Post Numéro: 57
de Dog Red
19 Nov 2018, 12:41
En page 133, VON KEUSGEN cite la certitude de STEINER quant au fait que : "Le bâtiment des machines [écluses] a au moins été touché à deux reprises [suite à son ordre de tir]" et poursuit en précisant que "Dorénavant le système des 2 écluses du port d'Ouistreham est rendu inutilisable [...] (le canal de Caen à la mer restera impraticable jusqu'à la réparation des écluses, plus d'un an plus tard, à la fin de l'année 1945)."
Le traducteur, aidé d'historiens normands spécialisés dont il s'est entouré, apporte ici la note suivante s'interrogeant sur le témoignage de STEINER :
"...aucune preuve n'existe comme quoi les rafales tirées par la 1./176 [la batterie de STEINER] aient bien touché et laissé hors d'usage le bâtiment des machines réglant le fonctionnement des écluses (d'ailleurs, le commandement allemand du port d'Ouistreham n'en a rien rapporté, ni toute autre autorité allemande). Par contre, en fin d'après-midi le jour J les Allemands ont saboté la barrage sur l'Orne, ce qui eut pour effet de rendre la navigation impossible sur le canal. [...] dès le 19 juillet, le canal sera rendu de nouveau navigable, alimenté en eau par les écluses -intactes- de Ouistreham. Raimund STEINER aurait-il eu tendance à présenter comme des faits avérés de simples hypothèses ?"
Hors affirmations de STEINER, je retiens un fait important de la note ci-dessus : le canal est rendu impraticable à la navigation dès le 6 juin après-midi par une action de sabotage des Allemands. Action logique puisqu'ils anticipaient un usage possible du canal pour pénétrer jusque Caen. Le canal comme voie de pénétration n'est rétabli que le 19 juillet, après la prise de Caen donc.
Voilà qui répond à la question : "Pourquoi les Anglais n'ont-ils pas utilisé le canal de Caen à la mer pour investir la ville ?".
En corolaire, j'aurais tendance à imaginer que si la capture du canal avancée après-guerre par STEINER était entrée dans les intentions des Alliés, une opération "Coup de main party" aurait été menée contre les écluses et les ouvrages contrôlant le canal ; du même type que les coups de main lancés contre Bénouville, Ranville et Merville. Ou contre les écluses de la Barquette dans le Cotentin dont les paras US du 501PIR doivent s'emparer dès les premières heures du 6 juin.
« Les gens pensaient que je portais mes grenades telles une posture d’acteur. Ce n’était pas correct. Elles étaient purement utilitaires. Plus d’une fois en Europe et Corée, des hommes en difficulté trouvèrent le salut à coups de grenades »
General Matthew B. RIDGWAY, XVIII US Airborne Corps Commander, Ardennes 1944