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Re: Friedrich Dollmann

Nouveau messagePosté: 09 Fév 2019, 11:11
de JARDIN DAVID
La prétendue faible combativité des divisions statiques n'est-elle pas un des mythes générés et entretenus par l'écriture des vainqueurs ?
JD

Re: Friedrich Dollmann

Nouveau messagePosté: 09 Fév 2019, 14:11
de Dog Red
JARDIN DAVID a écrit:La prétendue faible combativité des divisions statiques n'est-elle pas un des mythes générés et entretenus par l'écriture des vainqueurs ?


Personnellement je ne crois pas.
Le vainqueur a toujours intérêt à glorifier le vaincu, sa victoire n'en est alors rendue que plus belle (cf. l'exemple emblématique de "La guerre des Gaules").

Au contraire... ne serait-ce pas plutôt, après-guerre, amoindrir l'image des vainqueurs que de mettre en avant la faiblesse relative des divisions statiques ?

L'exemple de la 716.ID rappelé par Benoît me parait des plus significatifs !
Le 6 juin, elle se défend becs et ongles notamment sur Juno où elle prive les Canadiens de la prise de Carpiquet et plus en retrait sur la position Hillman qui tiendra jusqu'à la nuit. Un des éléments perturbateurs qui conduisent à l'échec devant Caen le 6 juin. Les hommes de la 716 ont fait ce que l'on attendait d'eux le jour le plus long, tenir en attendant les chars.

La division y laisse 3.000 hommes (près de la moitié de disparus) la journée du 6 juin mais reste en défensive devant Caen se consumant au front, le temps que les renforts arrivent.
Faibles par ses moyens mais pas par sa combativité.

Re: Friedrich Dollmann

Nouveau messagePosté: 09 Fév 2019, 15:54
de JARDIN DAVID
Encore une fois j'ai posé la question car je n'ai pas lareponse.
Je n'avais pas l'impression que les anglo-saxons avaient tendance à glorifier les vaincus. À voir.
JD

Re: Friedrich Dollmann

Nouveau messagePosté: 09 Fév 2019, 16:06
de Loïc Charpentier
Situation établie par l'OKH, au soir du 7 juin 1944 ....

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Les forces allemandes, dans la pointe du Cotentin - au nord de Carentan - se résument à :

91. ID, en réalité, 91. (LL) ID , ce qui indique que l'unité, constituée début 1944, était majoritairement constituée de personnels de la Luftwaffe, fournis par la réserve des 1. & 2. Wellen de l'Ersatzheer, donc, du personnel "mobilisé" en septembre 1939, pour les besoins de la Lutwaffe et "convertis", avec un succès des plus relatifs, en "fantassins". L'organisation et la dotation de son Artillerie-Regiment étaient calquées sur celle d'un Gebirgs-Artillerie-Regiment, ce qui sous-entend que les Abtn. I & II étaient armées de 7,5 cm (toutes provenances) au lieu d'obusiers légers de 10,5 cm. La division avait été renforcée par le Fallschirmjäger-Regiment 6.

243. ID & 709 ID, toutes deux, classées "Bodenständige" (statiques), la 709. ID ayant, de surcroit, ses régiments d'infanterie, répertoriés "Festung" (infanterie de forteresse) et ses 4èmes bataillons d'infanterie constitués d'Ostruppen.

Kampfgruppe 275 ID ... la division est incomplète (!) et a été, aussi, constituée de bric et de broc, début 1944, notamment, à partir des "débris" de la 223. ID, perdue devant Kharkov et Kiev -.

Dans tous les cas, au sein de ces formations, l'essentiel des moyens de transport se résumait aux bourrins et aux bicyclettes et, en aucun cas, comme leur désignation le confirme, les ID (Bo) étaient conçues pour crapahuter en rase campagne.

Ultérieurement, la 77. ID, stationnée à Saint-Malo, les rejoindra, à marche forcée, pour se positionner devant Valogne, la Lehr-StuG-Brigade, puis la Panzer-Abteilung 206 , classée "Bodenständig"( !!), ce qui est "fort de café" pour une unité blindée! :rire: -.

Donc, hormis la Lehr-StuG-Brigade, on se retrouve avec des unités de seconde zone, qui n'avaient rien de comparable avec les formations de "premier brin" qui, elles, seront, par exemple, engagées à l'aile droite du dispositif allemand. Cà ne remet pas en cause les qualités combatives dont elles s'efforceront de faire preuve, mais, indique juste, que, dès le départ, elles n'étaient pas conçues pour le rôle qu'il leur sera confié.

Quant au "Festung Cherbourg", dont il est fait mention, pour la première fois, sur la carte du 21 juin 1944, on trouve sa constitution détaillée sur la carte ci-dessous... Dans les faits, il s'agissait des "débris" qui avaient survécu aux combats et bombardements, depuis le 7 juin précédent ! De mémoire, la StuG-Brigade 902 - moins d'une quinzaine de canons d'assaut, à cette date - n'était rien d'autre que la "Lehr-StuG-Brigade", évoquée plus haut! :D ... Cà ne faisait pas bézef pour tenir un secteur converti (pompeusement) en "forteresse".

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Re: Friedrich Dollmann

Nouveau messagePosté: 09 Fév 2019, 16:51
de Dog Red
JARDIN DAVID a écrit:Encore une fois j'ai posé la question car je n'ai pas lareponse.
Je n'avais pas l'impression que les anglo-saxons avaient tendance à glorifier les vaincus. À voir.


J'ai toujours trouvé que la propagande anglaise en avait fait de trop avec les victoires de ROMMEL en Afrique. MONTGOMERY, lorsqu'il prend le commandement, est assez étonné de l'aura du Renard du désert au sein de la 8th Army. Du point de vue de la propagande, c'est de bonne guerre. Surestimer l'ennemi c'est masquer ses propres erreurs et... une fois vaincu s'est rendre sa propre victoire encore plus éclatante.

Pas de ça dans l'histoire anglo-saxonne de la campagne de Normandie. Je n'ai jamais lu que les divisions statiques allemandes étaient autrement dénigrées. Au contraire ! Certains auteurs font de la 352.ID à Omaha une unité de grande valeur (pour expliquer les difficultés à prendre pied sur la plage ; nous en avons débattu récemment).

Par contre, et ce n'est que mon avis, une certaine littérature plus pro-allemande ou plus anti-alliée peut mettre en avant une relative médiocrité dans la valeur des unités de première ligne le 6 juin 1944 (des vieux, des rebuts du front de l'Est, des inaptes au service...) pour minimiser la gloriole du Débarquement telle qu'on peut la lire d'autre part.

Les ouvrages généraux plus sérieux d'auteurs d'horizons divers tels KEEGAN, BEEVOR, RONDEAU et certainement BERNAGE présentent de manière objective la valeur des divisions statiques.