Dans une interview au Point du 4 juin 2009, intitulée « Les Américains n'étaient pas venus en libérateurs », l’historien français Olivier Wieviorka prétend appréhender la réalité en nous révélant que, le 6 juin 1944, les Américains n'ont pas débarqué pour libérer l'Europe occidentale de l'occupation nazie, mais simplement pour faire « le job » (quel « job » ?).
A la suite d’une telle assertion, on peut légitimement se demander de qui M. Wieviorka se moque le plus : des lecteurs d'aujourd'hui ou des soldats américains et alliés d'alors qui ont combattu au prix de 58 000 morts et 170 000 blessés (selon Le Point) pour les trois premiers mois en Normandie ?
Peut-être y avait-il une forte minorité d'immigrants d'origine allemande aux U.S.A., peut-être les Allemands n'y étaient-ils pas victimes du même préjugé raciste que les Japs ; néanmoins, à mon humble avis, les boys avaient accepté, dans l'ensemble, de risquer leur peau, non pas pour faire « le job », mais pour flanquer la pâtée à Hitler et à ses sbires.
Cela ne signifie évidemment pas que les Américains voulaient, M. Wieviorka dixit, à l'instar des Soviétiques, « se faire déchiqueter vague après vague », car, effectivement, comme paraît le déplorer l'historien français, aux Etats-Unis, contrairement à l’URSS, « la valeur d'un soldat est élevée ». A ce propos, M. Wieviorka pense-t-il que les soldats soviétiques avaient l'intention de libérer l'Europe orientale ? Voyons les résultats...
Quant au « fort antiaméricanisme des Français » (surtout « fort » dans l'intelligentsia, car les couches populaires ont une assez bonne image de « l'Amérique »), ce n'est pas tant dans les bombardements américains qu'il trouve son origine, mais, ainsi que l'observe F.-O.G. dans l'éditorial du même numéro du Point, dans « la maladie sénile du marxisme et symptôme dégénératif du patriotisme franchouillard » dont semblent encore manifestement atteints certains « historiens-idéologues » français.
Bref, de telles remarques expliquent et justifient celle de l'écrivain polonais Leopold Tyrmand qui déclarait en anglais en 1967 : “After being saved, rescued, fed and restored as a national entity by America twice during this century, the French behave in a most ungrateful way, exhibiting towards their benefactors ingratitude at its worst.”
Sur ce, je ne suis pas expert en la matière et j'attends l'avis des des spécialistes de ce forum...