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Aldebert
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Prisonnier de guerre en Autriche - Chapitre 90

Lien permanentde Aldebert le 11 Mai 2017, 19:08

Un prisonnier de guerre français en Autriche. 1940–1945

Deux millions de soldats français sont pris au piège durant l’été 1940. Quelques-uns en réchappent, passent entre les mailles de cet immense filet tendu par l’ennemi qui d’ailleurs très surpris, ne s’était pas préparé à cette situation. Ils s’achètent leur liberté comptant, n’accordant aucun crédit aux promesses bouteillons qui annoncent bien haut une prochaine libération avec retour dans les foyers après la démobilisation.


Ceux qui, et c’est l’immense majorité, se sont laissés prendre parce qu’ils ont cru aux promesses, parce que l’opportunité de fuir ne s’est pas présentée à eux, ou qui ont fui et ont été repris, tous ces hommes ont eu des fortunes différentes au cours de leur très longue captivité, loin de leur famille et de leur Patrie.

Arrivés au terme de leur voyage de prisonniers, certains sont demeurés dans des camps d’internement et y vécurent comme dans une prison, entourés de barbelés, noyés dans une implacable monotonie. Chaque jour qui passe ressemble au jour précédant. Les événements de la vie de tous les jours se limitent essentiellement, au jeu de cartes, à l’attente de la soupe, à l’exécution des corvées. Tel était le quotidien des officiers pour qui la convention de Genève interdisait le travail forcé.

Pour d’autres, les sous officiers et hommes du rang, s’ils sont aussi parqués dans un camp, ils peuvent travailler à l’extérieur, en Arbeitskommando, regagnant chaque soir leur stalag.

Pour ces derniers, là encore, les fortunes se distinguent entre elles.

Les prisonniers pouvaient être utilisés à l’extérieur, sur des chantiers de terrassement, pour l’entretien des voies ferrées, l’entretien des routes, pour déblayer les décombres des villes détruites par les bombardements alliés, dans les usines d’armement. Pour eux, les conditions de vie pouvaient être améliorées par une nourriture qui leur était consentie, relativement plus abondante et de meilleure qualité par rapport à la soupe du camp. Le travail restant toutefois pénible. Un salaire était versé en Reichmarks ou en marks de stalag. Cet apport supplémentaire d’argent aidait un peu plus pour l’amélioration de l’ordinaire.

Le moindre mal s’adressait à ceux qui se rendaient au travail à la campagne, dans les fermes, les Bauernkommando. Cette affectation est la plus enviée de toutes.

Tous les prisonniers ont, en général, souffert de la faim et de la très grande médiocrité des repas servis, c’est ce qui ressort de l’avis de la majorité des prisonniers français interrogés à l’époque et c’est aussi ce qui est souligné dans les rapports écrits.

Les prisonniers affectés à la préparation des repas dans les camps et ceux travaillant dans les fermes, font exception, leur condition de vie sur le plan de la nourriture est notablement meilleure.
Ainsi, de l’avis des Bauernkommando, « les repas servis le dimanche au Stalag, jour de repos, ne valaient pas ceux servis à la ferme les jours de la semaine ».

Certains prisonniers affectés à la ferme, pouvaient exceptionnellement demeurer sur le lieu de leur activité de travail, surtout à l’époque où le Grand Reich ( die Grosse Deutsche Reich) vint à manquer de geôliers, tous requis pour le front. Les vieux non mobilisables étaient devenus, par voie de conséquence, des gardiens. La rigueur d’antan s’était transformée le plus souvent en compréhension et bienveillance.

Les prisonniers pouvaient même devenir «des travailleurs libres» ils changeaient alors de statut. Cette possibilité avait été instaurée dès 1943.
C’est ainsi que 221000 de ceux-ci devenant travailleurs libres a eu pour conséquence de libérer 30000 soldats allemands de leur rôle de gardien et ainsi de leur permettre de rejoindre le front.
(Source Sarah Fishman – Wives of french prisonners on war)

Mais gare à ceux qui avaient des relations « et plus si affinité » avec une de ces dames ou demoiselles de la « grande Allemagne ». Si la gestapo en avait été informée, la peine de mort était prévue pour les contrevenants.


Pierre Duval s’engage dans l’armée en 1934, il est libéré en 1938. Juste le temps de souffler un peu et c’est la mobilisation en 1939. Il part à la guerre, il est fait prisonnier en1940 à l’âge de 26 ans

Après un long et pénible voyage en train, il est interné avec d’autres prisonniers dans un stalag situé en Autriche, près de Linz, stalag XVII B. Pierre ne précise pas expressément l’identification du camp mais les informations qu’il donne laissent à penser qu’il s’agit de Krems.

Pierre se présente auprès des autorités du camp comme cultivateur, pour pouvoir travailler dans une ferme. Il pense que c’est le bon choix. Peut-être le lui a t-on soufflé dès son arrivée au stalag.

Les Allemands apprécient beaucoup les Français pour leur savoir-faire concernant le travail de la terre. Ils savent que la France est un pays en grande partie agricole. Au delà des frontières le Français a donc honnête réputation pour l’accomplissement de cette tâche.

Pierre est aussitôt affecté dans une ferme. Pendant les années 1940 et 1941, il travaillera dans celle de la famille Metermer, dans le village de Pasching situé à 9 kms de Linz (OberÖsterreich) (Haute Autriche). Chaque soir après le travail il rejoint le camp du Bauernkommado.

Le stalag est en effet éclaté en plusieurs petits camps commandos satellites, pour répondre à l’éloignement, compte tenu de la dispersion géographique des fermes, là où les prisonniers sont appelés à intervenir.

A partir de 1942 il reçoit une nouvelle affectation, autre ferme, celle de la famille Freudhofmaier à Ober-Kreuzstetten. (NiederÖsterreich) (Basse Autriche) au nord de Wien (Vienne). La ferme des Freudhofmaier est voisine de celle de la famille Ullmann. Après chaque fin du travail journalier, c’est au camp Kommado qu’il faudra dormir, après l’appel.

Les deux familles autrichiennes vivent encore actuellement à Oberkreuzstetten et leurs propriétés produisent du vin. OberKreuzstetten devrait se situer en limite de la région du Weinviertel.

En effet, tout comme le Périgord en France, l’Autriche est partagée en quatre régions économiques.
Le Weinviertel : région à forte culture de la vigne.
Le Waldviertel : région de forêts.
Le Mostviertel : région de différentes cultures
Industrieviertel : Région de concentration industrielle

En septembre 1944, Pierre devient travailleur libre à la ferme Freudhofmaier. Il ne retourne plus au camp Kommando, Il est logé sur place à la ferme. Le motif de ce changement est celui évoqué plus haut dans le texte, la pénurie de gardiens, tous dirigés vers le front.

On ne reste pas impunément trois années dans une famille sympathique sans que l’indifférence du début se transforme petit à petit en amitié et l’amitié en affection, même s’agissant d’ennemis.

Pierre avait noué une belle amitié avec une des filles de la maison prénommée Frida. Cette amitié s’est ensuite transformée en un sentiment plus fort, qui était partagé. Même s’il ne s’agissait pas d’une ferme intention, Pierre se serait bien vu marié à cette jeune personne et rester vivre en Autriche. En effet, rien de particulier, d’urgent ou d’important ne l’appelait en France.

Les hasards de la guerre en auront jugé autrement.

En 1945 dans leur rapide avancée, les Russes arrivent les premiers à Ober-Kreuzstetten. Si Pierre était resté près de Linz, il aurait été libéré par les américains, ainsi cette éventualité lui aurait-elle permis d’éviter un long et pénible voyage qu’il fut obligé d’entreprendre à travers l’Europe de l’Est.

J’ai appris depuis, d’après ce qui m’a été rapporté par des amis Autrichiens vivant à Hollabrunn, que l’armée Russe a été particulièrement impitoyable à l’encontre des populations civiles de l’Autriche. Jugeaient-ils qu’il y avait là juste retour des choses !!!

Une fois cette partie de l’Autriche occupée, les Russes libèrent les prisonniers de guerre. Ils sont rassemblés suivant leur nationalité et sont embarqués, pour les Français, dans un train en partance pour Odessa en Ukraine. Avec ses camarades, Pierre traverse la Hongrie, la Roumanie, les Carpates. Le voyage dure 11 jours avec interdiction de descendre du train. Enfin arrivé à Odessa, il faudra sept semaines d’attente, dans un ancien sanatorium Russe, pour embarquer sur un bateau Britannique l’Ascanius.

L’Ascanius se dirige vers Port Saïd, y fait escale puis fait ensuite route vers la France. C’est enfin l’arrivée à Marseille, le 7 juillet 1945, après trois semaines de navigation.
Sans doute à court de pellicule, Pierre n’a plus fourni de photographies depuis celles prises en Egypte.
Heureux d’être chez nous s’exclame Pierre !
Le soir même, à 23h30, gare St Charles, il prend le train qui l’emmène à Paris.

Texte relevé dans « Repères méditerranéens »

Un premier bateau britannique est arrivé à Marseille le 23 mars avec 2 000 libérés venant de Prusse orientale, dont 1 976 Français. Près de 3 000 - prisonniers et déportés - ont suivi le 26 mars et 800 encore le 1er avril. Une noria de navires, battant des pavillons divers (britanniques surtout, mais aussi hollandais), unit désormais Marseille à Odessa où les Soviétiques concentrent les Occidentaux en vue de leur rapatriement. Les bateaux accostent au Cap Janet, où il y a souvent foule pour accueillir les arrivants. Composée de badauds, mais aussi de tous ceux qui attendent un proche, elle se livre fréquemment à de grandes manifestations de joie. Assez régulièrement, ces premières arrivées donnent lieu à des manifestations officielles en présence des autorités civiles et militaires. C'est ici le cas pour l'arrivée de ce paquebot britannique, dont les passagers sont accueillis par un détachement qui leur rend les honneurs et par la musique militaire. Il débarque 1 665 Français, 24 Belges et un Luxembourgeois. Parmi les Français, se trouvent 1 575 soldats et sous-officiers, 27 officiers, et 63 déportés (dont 26 femmes). Ces libérés viennent de Pologne, d'Ukraine, de Prusse orientale. En juin, certains d'entre eux seront dirigés vers l'Italie et embarqueront pour Marseille à partir de Naples. Le gros des retours, via la cité phocéenne, s'effectuera en juin, mais ils se prolongeront jusqu'à la fin de l'été 1945.

Albert René Gilmet


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Captivité à PASCHING à 9 kms de LINZ chez METERMER.
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Lien permanentde Aldebert le 11 Mai 2017, 21:35

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