C'est encore une ancienne boite à chaussures qui cachent quelques trésors. Elle est ouverte après le décès de Guy. On y découvre des photographies prises avant et après la débâcle de juin 1940, elles sont peu documentées mais certaines parlent d’elles-mêmes. Guy a aussi raconté quelques unes de ses péripéties à son fils Loïc.
Guy est Breton. Il habite Quimperlé au moment de la mobilisation en 1939. Il est professeur de physique dans un lycée. Lors de son incorporation et après sélection, il est envoyé à Laval pour être admis dans un peloton d’élèves officiers. Il le termine avec succès avec le grade d’aspirant puis de s/Lieutenant.
Guy le second à partir de la droite
Elèves officiers ou pas, bons pour les pluches ! Guy à gauche
Guy. Les casernes sont devenues bien étroites après l’afflux des mobilisés. Il faut se serrer dans les chambrées.
Tenue de combat. Elle ressemble bigrement à celle de 1914-18. Néanmoins un progrès dans le choix de l’arme.
En manœuvres.
Guy ainsi que ses camarades ont terminé leur peloton d’élève officier avec succès. Ils affichent tous leur grade. La photo est datée du 23 mai 1940.
Embarquement pour le front.
Ici on a creusé mais pourquoi ?
Un pont aux environs de la Loire. Au loin ça fume !
Positionnés sur la Loire, devant l’Allemand, un officier supérieur dit à ses hommes « Nous sommes de toutes façon foutus, inutile de se faire tuer pour rien, rentrez chez vous, vous êtes démobilisés».
C’est ainsi que Guy regagne ses pénates à pieds sans papiers justificatifs prouvant sa subite démobilisation. Sur le chemin du retour, il est aux aguets et se précipite plusieurs fois au fossé, par prudence, lorsqu’un véhicule passe. Il rejoint enfin son domicile et reprend immédiatement ses fonctions de professeur au lycée.
Quelques temps plus tard, quand l’occupant eut investi complètement les lieux, la famille de Guy eut l’obligation d’héberger un Allemand au titre de la réquisition. Cet Allemand se prénomme Hans, il est sympathique et bien élevé.
Guy ainsi que ses camarades de régiment sont démobilisés uniquement sur la parole d’un officier. Ils ne le sont toutefois pas officiellement et ne possèdent aucun papier justificatif pouvant être produit en cas de contrôle.
Qu’à cela ne tienne l’autorité allemande aidée par la Préfecture fait passer une information invitant les pseudos démobilisés à se rendre librement à la préfecture pour régularisation de leur situation et ainsi obtenir le précieux document qui les libère officiellement.
Hans prévient Guy et lui dit « Qu’il ne serait peut-être pas démobilisé ». Guy ne tient pas compte de cet avertissement et rejoint, malgré tout, le premier regroupement local persuadé de la bonne foi des autorités. Il préfère comme tous ses autres camarades, s’y rendant tête baissée, se mettre en situation régulière.
Après regroupement général, la troupe alignée sur trois colonnes, s’ébranle en direction de la gare, encadrée par des soldats allemands, sous les applaudissements des familles qui avaient accompagné leur fils, mari ou père. Applaudissement aussi des curieux, tous persuadés que l’absence de leurs proches ou amis serait de très courte durée, le temps d’un coup de tampon à la préfecture. Chacun sait à présent que ce ne fut pas le cas. Ils seront dirigés vers un frontstalag en France puis dans un stalag en Allemagne. Guy qui avait entamé la marche avec ses camarades a soudain un mauvais pressentiment. Il se rend compte tout à coup qu’il n’aurait pas du être là. Il s’accroupît, fait mine de relacer une chaussure, se laisse dépasser par la colonne. C’est Hans qui ferme la marche et qui continue son chemin, l’ignorant. La troupe s‘éloigne, Guy s'échappe et se fond dans la foule. Il reprendra son poste de professeur.
Albert René Gilmet