D'après Gilles Perrault, dont les parents - mais c'est anecdotique - ont hébergé Francis Sutill, le fameux major Prosper, les Anglais ont annoncé à ce réseau que le débarquement aurait lieu en 43, et l'ont surchargé d'envois d'armes dans ce but, rendant impossible une situation déjà critique.
Ajouter à cela des "pianistes" anglais retournés qui ont la mauvaise surprise de voir leur correspondant anglais leur signaler "Tu as oublié ton security check" (l'erreur obligatoire, dont l'absence signalait précisément qu'on émettait sous la contrainte) et on voit l'opération d'intoxication destinée à maintenir en France le maximum de troupes allemandes.
Cette intoxication fut un échec, dit d'abord Gilles Perrault, le haut commandement allemand ayant évalué justement le centre de gravité des forces alliées, qui ne se trouvaient pas assez nombreuses en Angleterre. Mais cette intoxication fut un succès, ajoute-t-il, parce que les services secrets allemands avaient donné ce débarquement comme certain (le réseau Prosper n'a sans doute pas été le seul vecteur d'intoxication) et que les militaires allemands cessèrent de leur faire confiance - d'autant plus que ces services furent auparavant intoxiqués tout autant pour le débarquement en AFN, pour la Sicile et je ne sais quoi encore.
D'où le résultat - et compte tenu en prime de l'opération Fortitude - que les dirigeants allemands ont joué le lieu du débarquement à la roulette, avec une nette préférence pour le Pas de Calais, "plus logique". Hitler en tous cas a attendu jusqu'au début août 44, il me semble, pour démordre de son intuition géniale.