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Aldebert
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Claude Faney s’en est allé. Chapitre 74 -

Lien permanentde Aldebert le 28 Sep 2015, 19:17

Claude Faney.jpg
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Au delà du Tarzout.jpg
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Claude Faney au premier plan sur les deux photos, était mon collègue des Affaires Algériennes à la SAS de Bouhamama , Aurès.

Il s’en est allé le 14 Juillet 2015 avec tambours et trompettes de la garde républicaine qui défilait au même moment à Paris, je pense toutefois qu’il aura préféré celle qui accompagnait le 3ème REI, que j’ai personnellement connu, détaché au titre des transmissions à El Milia en 1957 et dont l’une de ses unités a été la première à occuper le plateau de Bouhamama et ainsi créer et aménager le poste années 1956/57. Le 1er RA a ensuite pris la relève en avril de cette dernière année.
« Cinquante années de bonheur avec ma cigarette » me disais-tu récemment. Les enjôleurs et mortels petits cylindres de tabac blond, si présents déjà en 1960 à l’heure de nos vingt ans dans les Aurès alors que nous effectuions d’interminables parties de poker, auront eu raison de toi. Tu avais un geste particulier, peut être étudié, façon Humphrey Bogart en les allumant avec ton Zippo. Tu étais d’ailleurs fan de cet acteur qui devait, pour toi, incarner à lui seul l’Amérique des années cinquante. Tu soignais ta personne, ton allure. Tu ne portais que des vêtements made in USA, achetés aux puces à Saint Ouen. Tu en possédais des valises et à cette époque, chemises, chemisettes, pantalons, ceintures et chaussures qui, présentés à l’étal, étaient de grande qualité, vendus à l’état neuf. Tu m’en avais d’ailleurs donnés afin d’améliorer mon allure dite de paysan « La terre, sabots pleins de paille » m’appelais-tu affectueusement.
Tu n’écoutais pas beaucoup la musique classique qu’à l’inverse j’appréciais beaucoup, celle-ci m’a toujours accompagné partout. Par contre tu adorais, le Jazz des années cinquante. En grand connaisseur tu étais déterminé à me le faire découvrir. Tu as fait montre d’une grande patience pour me l’apprendre, me l’expliquer dans le détail tout en me le faisant entendre. Adoptant un air docte, tu disais parfois lors d’une improvisation « C’est cérébral »
Au fil des jours, tu as fait surgir tes amis musiciens de ta modeste discothèque contenue dans une de tes valises. Comme le leader d’un groupe s’adressant à son public avant le concert, tu me les as présentés, ils étaient nombreux. Pour m’amener progressivement vers les différentes sphères du jazz, celles que tu nommais notamment cérébrales, malin tu as placé en tête de liste le piano d’Errol Garner, puis le vibraphone de Lionel Hampton, qui me séduisirent tous deux immédiatement. Le Sax ténor Stan Getz, le Trompette Dizzy Gillespie, le sax-alto Sonny STITT mais aussi Miles Davis, Charlie Parker et bien d’autres vinrent ensuite. Je ne peux pas tous les nommer, ainsi la jolie Ella Fitzgerald, l’infortunée Billie Holiday et la tendre Sarah Vaughan ont souvent fait entendre leur superbe voix devant le magnifique spectacle qu’offre la chaine du massif du Chélia aux crêtes encore enneigées.
L’éloignement lié à un isolement relatif accroit la nostalgie. Celle-ci a imprimé à jamais son empreinte sur ces moments privilégiés. Aussi j’entends encore Ella chanter Summertime, ce doux cri qui me transportait en pensée au-delà des mers.
Tu me faisais cadeau d’un super microsillon 33 tours « Lionel Hampton à l’Olympia en 1957 ». Je suis charmé, emballé même, par le vibraphone qui décoche ses notes légères et cristallines de « Mémories of you » interprété et enregistré dans le plus grand silence mais aussi de Paulette’s boogie qui au contraire enflamme l’assistance de la grande salle de l’Olympia. Tu ajoutais qu’après le concert enregistré en direct et auquel tu assistais, tu avais tenté de faire du charme à la jeune présentatrice qui annonçait en début de concert, d’une voix forte un peu criarde « LIONEL HAMPTON ». Tu m’avais avoué, te citant, qu’elle t’avait de suite gentiment renvoyé jouer avec les enfants de ta cour.
Depuis les moments ici évoqués et jusqu’à présent, mon cher Claude, le Jazz et la musique dite classique, ont pris une part égale dans ma vie.
Albert, René Gilmet


L’hommage à Claude Faney, ci-dessus présenté en italique, a été lu sur France Musique le samedi 26 septembre à 8h45 par Dominique Boutel dans le cadre de son émission « La matinale » Parlez-moi de musique, le souvenir musical d’un auditeur. Attachée de production Pauline Boisaubert.
Un jour sans musique est long comme un jour sans pain. Je ne l’ai pas entendu dire mais tant pis, je l’écris.

Je vais profiter de l’instant pour raviver quelques souvenirs, moments que nous avons vécus ensemble, en vrac, ceux bien évidemment de l’Algérie des années 50/60.

Nous avions un patron qui nous fichait une paix royale et nous accordait une grande liberté dans la mesure où nous accomplissions correctement notre travail. C’était un officier, juin 40, prisonnier cinq ans en Allemagne, l’Indochine, l’Algérie puis et enfin l’Allemagne. Il admettait, que confinés dans cette région isolée, nous devions de temps à autre, suivant son mot, avoir la possibilité de « dégager ». Quand ce jour arrivait, le premier convoi ou le premier hélicoptère, si jour de chance, nous menait à Khenchela. Nous avions auparavant, noué dans cette sous préfecture, des relations avec deux jeunes personnes. L’une s’appelait Suzi, une parisienne qui parlait du pays avec Claude le parisien, l’autre dont le prénom m’échappe, une jolie et jeune Chaouïa avec qui je parlais également du pays, mais du sien. Un jour traversant la place de la mairie de Khenchela, je suis interpellé par une voix féminine, je me retourne et je n’aperçois qu’une femme arabe, entièrement recouverte d’un voile. Je m’approche, elle baisse alors le haïk qui cachait son visage et me dit « Tu ne me reconnais pas » comment pouvais-je reconnaître ma copine alors qu’elle se présentait, comme totalement enveloppée par Christo.

Cette autre fois quand Floko nous offre à chacun en cadeau un PM, pour toi Claude, c’est une sterling L2A3 pour moi un MP40.
Impatient de nous servir de nos nouveaux jouets, nous décidons de les essayer sans tarder sur le Tarzout, là où s’effectuent habituellement les séances de tir, à environ 800m du poste. Nous emportons nos armes et de nombreuses munitions dans notre Jeep willys grise, toute neuve.
Sur toute sa longueur cotée nord, Le djebel Tarzout est séparé du champ de tir, par un profond fossé.
En place, nous ne ménageons pas nos munitions durant un bon moment. Pour finaliser notre intervention, nous jetons deux ou trois grenades défensives, extérieur quadrillé, dans le profond fossé. Aucune n’explose (récupération sur fells) nous sommes très déçus après chaque jet qui reste sans effet
Le lendemain au mess, le Chef Fertig qui commande la Harka nous prend, tous les deux rudement à partie et nous informe que tout pendant que nous tirions, des harkis étaient en chouf dans le profond fossé. Il précise que si un harki avait été touché, il n’aurait pas pu empêcher les autres de nous aligner.
Les balles que nous tirions ne pouvaient les atteindre, elles passaient au dessus de leur tète mais si une seule des grenades avait explosé, je préfère ne pas imaginer ce qui aurait pu survenir. C’est ça la chance et il n’y en a que pour la canaille, n'est-ce pas Claude. Allez à bientôt.




Jacques Albert Prigent, un camarade de toujours, vous pensez, un camarade de l’âge de pierre, de pierre fendre. Rappelez-vous, ce fameux hiver 1955/1956, du moins 18° Celsius à Agen. Vingt dieux ! qu’avions-nous froid, quand nous montions la garde à l’école des transmissions.
Jacques, dis-je, a composé quelques rimes, en l’honneur notre ami commun, Claude.

Il était riche et beau et fier de le montrer
Il roulait à plein gaz les cheveux dans le vent
sur la route en zigzags au flanc d'une montagne.
Il se voulait le roi d'un pays de cocagne.
Quand on a que vingt ans,demi-dieu survolté
on oublie aisément que la vie n'a qu'un temps
Au volant d'un bolide il rencontre la mort
qui, n'étant pas pressée, flânait dans un virage
Pour tenter d'éviter cette vieille sans âge,
il freina de son mieux, tête à queue, dérapage...
Sans pour autant hélas échapper à son sort.
Il faut en convenir c'était un coup tordu.
La Camarde en son fief venait de faire un choix,
à l'aveugle, en pointant le nom d'un inconnu,
abrégeant son parcours par une simple croix,
paraphe mortifère, indicible sentence
qui laisse l'homme nu face à sa déshérence,
car l'heure d'arrivée est celle du départ
ne sont jamais liées que par un pur hasard.
Tout au bout du chemin la chute est verticale,
on ne négocie pas les clauses du destin,
la sortie du tunnel n'est qu'une issue fatale,
au tout dernier chapitre apparaît le mot fin.
Allez! Restons debout contre vents et marées,
l'éternité commence au bout de la jetée.
S'il est un Paradis au terme du grand soir
gardons un cœur naïf, faisons semblant d'y croire


A Claude, mon cher et vieil ami
Jac.14 juillet 2015

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2 commentairesVu 24711 fois
Commentaires

Re: Claude Faney s’en est allé. Chapitre 74 -

Lien permanentde alberto le 23 Oct 2015, 19:35

Salut Aldebert,
Joli hommage !
Mais quand tu écris "à bientôt" j'espère que ça sera le plus tard possible ?
Bien à toi : Michel
"Mépriser l'art de la guerre c'est faire le premier pas vers la ruine." (Machiavel)
alberto
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RE: Claude Faney s’en est allé. Chapitre 74 -

Lien permanentde Aldebert le 23 Oct 2015, 21:45

Bonjour,

Merci Michel pour ce petit mot.

Quand je dis " à bientôt" il va sans dire que ce sera le plus tard possible comme l'aurait souhaité mon copain Claude. il faut néanmoins se résoudre à admettre qu'à partir d'un certain âge on peut dans le meilleur des cas, estimer, le temps qui nous reste pour fêter l'ultime nouvelle année. Je n’appréhende pas ce jour.
Amitiés
Albert
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