Tiens! Une lettre de l'administration à entète Marianne, bleu blanc rouge. Je m'inqiète, ce n'est pas l'époque du versement de ma retraite du combattant. Dans ces cas là, on doute toujours de quelque chose, on est pas sans avoir transgressé la loi, même un tout petit peu.
Je lis la première ligne de la missive qui démarre tout de go:" Vous aviez commis une infraction au code de la route qui avait entrainé un retrait de point(s) sur votre permis de conduire.”
Je blêmis sous mon bronzage et sans lire plus avant le document, merdre que j'me dis, j'ai chopé une prune mais où. Mon épouse, plus sage, me conseille alors de me calmer et de lire la suite. C'est alors, que j'apprends avec soulagement que Madame Caroline Charlet Cheffe du bureau national des droits à conduire, me rend les points que son ministère m'avait empruntés trois années auparavant.
Cette lettre rédigée avec le tact habituel qu'on connait de la part de l'administration, me transporte trois années plus tôt, dans l'Allier, du coté de Montluçon. Mes camarades, Daniel, Gégé, leurs épouses, la mienne que je transporte dans mon véhicule, échangent de joyeux propos. Nous traversons un village, une large rue, droite, assez longue, très peu fréquentée, allure entre 60 et 70 kms. Pas vu le panneau indiquant le village, “fais gaffe me dit Daniel, y a un radar”, je ralentis trop tard parce que prévenu trop tard. Sentence: 90 € et 3 points en moins.
Sur le moment, je peste contre Daniel pour son retard à l'allumage, mais bon, je suis un conducteur distrait, à moi d'assumer.
Aujourd'hui, cette amende me semble si dérisoire, ainsi dans les mêmes circonstances, j'en paierais volontiers des tas pour retrouver mes deux bons copains d'Algérie, depuis disparus, à deux années d'intervalle pour l'un et l'autre. Nos rangs s'éclaircissent sérieusement. Mon épouse et moi pensons souvent à eux. Nous formions une grande famille, combien de moments heureux n'avons nous pas vécus ensemble.
Albert René Gilmet