (principaux points d'appui ; Bois de M..., Bois de F..., Manicamp, St-Paul-aux-Bois, Besmé, Blérancourt),
- Centre ; 9 Z (Bois de la T..., Guny, Trosly-Loire, Selens),
- Est ; une partie du 17e RTA (Pont-St-Mard, Point du Jour, Ferme de Bonnemaison, Epagny).
Les 12 ponts ou passerelles du secteur ont été détruits. On se bat à la grenade d'une rive à l'autre. La menace monte, les préparatifs allemands s'accélèrent ; dans la nuit du 3 au 4 le 105.Inf.Rgt. 72.Inf.Div. relève les chasseurs de montagne. Le 4, l'agitation est importante du côté allemand. Après le rembarquement le 4 juin à Dunkerque du Corps Expéditionnaire Britannique et des armées françaises encerclées au nord, les unités françaises, jetées dans la bataille au gré des événements, défendent désormais seules et sans moyens modernes la liberté du monde. Elles ont pour consigne de résister sur place jusqu'à l'arrivée des armées rescapées du Nord qui débarquent à Cherbourg ... Mercredi 5 juin, 2e acte de la bataille, les allemands (6.Armee, Heeresgruppe B) attaquent en force. Après une intense préparation d'artillerie sur tout le front à l'aube, qui s'étend en profondeur entre Quierzy et Juvigny, ils franchissent le canal à la faveur d'un épais brouillard sur des barques pneumatiques ou à la nage. Les vagues successives sont accueillies à coups de fusils et de grenades, qui coulent les embarcations et font de nombreux morts qui flottent sur canal. Les combats se poursuivent au corps à corps sur les berges.
La plupart des points d'appui, mêmes encerclés, tiennent mais l'ennemi les contourne et progresse entre Pont-St-Mard et Crécy-au-Mont et par le pont de Bichancourt insuffisamment détruit. Devant Guny, le 105.IR allemands décimé par nos armes automatiques doit engager ses réserves.
A la mi-journée, les allemands débordent Manicamp malgré la résistance sur place des unités ; la IIe Compagnie du 18e RTA qui assure la liaison au pont de l'Oise avec la 23e DI ne se repliera que le 7 avec cette dernière. Mais les infiltrations ennemies sont nombreuses, St-Paul-aux-Bois est investi, Trosly-Loire est menacé. Sans doute l'ennemi cherche-t-il, selon une méthode qui lui chère durant cette campagne, à attaquer par l'arrière, en capturant les états-majors pour désorienter les unités privés de chefs ... Des renforts sont nécessaires. Une section de chars du 56e BCC - 3 FT17 de la Grande Guerre - arrive en début d'après-midi ! Une contre-attaque des Tirailleurs du 17e permet de dégager le PC du 9 Z à Selens.
On trouve à Quierzy des traces de ces combats ; des douilles de 7,5 mm 1929 correspondant à l'armement individuel des Tirailleurs.
Au soir, les allemands s'emparent de Besmé ferme par ferme mais les points d'appui sur le canal et dans Trosly-Loire tiennent, les pertes infligées à l'ennemi sont importantes et plus de cent prisonniers ont été faits (principalement des hommes du 124.Gr.Inf.Rgt. de la 72.Inf.Div. (XXXXIV AK, 6. Armee, Heeresgruppe B ).
Le 6 juin, les allemands poursuivent leur action. A l'ouest, ils poussent en direction de Blérancourt. Le 18e RTA contre-attaque de la Rue de Noyon en direction de la Ferme Favette pour dégager la dernière batterie de 75 intacte du 87e RA qui appuie le régiment. Renforcé par la compagnie de réserve du 17e RTA et appuyé par une section de 2 FT (le 3e est en panne) les Tirailleurs repoussent l'ennemi et capturent 16 allemands dont un officier. Au soir, les allemands attaquent très violemment Camelin et le Fresne.
Au centre, l'attaque allemande en direction de Trosly-Loire est pareillement stoppée ; 152 prisonniers dont 2 officiers et un important matériel sont pris. A l'est, une grande partie de l'armement est perdu du fait des violents pilonnages d'artillerie, la liaison est perdue avec le 93e RI, les Tirailleurs se replient vers Epagny et le GRD multiplie les reconnaissances pour rechercher la liaison avec le 93e RI.
Vers 21 h tombe l'ordre de décrocher. On croit tout d'abord à une mystification de la 5e colonne. Mais les importantes incursions ennemies alentours rendent une contre attaque impossible ; le 485.I-R (263.Infanterie-Division, V ArmeeKorps) a passé le Canal de l'Oise à l'Aisne à Bichancourt et longe par surprise le Canal Latéral à l'Oise jusqu'à Noyon, entre la 23e DI tenant la rive droite de l'Oise et Noyon et la 87e DIA tandis que les 463 et 483. Infanterie-Regiment (263.I-D également) franchissent le Canal de St-Quentin devant Vouël.
L'ordre est transmis par les agents de liaison qui parviennent à se glisser jusqu'aux points d'appui encerclés. Malgré la fatigue de deux jours et deux nuits de combats et la faim (il n'y a plus de ravitaillement depuis le 4 juin), le repli s'effectue en ordre à la faveur de la nuit en direction des ponts sur l'Aisne de Rethondes, Berneuil, Attichy et Vic tenus par la 11e DI. Le 7 vers 13 heures la rivière a été franchie par tous les éléments qu'il a été possible de décrocher, les ponts sautent. Les allemands attaquent déjà. La déception est grande de ne trouver là ni défense organisée ni renforts regroupés pendant les 20 jours de combats sur l'Ailette.
Des journées décisives
On sait aujourd'hui que pour Weygand l'ordre donné le 5 juin à ses unités de lutter "sur place sans esprit de recul" signifiait que la guerre devait s'arrêter là, pour négocier avec Hitler tant que la France a une armée. Weygand refusait alors toute idée de repli vers la Bretagne ou l’Afrique du Nord et rien n’est donc fait en ce sens.
Mais l'armée française oppose, au délà de tout espoir, à l'attaque allemande du 5 juin, une résistance remarquable - et remarquée - sur la Ligne Weygand, contrastant avec ce qui s’est passé en mai.
Cette nouvelle donne ne modifie pas le cours de la bataille mais Weygand finit par céder sans conviction le 6 et autorise la retraite. Son plan d’armistice est mort et lorsque l’Armée Française se battra jusqu’au bout.
Après le rembarquement réussi de Dunkerque, ce sursaut français aidera également Churchill à convaincre les britanniques que l’on peut se battre contre Hitler et continuer la guerre.
Il trace aussi la voie dans laquelle s’engagera de Gaulle, devenu le 6 juin Secrétaire d’Etat à la Guerre du gouvernement Reynaud.
Le prix payé par les allemands sur l'Ailette est élevé ; de leur propre aveu pour ces deux jours ; 1.800 morts et 4.500 blessés (outre plus de 200 prisonniers). La seule 1.Geb.Division du XXXXIV ArmeeKorps, qui a traversé le canal plus à l'est ce jour-là perd 500 hommes. Les Zouaves perdent de leur côté 16 officiers et 620 hommes (tués, blessés ou disparus). les pertes des Tirailleurs, égalements lourdes, attestent qu'ici comme ailleurs l'armée française s'est battu courageusement.
Sur l'autre rive de l'Oise, le V ArmeeKorps allemand qui attaque depuis La Fère est tenu un temps en échec devant Noyon par de puissantes contre-attaques françaises mais à l'aube du 7 juin, les 62. et 94.I-D venant du Nord et la 263.I-D du sud-est resserrent l'étau sur Noyon où les combats de rues opposent les fantassins allemands aux fantassins français jusqu'en début d'après-midi. La plupart des unités françaises parviennent à s'échapper. Au soir, la 263.I-D occupe Noyon. La chaleur est étouffante. Les morts sont enterrés à la hâte.
Les combats se poursuivent au sud de l'Aisne. La 87e DIA se bat au nord de la Forêt de Retz ; Ferme de Pouy les 8 et 9 juin, Taillefontaine le 10 ...
Lundi 10 juin, la bataille défensive sur la Somme et l'Aisne est perdue. Le repli général se fait sur Soissons et Oulchy. Les Allemands atteignent Château-Thierry. Le front sur la Marne est défendu héroïquement. Le 11 juin, la rivière est franchie à Brasles et à Chartèves. Les allemands progressent dans toutes les directions.
Le Gouvernement quitte Paris. Le 12, les allemands sont à Évreux, le 14 à Paris et au Mans, le 15 à Tours et sur la Loire. Lundi 17, le Maréchal Pétain annonce à la radio "qu'il faut cesser le combat". Le 18, le Général de Gaulle lance son appel : "rien n'est perdu pour la France". Du 19 au 21, 2 000 Cadets de Saumur (élèves officiers, instructeurs, bataillon de marche des élèves officiers et d'infanterie de St-Maixent) résistent derrière la Loire sur un front de plus de 30 km de Gennes à Montsoreau. Mais un armistice est signé le 22 juin à Rethondes. Il est rapidement violé.
A la tête de la 87e DIA, le Gal Martin saura diriger une retraite en bon ordre jusqu'en Charente et en Hte-Vienne (à St-Junien notamment ...), sans jamais rompre le combat, malgré la masse de civils qui fuit, l'armée qui se défait sous les coups des stukas, maîtres du ciel désespérément bleu de juin 1940. La division, qui défile dans Châteauroux le 14 juillet, reçoit les félicitations de Weygand avant de rembarquer à Marseille pour l'Algérie début août ; ses hommes prendront part dès 1942 à la libération de l'Empire puis de la Métropole.
Les allemands n'oublieront pas non plus la défense héroïque du 9e Zouaves sur l'Ailette ; l'armistice signé, ils tiendront à rencontrer son chef sur la ligne de démarcation pour le féliciter !