Le Blog de Anonymous
L'ECUME des JOURS ENFUIS
vue de ma "Borgnotte"...ou de mon "échauguette"...

Flux
Retour Annuaire des BlogsIndex du Blog de Anonymous


Anonymous
vétéran
vétéran
 
Messages: 172222

Inscription: 27 Mai 2009, 16:07
Blog: Voir le blog (0)
Archives
- Mars 2016
suite...
   09 Mar 2016, 01:29
Pour les journées du Forum...Souvenir
   08 Mar 2016, 01:33

+ Février 2016
+ Août 2015
+ Avril 2015
+ Mars 2015
+ Janvier 2015
+ Mai 2014
+ Février 2014
+ Décembre 2013
+ Novembre 2013
+ Octobre 2013
+ Août 2013
+ Juillet 2013
+ Mai 2013
+ Avril 2013

Saint Valentin

Lien permanentde Anonymous le 20 Mar 2015, 02:08

Jacques Auguste COLIN - NOUVELLE



Saint Valentin n’y fut pour rien..!


Aux temps de mon histoire, on ne parlait pas de la Saint Valentin…Seuls les vieux curés en soutane et barrette noires, invoquaient parfois ce saint le 14 février, parmi la quinzaine de martyrs cités dans le calendrier romain, lors de la messe basse de six heures, devant quelques vieilles pécheresses chapeautées, elles aussi de noir vêtues…
Quelques vieux « oiseleux » gardiens des grandes forêts d’Artois savaient qu’à ce temps de l’hiver, les jolis pinsons des arbres se mettaient à arborer leur nouveau plumage coloré pour séduire une des rares oiselles de leur secteur jalousement gardé…
On était pourtant dans une période joyeuse et festive, propice aux amours nouvelles, trois ans après la fin de la grande boucherie de 14-18...
……………………………………….........
Le printemps s’annonçait radieux et Marthe Louise s’engagea sur le quai du Commerce pour rejoindre le bureau de l’Intendance où, depuis une quinzaine de jours elle avait trouvé un petit boulot d’employée aux écritures…
C’était une jolie jeune fille de dix neuf ans… De petite taille, le corps bien constitué… Son visage amaigri, qu‘encadrait une brune chevelure, courte mais épaisse, et son regard attristé témoignaient de dures épreuves subies pendant la Grande Guerre…
Elle était la dernière née d’une fratrie de six enfants vivants, d’une famille de la petite bourgeoisie flamande…Choyée, adulée même, par une ribambelle de frères sœurs oncles tantes et grand parents…
Domiciliée en août 1914 à Armentière elle fut, à douze ans, le témoin horrifiée des ravages et exactions de bandes de cavaliers d’avant garde de l’envahisseur teuton…(les « zulans» écrira-t-elle plus tard..!)
Remplacés momentanément par les troupes anglaises sur la défensive, ce fut le début d’exodes et évacuations successifs, dramatiques, jusqu’à la stabilisation du front aux lisières des collines d’Artois…Dans Saint-Omer, femmes et enfants réfugiés subissent d’affreux bombardements meurtriers jusqu’à l’évacuation avec un mère courageuse mais souvent malade, sur la ville de Nantes. Elle y vécut dans le dénuement le plus complet, et l’hostilité envers les « boches du Nord » jusqu’au débarquement des Américains…
C’est à Nantes que sa mère Fanny apprend la disparition de ses fils aînés: Victor en 1915 au chemin des Dames … Lucien, en Champagne en 1917... Puis la même année celle de son mari César …de maladie contractée en service…
Mère et filles rentrent alors à Saint Omer où Fanny décède minée par les épreuves et le chagrin….
Au jour de la Victoire Jeanne et Marthe Louise sont donc orphelines, sous tutelle d’un oncle respecté mais lointain, et placées à Saint Omer chez leur frère aîné Adrien, mariè et seul homme survivant de la fratrie…
Et la vie paisible reprend son cours…..
En ce printemps 1921, c’est apaisée et confiante en l’avenir qu’elle poursuivit son chemin…
……………………………………….............................................
Depuis que les beaux jours étaient revenus, Pierre Louis avait pris l’habitude de passer une heure après le repas familial, sur un banc de la place du Vincquet, à l’ombre d’un vieux tamaris à la ramure légère et apaisante…lisant Eugène Sue ou Victor Hugo…
Cette pause active était justifiée par la sieste impérative de son père Auguste, qui était aussi son maître d’apprentissage et aujourd’hui provisoirement son employeur…
Né en 1901, lui aussi avait vécu tragiquement la « der des der » dans les caves de la ville bombardée..! Y perdant parents, cousins et amis…
A cette heuree il attendait sa convocation imminente pour le Conseil de révision et le service militaire qui était alors de trois ans…De belle constitution et en bonne santé, il n’y avait aucune raison pour qu’il y échappât…
Depuis quelques jours il avait remarqué le passage de ce petit bout de femme au visage volontaire mais plaisant, et par courtoisie naturelle, il lui adressait un sourire amical, qui se transforma rapidement en une invitation à s’asseoir pour une conversation amicale…
………………………………………................................................
Ce n’est pas le lieu pour vous raconter comment cette invitation se transforma en un amour fou qui après trois ans de service militaire entrecoupé de rares permissions, les fit se retrouver à Lille, où Marthe Louise s’était réfugiée chez son tuteur…
Pierre Louis était devenu un mécanicien avion compétent et trouva rapidement du travail chez Peugeot…où Marthe Louise fut également embauchée pour un temps…
Ils se marièrent seuls le 24 mars 1924 à Lille et avaient trouvé un petit logement au deuxième étage d’une boucherie de la rue des Montagnards, à quelques pas de l’usine
C’est là que le samedi 14 février 1925 elle accoucha dans la souffrance de son premier « petit quinquin »: Jacques-Auguste, à onze heurs et demie, dans le chant des sirènes d’usines comme si, disait-elle souvent, on voulait fêter la « semaine de quarante heures » nouvellement adoptée dans les usines…
………………………………………...............................................
C’était ma mère…
qui ne connaissait pas Saint Valentin,
il y a quatre vingt dix ans…..
Jacques Auguste Colin - copyright.
Angers -février 2015
Pierre et Marthe Colin.JPG
On ne parlait pas de Saint Valentin en 1925
Pierre et Marthe Colin.JPG (7.79 Ko) Vu 165 fois


Fichiers joints
Dernière édition par Prosper Vandenbroucke le 20 Mar 2015, 12:37, édité 1 fois.




0 commentairesVu 927 fois
<- Retour Index du Blog de AnonymousRetour Annuaire des Blogs ->


Scroll