Le Blog de Vaurias
12 juin 1944 53 fusillés à Valréas
Ce blog perdure la journée tragique de ce 12 juin 1944 où 53 personnes ont été fusillées, 27 résistants et 26 otages.

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Vaurias
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L’attaque allemande

Lien permanentde Vaurias le 18 Jan 2022, 08:49

Valréas était un obstacle pour les forces allemandes. Pour remonter de la Provence vers la Normandie, elles devaient éviter la nationale le long du Rhône continuellement bombardée.
De ce fait l’ordre de nettoyage de Valréas a été donné au groupe de combat « Unger »

On confie au groupe de mitrailleuse lourde du soldat Emil Bauer un détachement de ces jeunes fanatiques qui ont moins de 20 ans. Une section, cent hommes environ, du 200e régiment de sécurité stationné à Livron, sous le commandement d’un lieutenant. Ce régiment appartenait à l’escadrille de combat 200, une unité spéciale de la Luftwaffe. Pour combattre les résistants du Vercors, elle avait organisé le parachutage spécial du 21.07.1944 à Vassieux.
Dans la marche d’approche vers Valréas, à Taulignan eurent lieu les premiers incidents impliquant le groupe d’Emil Bauer. Avec comme conséquence, 13 tués parmi les résistants et les civils plus 5 prisonniers fusillés ultérieurement.
Le 12 juin, les Allemands sont signalés vers huit heures à Taulignan. Les premiers accrochages ont lieu avec le groupe Guion, à la tranchée de la route de Salles-sous-Bois. Le groupe envoi Darlix à Valréas pour demander des renforts. Les Allemands prennent possession du village. Pierre Darlix et les cinq résistants qu’il ramène en voiture, Martial Deyres, Aimé Jacquerot, Henri Paschke, François Rein et René Soubeyrand, sont massacrés à l’entrée de Taulignan.(…) Au P.C. de Valréas on décide après avoir envoyé des éclaireurs d’établir un barrage à la tranchée de Taulignan avec le groupe de la route de Vinsobres et une grande partie de celui de la route d’Orange. Les F.T.P.F. de Suze-la-Rousse ont appris que les blindés allemands font route sur Valréas à partir de Bollène. Ils envoient Achiary prévenir les Résistants de Valréas des graves dangers qui les menacent. Vers 10 heures et demie, Arnaud Achiary parvient à joindre « Georges », en position à Taulignan.
Ce dernier décide le repli. Malheureusement ses ordres ne parviennent pas aux trois groupes de Francs-Tireurs et Partisans Français qui tenaient la route de Baume, d’Orange et de Grillon, ainsi qu’au Groupe A.S., commandé par Camille Allouard en position au quartier Montmartel.
Une partie des F.F.I. de Valréas, accompagnés du personnel de la cantine, des services administratifs et des gendarmes parviennent à quitter la ville, en camions, en direction de Nyons. Paul Mège les précède à moto. A Novezan, les Allemands qui avaient encerclé Valréas, font feu sur Paul Mège qui, blessé, a néanmoins le courage de retourner en arrière pour alerter la colonne…Les Résistants abandonnent les véhicules et parviennent à fuir.
À 13 heures, 1 200 soldats allemands (1) , après avoir bouclé la ville, pénétrèrent dans ses murs avec un tir nourri. Le maire tenta alors de parlementer avec le commandant qui, pour toute réponse, fit savoir qu'il était prêt à faire raser la ville et qu'il ordonnait à toute la population de se rassembler place de la Mairie. Quand ses ordres furent exécutés, à 16 heures 30 et par l'intermédiaire d'un traducteur, il informa que les fouilles avaient commencé, que toute saisie d'armes impliquerait la mort et toute rébellion la destruction de Valréas. Ce fut alors qu'arrivèrent des maquisards des FTP faits prisonniers alors qu'ils tenaient le barrage de la route de La Baume-de-Transit. Ils durent prendre place sur un rang, face contre un mur, aux côtés de 26 otages civils.
Alors que le peloton d'exécution se préparait, Jules Niel intervint et réussit à sauver quelques-uns de ses concitoyens, mais ne put empêcher que 46 d'entre eux fussent fusillés. Cinq ne furent que blessés mais l'un d'eux succomba peu après de ses blessures, sept autres seront tués en ville et en campagne . Les 4 rescapés ont témoigné au procès de Helmut Demetrio, un des officiers allemands ayant participé à l'action de représailles contre Valréas, devant le Tribunal militaire de Marseille en février 1951.

(1)Le noyau de ce groupe de combat se composait de 3 compagnies du 2eme bataillon du 10eme régiment de Panzergrenadiers de la 9me Panzerdivision. En tout, 13 officiers, 166 sous-officiers et 653 soldats. La 9me Panzerdivision stationnait pour repos en France du sud de mai à juillet 1944 suite à de sévères pertes sur le front russe. Pour l’attaque de Valréas le groupe de combat « Unger » fut appuyé par : • Une compagnie de véhicules blindés composée de 32 chars et deux chars de reconnaissance appartenant à la 9me section de reconnaissance de la 9me Panzerdivision, sous le commandement du capitaine Gerhard Blank. • Un groupe de la 8me compagnie (légionnaires) du 3me régiment de la division Brandenburg avec les interprètes nécessaires aux interrogatoires. Groupe placé sous le commandement du chef de compagnie le commandant Träger et le chef de groupe le lieutenant Demetrio, entre 25 et 30 hommes en somme. Les noms de 9 de ces hommes qui se trouvaient à Valréas le 12 juin 1944 sont connus. • Des Feldgendarmes de Montélimar accompagnés de 250 jeunes gens du service des travailleurs du Reich également stationnés à Montélimar.

Selon le témoignage de madame Jeanine Talmon, les prisonniers furent rapidement interrogés devant l’Hôtel. Le maire Jules Niel, avec véhémence, insiste auprès de l’autorité allemande pour échanger sa vie contre les prisonniers. Il a pu sauver deux prisonniers civils, mais pas le troisième dont il se portait garant mais avait été arrêté avec un revolver à la main. Ensuite l’autorité allemande, le major Unger, ne voulut plus discuter. Qui donc par la suite a donné l’ordre d’exécution ? Cette question fut capitale lors du procès militaire, en 1951, à Marseille et resta sans réponse. Le major Unger se trouvait dans l’Hôtel un court instant quand l’ordre d’exécution a été donné. Lorsqu’il en sortit, 6 à 8 exécutés se trouvaient déjà par terre. D’après le témoignage du Oberleutnant Blank de la 9e section de reconnaissance blindée, l’ordre d’exécution fut donné par un commandant fanatique du SD, car son chauffeur avait été blessé à l’approche de Valréas. On a soupçonné le commandant Wilhelm Hentsch responsable de la Feldgendarmerie d’Avignon. Il s’est défendu en précisant qu’en tant qu’officier de police, on l’informait toujours après l’action militaire et que de plus il n’était pas à Valréas ce jour- là. Le lieutenant Demetrio fut également soupçonné mais il put démontrer que sept ou huit morts se trouvaient par terre lorsqu’il arriva sur le lieu d’exécution après avoir mené les interrogatoires à la mairie. D’après les témoignages lors de l’instruction (surtout celui du maire Niel) le major Unger n’a pas donné l’ordre d’exécution. On peut supposer que sa demande ultérieure de mutation résulte du fait que son prestige avait été écorné parce que l’ordre d’exécution de Valréas avait été donné par un officier subalterne.
En tout, il y a eu 53 morts à déplorer, dont 10 personnes pendant l’attaque sur Valréas. Quatre personnes ont survécu à l’exécution, Émile Bouchet, Joseph Coutton, Auguste Mary et Gratien Soureillat. Un cinquième, Alfred Buey, est mort à l’hôpital des suites de ses blessures.
Ainsi, 47 personnes se trouvaient devant le peloton d’exécution. Parmi les 53 morts, 27 venaient de la résistance et les 26 autres étaient des civils considérés comme otages par les Français.
Les exécutés devaient être transportés par camion pour être enterrés quelque part, ce qui aurait permis aux Allemands de découvrir les blessés. Jeannine Talmon a pu empêcher le déplacement des cadavres. En tant que représentante de la Croix-Rouge, elle avait eu un entretien familier avec un lieutenant allemand qui avait étudié l’électronique à Grenoble. Après discussion avec son supérieur, le lieutenant obtint que les morts restent sur place jusqu’au lendemain matin pour être comptés par un officier allemand et le maire.
Pendant la nuit les blessés furent évacués vers l’hôpital et remplacés par des morts lors des combats précédents, grâce au courage des pompiers et des membres de la Croix- Rouge. Le lendemain, à 6 h le matin, les morts sont rassemblés dans la chapelle des pénitents blancs institués comme chapelle ardente. Après mise en cercueil les familles purent identifier les leurs. L’enterrement eut lieu à 6 h30 le 14 juin sous les conditions de la préfecture. Le convoi funèbre de 7 charrettes tirées par des chevaux fut accompagné non de la population mais seulement par le maire, ses deux adjoints et les fossoyeurs. Mais le jour même les tombes étaient recouvertes de fleurs.

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Place de la Mairie
Des milliers de survivants de ce 12 juin 1944
Rassemblée sur la place de la mairie, la population est apeurée. Encerclée par des automitrailleuses et chars braqués sur la foule, du haut du kiosque, un officier allemand harangue la foule, phrases traduites en bon français par un soldat portant l’uniforme allemand. Pendant ce temps-là, la horde sanguinaire, poursuit son horrible mission d’abattre sans sommation tout ce qui bouge, dans la campagne, dans la ville. Aurions-nous évité à Valréas, le sanglant Oradour sur Glane, perpétré deux jours avant ?
Tous les habitants de Valréas à cette époque seront des survivants, aujourd'hui encore nombreux se souviennent de cette effroyable journée.





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