Durant les années Trente, l'aviation joua un rôle primordial dans la politique extérieure de la France. L'exemple le plus démonstratif est celui de la crise des Sudètes.
Si cette crise est assez connue dans son ensemble, en revanche on connaît généralement moins l'incidence qu'a pu donner le facteur aérien. En effet, Pierre Cot, Ministre de l'Air du Front Populaire, avait envisagé de créer un système d'alliances afin d'entourer l'Allemagne, entre la France d'une part, et les pays de l'Est de l'Europe d'autre part. Or, la Tchécoslovaquie était en 1938 une alliée de la France, qui avait signé avec cette dernière des accords aériens : en cas d'attaque de l'alliée tchécoslovaque, la France s'enguageait en plus de déclarer la guerre à l'Allemagne, à envoyer des escadrilles de bombardement, destinées à menacer les régions industrielles de la Silésie et de la Saxe. L'alliée tchécoslovaque était la première alliée de la France à l'époque, "l'alliée de coeur". Elle avait notament l'avantage d'avoir une aviation considérée comme puissante, mais également l'une des meilleures lignes fortifiées, face à l'Allemagne.
Dans le contexte de la crise des Sudètes, après les revendications d'Hitler sur cette région, le Général Vuillemin, chef d'Etat-major de l'Armée de l'air française, est invité à effectuer un voyage officiel en Allemagne. L'Etat-major y voit une opportunité, celle d'étudier la Luftwaffe une nouvelle fois, même si le 2ème Bureau est déja bien renseigné.
Tout au long de son séjour, le Général Vuillemin va visiter des installations aéronautiques : usines, aérodromes, et assister à des démonstrations en vol des appareils allemands, dont deux sont alors réputés les meilleurs au monde dans leur catégorie : les messerschmitt Bf 109 et 110. Or, si le général Stehlin, chef du 2ème bureau-Air, est bien au courant du réarmement aérien allemand et n'est donc pas si surpris, en revanche le chef d'Etat-major est "soufflé" par la démonstration de puissance qui lui est faite.
Or, c'est le chef d'Etat-major qui dira à au Minsitre des Affaires Etrangères français Georges Bonnet et au Président du Conseil Daladier "S'il y avait la guerre, en quinze jours l'aviation française serait anéantie" (la France ne possédait alors que 6 chasseurs modernes). La France ne pouvant porter assistance à son alliée tchécoslovaque que par la voie de l'Air, Daladier se résoud alors à signer les Accords de Munich.