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A quoi bon?

Nouveau messagePosté: 12 Juin 2017, 18:57
de Jumbo
Etant en Normandie pour les commémorations du 73 ème anniversaire du débarquement (j'y reviendrai brièvement car pas grand chose à se mettre sous la dent ou dans l'objectif de l'appareil photo :? ) j'ai consulté la presse locale pour voir ce qui avait été fait en matière de cérémonies. Je suis tombé sur le discours d'Olivier Paz maire de Merville-Franceville et très engagé sur le site de la batterie de Merville. Je ne vais pas reprendre in extenso son discours mais il commençait par le devoir de mémoire que constituaient les différentes cérémonies. Et il disait que beaucoup de gens disaient "à quoi bon...". Et de poursuivre en se posant la question : si les jeunes Américains, Anglais, Canadiens et Français engagés le 6 juin 1944 s'étaient posés la même question? "A quoi bon mourir pour un pays que l'on ne connait pas, loin de chez nous? A quoi bon attaquer ce point fort allemand, à quoi bon lancer une attaque à la baïonnette comme l'ont fait les paras de la 101ème à Carentan, à quoi bon escalader les falaises de la pointe du Hoc, etc... Heureusement à l'époque, ces valeureux jeunes hommes ne se sont pas posés la question eux....

Re: A quoi bon?

Nouveau messagePosté: 12 Juin 2017, 19:23
de Prosper Vandenbroucke
A méditer en effet.

Re: A quoi bon?

Nouveau messagePosté: 12 Juin 2017, 20:11
de Tarpan
For humankind, we knew that it has to be done, so we did it. (Au nom de l'humanité, nous étions persuadé qu'il fallait le faire, alors on l'a fait...)

"Anonyme : phrase retrouvée dans un courier quelque part en Normandie juin 1944"

Respect

Re: A quoi bon?

Nouveau messagePosté: 13 Juin 2017, 14:40
de Loïc Charpentier
Bonjour,

Et de poursuivre en se posant la question : si les jeunes Américains, Anglais, Canadiens et Français engagés le 6 juin 1944 s'étaient posés la même question? "A quoi bon mourir pour un pays que l'on ne connait pas, loin de chez nous? A quoi bon attaquer ce point fort allemand, à quoi bon lancer une attaque à la baïonnette comme l'ont fait les paras de la 101ème à Carentan, à quoi bon escalader les falaises de la pointe du Hoc, etc... Heureusement à l'époque, ces valeureux jeunes hommes ne se sont pas posés la question eux....


La troupe américaine, pour l'essentiel, était composé de mobilisés. A dater du jour où il franchit la porte de la caserne - à moins d'être objecteur de conscience et déserteur (dans la foulée) - le mobilisé n'a plus grand-chose à dire, il suit le mouvement, comme les copains. La décision de s'engager ou non dans la guerre est du seul ressort des gouvernants. Une fois incorporé, depuis le biffin de base jusqu'à l'officier de réserve, versé à l'état-major, il n'y a qu'une unique voie, l'obéissance militaire. Ce constat reste valable pour tous les adversaires, quelque soit leur camps.

Il n'est pas question, ici, de minorer l'aspect "lutte pour sauver la démocratie, la Patrie, etc.", qui était, au passage, le message "martelé" par la propagande militaire - on retrouve son pendant en Grande-Bretagne, en Allemagne ou en Union Soviétique -, mais çà tourne au ridicule, quand on en vient à se poser ce genre de question philosophique, comme celle du maire de Merville. L'appelé de l'Iowa, du Kentucky, du Maine, à l'instar du p'tit gars de la Creuse ou du Lot-&-Garonne, en 1940, n'avait pas la fibre patriotique "internationale" autant chevillée au corps. En réalité, bon nombre d'entre eux se posaient la question... mais qu'est-ce qu'on fout là ? D'autant que les grands idéaux ne font pas, nécessairement, le bon soldat! Il suffit de se souvenir de la tendresse particulière que réservait Patton aux "nervous brake-downers", qu'il considérait comme des lâches ou des tire-au-flanc.

En prenant un exemple bien de "cheu nous", les "événements" d'Algérie entre 1954 et 1961, avaient été loin de déclencher l'engouement, dans notre " belle jeunesse"; çà ne l'avait pas empêchée, pour autant, d'y aller se cogner 3 ans, même en trainant les pieds.

Re: A quoi bon?

Nouveau messagePosté: 13 Juin 2017, 14:52
de Dog Red
A tel point que le gouvernement US commanda une série de 7 films de propagande pour expliquer aux Américains pourquoi aller se battre en Europe.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Why_We_Fight

Un soldat de choisit pas. Au mieux il se bat pour ses copains qui sont dans la même galère que lui... et sur lesquels il espère pouvoir compter au moins un peu pour sauver sa peau.

Re: A quoi bon?

Nouveau messagePosté: 13 Juin 2017, 15:05
de Tarpan
Je suis entiérement d'accord avec vous Messieurs, néanmoins il serait aussi romantique que pathétique d'utiliser la généralité dans les deux cas.
Non tous les soldats ne partirent pas dans un élan de justice et de liberté au combat, en effet la grande majorité ne s'est sans doute pas posé la question.
et NON tous ne furent pas des moutons mené malgré eux et sans savoir pourquoi, certains plus érudits, plus conscients, plus impliqués personnellement de par la couleur, la religion, la politique, la philosophie, la vengeance, le patriotisme... savait trés bien pourquoi ils se battaient, certes ces exemples ne font pas le nombre, mais le nombre n'a pas existé sans ces hommes, qu'ils soient militaires ou non. Cause il y eu, sacrifice aussi et c'est cela qu'il ne faut pas oublier.

Re: A quoi bon?

Nouveau messagePosté: 13 Juin 2017, 21:57
de alain adam
J'approuve vos différents commentaires, et j'en rajoute un , qui tient plus a l’être humain .
Lorsqu'un militaire est mobilisé , il passe des entraînements qui ont pour but de créer en lui un esprit de cohésion de groupe , de confiance sans son pote soldat , on ne lui inculque pas des notions politiques . Et ce ci a un but , lorsqu'une unité est soudée , elle ira au feu ou on va lui ordonner , que l'ennemi de demain soit l'allié d'hier , car l'important sur le terrain est d’être avec ses camarades de combat .
Bien entendu , cela n’empêche pas certains d'avoir une vision plus lointaine du sujet , mais une fois au front , on pense plus qu'a sauver sa peau et celle de ses amis , que d'établir des idées contre-productive pour signifier que les troupes n'ont rien a faire la . Lorsqu'il y a retraite et difficulté a se nourrir , sans plus vraiment d'encadrement , la démoralisation arrive , et le pas est vite fait sur l'auto-protection ( l'instinct de survie ) , et c'est ainsi que l'on arrive parfois a des mouvements démissionnaires faisant boule de neige . Le tout reste humain , et n'a vraiment rien a voir avec un quelconque patriotisme .

On donne parfois des médailles a des gens mort de frayeur lors d'un combat , qui se sont planqués , car ils sont les derniers survivants de nos jours . Peu importe ils y étaient . N'oublions jamais qu'une guerre ne touche pas que les militaires , mais aussi les populations civiles , et que , par exemple , la France est en guerre aujourd'hui . A quoi bon commémorer les soldats défunts ? Pour se souvenir que nous ne voulons pas de guerre ... tout simplement !

Amicalement ,
Alain

Re: A quoi bon?

Nouveau messagePosté: 15 Juin 2017, 08:43
de Jumbo
Pour revenir aux commémorations de cette année, c'était pas terrible :| Certes la météo n'était pas de la partie avec un vent d'ouest très fort et de la pluie entrecoupée de belles éclaircies. Mais alors que sur les programmes il y avait quelques trucs intéressants quand on se déplaçait sur le terrain il en allait différemment.
En ce qui concerne ce que j'ai visité le 06 juin, on annonçait :
reconstitution camp GB à Longues : oui 3 tentes fermées le 6 juin...
reconstitution camp US à Méautis (bloody gulch) : 5 tentes et une poignée de reconstituteurs, pas de véhicule
Omaha reconstitution camp Big red one : je ne l'ai pas trouvé...
Omaha toujours à proximité du musée D-day Omaha, reconstitution camp US : oui petit camp et quelques véhicules. Mais tout fermé et aucune animation
St Aubin : reconstitution camp GB : 2 tentes fermées et personne, pas de véhicule
Au final le plus beau était celui du site Hillman.
Remarque concernant les magnifiques camp Arizona de Carentan et Géronimo de Ste Mère. Je sais que les reconstituteurs ont des vies et des métiers et que cette année le 6 juin tombait un mardi après le lundi de Pentecôte. Mais le fait que ces 2 superbes camps plient bagages le 05 juin au soir, me surprend un peu, "historiquement" parlant.
Et d'une manière générale il n'y avait personne sur les sites où je suis allé. L'avantage c'est qu'on est pas emmerdé pour se garer :?

Re: A quoi bon?

Nouveau messagePosté: 15 Juin 2017, 11:35
de Dog Red
Tout cela est très maigre en effet.
Comme tu l'écris, le 6 tombait un drôle de jour cette année, mais quand même...

Une réflexion cependant... La Normandie ne finit-elle pas par tuer la Normandie ?
Je veux dire par là que depuis 1984, le feu-roulant des commémorations 40e, 50e, 55e, 60e, 70e n'est-il pas un engouement de plus en plus difficile à maintenir, voire renouveler ?
Dès lors... l'essoufflement crée d'office un vide flagrant.

A comparer avec certaines micro-activités en Belgique, (Mons, La Panne/Dunkerque, Bastogne, La Gleize et d'autres qui commencent à fleurir dans d'autres coins moins marqués par la guerre) qui ne sont suivies que par les passionnés mais avec un niveau de qualité souvent élevé par des groupes de trentenaires sortant de sentiers battus (Panzer-Brigade, troupes canadiennes notamment).

Re: A quoi bon?

Nouveau messagePosté: 15 Juin 2017, 11:52
de Chef Chaudart
Pour élargir un peu le sujet: la motivation du soldat a été, de tous temps, LA préoccupation des militaires.

Des soldats démoralisés n'ont jamais fait de bons guerriers.

Sans méconnaitre les bienfaits de la "cellule de base" (le groupe de copains qui se créé spontanément quand les hommes sont regroupés), signalé plus haut , le sujet est plus vaste et toujours d'actualité. On utilise également la contrainte sociale (la société militarisée japonaise d'avant guerre en est l'exemple parfait), la propagande, la récompense (médailles ou "coup de rouge" et repas chaud dans les tranchées) et de nombreux autres "outils".

Des recherches sont faites, encore actuellement, dans toutes les armées du monde afin de garder des soldats motivés et capables de réagir dans le feu du combat (de nombreuses études montrent en effet que, indépendamment de la motivation, le succès dans la mission d'un groupe de combat est le fait de quelques individus seulement. Les autres font, au mieux, de la figuration. Le "drill" a été, de tous temps, un moyen de limiter le phénomène: le combattant répète une suite de gestes ou attitudes de façon automatique, et on espère qu'il pourra les faire dans la chaleur de l'action)