Le Blog de Anonymous
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POUR PARLER D'AUTRE CHOSE...!

Lien permanentde Anonymous le 06 Mai 2014, 00:58

Ah ! le concours de pêche d’avant guerre..! WW2 bien sûr...

En ces temps lointains, l’année était parsemée de nombreuses fêtes, carnavals ou ducasses et fêtes patronales ou corporatives. Personne dans la famille n’aurait voulu manquer les orfèvres des « Saint-Eloi » pantagruéliques de mon grand-père..! ou la grande cavalcade du 15 août dont il était un des animateurs…
Le concours de pêche de la ville de Saint Omer était une de ces fêtes incontournables.
La pêche à la ligne était encore une occupation que pouvait pratiquer n’importe quel citoyen et avait encore un peu une fonction d’appoint de nourriture non négligeable pour les foyers modestes. La bredouille était rare et pour autant que je m’en souvienne, la carte de pêche payante n’existait pas encore, et le domaine public était accessible à tous..
Le moulinet à tambour fixe n’était pas encore mis au point et pour lancer une ligne à brochet à une dizaine de mètres on délovait une soie tressée enroulée sur un tambour tournant plus ou moins rudimentaire, voire une simple planchette. Posséder une canne de trois mètres en bambou refendu pour lancer la mouche était un luxe inouï, et on pêchait l’able, l’alose ou le chevesne à la surprise, au fouet dont une fine lanière était aboutée d’un bas de ligne en soie, eschée d’une des mouches noires qui, à l’époque, étaient nombreuses dans toutes les maisons.
Dans des eaux claires où le vert profond des myriophylles tranchait agréablement avec les potamots sous lesquels se cachaient des myriades d’alevins, on pouvait voir de belles tanches au dos vert fouiller la vase à la recherche de petits vers…Et le retour d’une journée de pêche à Clairmarais avec une bourriche pleine de « percots » et de gardons brillants aux nageoires rouges, qu’on appelle chez nous les « roches », était chose courante.
Pour autant, le concours de pêche annuel était une fête importante, organisé par le Comité des Fêtes de la ville. Selon un rituel auquel chaque société participait et avait son rôle. Il faut vous dire que c’était peu après la Grande Guerre, et que dans ma région ravagée, chaque occasion festive se devait de posséder un petit caractère patriotique qui ferait sourire aujourd’hui nos générations nourries par la publicité et l’appât du gain.
L’inscription des concurrents et le tirage au sort des emplacements avaient lieu dès sept heures le matin sur la place de la Mairie et chaque participant après avoir reçu son macaron et un anneau marqué pour les prises, devait obligatoirement prendre sa place dans le cortège qui s’ébranlerait à neuf heures.
Pendant ce temps la clique de la société de musique, puis les gymnastes de l’Espoir sportif local, drapeau en tête, s’étaient mis en place pour le défilé. Suivaient les commissaires du concours, avec brassard et planchettes à noter, précédant la centaine de pêcheurs à qui ils avaient distribué des calots en papier et des petits drapeaux « bleu blanc rouge « que l’on piquait dans l’âme d’un des brins de bambou des cannes que l’on portait en bandoulière.
Quand ce joli cortège s’ébranlait pour descendre la rue de Dunkerque au son de la « Casquette du père Bugeaud » reprise après quelque batterie napoléonienne, c’était dans un brouhaha joyeux, flanqué ou suivi des épouses, des mères, des bambins criards ou des filles qui, elles, admiraient surtout les beaux gymnastes en pantalon blancs…
On obliquait ensuite par le pittoresque quai des Salines pour aller déposer une gerbe au Monument aux Morts, tandis que dans le silence résonnait l’émouvante sonnerie.
A quelques centaines de mètres, le canal sur les berges duquel se déroulait le concours commençait à ruisseler de soleil, et à la rupture des rangs, chacun se dirigeait vers l’emplacement que lui avait réservé le sort, pour attendre en vérifiant ses esches secrètes, le coup de canon qui lançait pour une heure, le concours de pêche.
J’entends encore les appels réguliers des concurrents qui avait ferré une prise, ablette ou anguille: Commissai.ai..aire !… déclinés sur toutes les notes et les nuances de la tessiture. Ces commissaires avaient en charge le contrôle de la régularité des prises d’une quinzaine de pêcheurs au plus. Ce rôle était important car le classement final tenait compte non seulement du poids mais aussi du nombre de poissons pêchés, ce qui équilibrait les chances, entre pêcheurs de « gros » ou de « friture »…: un point par gramme, vingt points par poisson.
La longue séance de pesée qui suivait le coup de canon marquant la fin du concours était l’occasion de boire un coup à la buvette en plein air, tandis que les familles s’installaient pour le pique-nique aux abords mêmes du poste de pêche qui servirait jusqu’à la nuit tombée…Tous les concurrents étaient assurés d’un prix, et le cochon de lait qui était souvent le premier, était suivi d’objets symboliques allant du filet d’épuisette au couteau de poche ou à la minuscule lampe torche qui faisait tant plaisir aux enfants...
Concours de peche.jpg
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Ô nostalgie ..!
Je sais bien qu’ils existent toujours ces concours ! Mais que les choses et les comportements ont donc changé.
Sous le poids de l’inéluctable progrès technique, ce qui était une fête collective, joyeuse, fraternelle, est devenue généralement une compétition sévère, pour un nombre réduit de participants aux équipements sophistiqués que la pollution et la raréfaction du poisson ont rendue nécessaire.
Les enfants d’aujourd’hui ont mille autres manières coûteuses de dépenser leur énergie et les familles attendent devant la télévision le retour du pêcheur, bien avant le feuilleton du soir. Les filles n’accompagnent plus de leurs rêves les beaux gymnastes blancs. Il leur faut la « techno » …
Les fêtes d’antan sont devenus des « festivals » à la rentabilité obligatoire…

Les berges du canal sont aujourd’hui désertes
la rivière a vu fuir nombre de ses amants
Je rêve encor parfois de mes bonheurs d’enfant
qu’un défilé joyeux menait vers les eaux vertes…

Ce n’est que bien des années plus tard que je pus faire de maître Esox le gibier principal de ma chasse piscicole… Entre temps la guerre avait sévi, le nylon, le moulinet à tambour fixe et les cannes à lancer léger étaient apparus …
Aujourd’hui les barques en plastique, le moteur hors bords et la « navigation de plaisance » sur des eaux sans vie, ont relégué la bonne odeur du goudron de calfat et la lente progression des « plates » parmi lentilles et nénuphars, au rang de souvenir lointain…
C’est la vie!..


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