Retour Annuaire des BlogsIndex du Blog de Aldebert


Aldebert
vétéran
vétéran

Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 4962

Inscription: 22 Jan 2010, 19:22
Localisation: Dordogne
Région: Aquitaine
Pays: France
Blog: Voir le blog (119)
Archives
- Décembre 2022
+ Novembre 2022
+ Février 2022
+ Décembre 2021
+ Mai 2021
+ Mars 2021
+ Août 2020
+ Décembre 2019
+ Novembre 2019
+ Septembre 2019
+ Août 2019
+ Janvier 2019
+ Septembre 2018
+ Août 2018
+ Juillet 2018
+ Mai 2018
+ Mars 2018
+ Février 2018
+ Janvier 2018
+ Décembre 2017
+ Septembre 2017
+ Juillet 2017
+ Juin 2017
+ Mai 2017
+ Avril 2017
+ Mars 2017
+ Février 2017
+ Janvier 2017
+ Novembre 2016
+ Septembre 2016
+ Juin 2016
+ Avril 2016
+ Mars 2016
+ Décembre 2015
+ Novembre 2015
+ Septembre 2015
+ Juillet 2015
+ Mai 2015
+ Avril 2015
+ Mars 2015
+ Février 2015
+ Janvier 2015
+ Décembre 2014
+ Octobre 2014
+ Septembre 2014
+ Août 2014
+ Juin 2014
+ Mai 2014
+ Avril 2014
+ Mars 2014
+ Février 2014

Un premier Voyage en Tchécoslovaquie 1977 - Chapitre 67

Lien permanentde Aldebert le 24 Mar 2015, 12:37

Un premier Voyage en Tchécoslovaquie 1977
Nous sommes en 1977. Je ne suis pas retourné voir ce qui se passait derrière le rideau de fer depuis un séjour en DDR en août 1968, au moment de l’invasion de la Tchécoslovaquie par les troupes soviétiques. Compte tenu de ce que nous n’entendons pas à la radio et de ce que nous ne lisons pas dans la presse au sujet du populaire, de sa vie de tous les jours, je me dis qu’il doit se dérouler là-bas des événements intéressants et peut-être surprenants. Les informations censurées par le pouvoir en place ne franchissent le rideau étanche qu’au compte-gouttes, au rythme des rares transfuges. Les touristes qui acceptent de se rendre dans ces pays, dans le cadre d’un voyage organisé, sont à leur retour en France ravis après avoir visité la ferme modèle, le Kolkhoze modèle et bien d’autres VEB et machins modèles. Ce sont en général des abonnés au journal l’Humanité. Ne comptons pas sur eux pour nous apporter de vraies informations et de nous faire partager de vraies impressions.

Je veux me rendre compte de visu, il faudra donc aller au devant d’elles, les recueillir chez elles sans le recours de l’administration du dit pays, ainsi ma curiosité sera, j’en suis certain, satisfaite. Le passage de la frontière s’effectuera par l’Autriche mais avant de franchir l’accès qui me mènera au pays des lendemains qui chantent, nous prendrons aussi le temps de visiter une petite partie de ce sympathique pays l’Autriche.
Pour le tourisme, l’Autriche est agréable à tous points de vue, c’est mon avis et celui de ma famille qui m’accompagne. Cette impression, d’emblée favorable, peut paraitre hâtive surtout quand il s’agit d’une découverte, mais non, pas d’erreur sur l’instant, ce jugement demeurera le bon, il se vérifiera au cours des visites qui se succèderont dans les années à venir.

Après quelques jours passés dans une pension d’un petit village nous découvrons plus en détail le Niederösterreich (Basse Autriche). Retz, ses kilomètres de tunnels bien utiles pour la conservation du vin que la région produit en abondance. Ces tunnels sont l’œuvre d’ouvriers venus il y a bien longtemps du pays voisin, la Tchécoslovaquie, si près et si inaccessible à présent au promeneur. Nous parcourons la campagne qui longe la frontière austro-tchèque, essayant d’imaginer le pays qui me nargue de l’autre coté et qui ne laisse rien deviner à cause de la végétation qui le masque. Sa proximité excite encore plus mon envie de le connaitre. La limite d’une zone inhabitée dans laquelle nous nous trouvons alors, séparant deux mondes très différents fait naître une impression étrange presque inquiétante. Nous sommes prévenus de ne pas nous approcher trop près du no man’s land car si d’aventure, nous dit-on, vous franchissez sans vous en rendre compte une limite qu’on ne peut, à certains endroits reconnaitre, les gardes frontière Tchèques peuvent tirer sans sommation. Des pancartes écrites en Allemand rappellent d’ailleurs le danger.

En cette période de guerre froide les points d’accès autorisés pour entrer en Tchécoslovaquie ne sont pas nombreux. Ainsi, en nous promenant coté Autriche, nous suivons un chemin qui avait été une route et qui y menait jadis. Aujourd’hui elle s’interrompt devant un pont qui enjambe une petite rivière marquant la ligne de démarcation des deux états. Son tablier est démonté, une pancarte avertit le promeneur de ne pas se risquer sur sa structure. De l’autre coté rien d’apparent, seulement de la végétation. Les barbelés, grillages et peut-être mines antipersonnel, sont installés plus à l’intérieur.

Visa 1977.jpg
Visa 1977.jpg (159.68 Ko) Vu 681 fois


Nous avons un visa valable 3 mois, pour mon épouse, deux enfants et moi. Nous envisageons un voyage de quatre jours, sans préparation, sans réservation, sans encadrement, seulement pour voir. Le jour J au matin, nous passons la première barrière de la ligne frontière avec notre véhicule. C’est un vaste porche fait de poutres de bois, qui rappelle l’entrée d’un camp fortifié de la conquête de l’Ouest américain. Nous entrons dans un bâtiment pour les formalités douanières.
Règle : Le touriste qui séjournera en Tchécoslovaquie est tenu d’acheter par avance des devises locales au taux de change fixé par l’Etat. Le montant d’achat obligatoire est fonction de la durée du séjour, il se calcule par journées.
Il faut par conséquent prévoir exactement la durée du séjour et veiller à ne pas la dépasser sinon gare à la sortie. On pourrait dans ce cas être suspecté d’avoir changé des devises au noir. Je n’ose pas même penser aux conséquences.

Les formalités accomplies, je roule vers l’inconnu et ce n’est pas peu dire, je suis un peu étonné d’être arrivé là aussi facilement, tout compte fait. Avant d’entreprendre ce voyage je n’ai pas étudié d’itinéraire, nous allons à la découverte. Au fur et à mesure que nous nous enfonçons dans ce monde nouveau sur des routes peu entretenues nous conduisant de villages en villages et localités de moyenne importance, mon impression première me transporte 20 années en arrière, un voyage extraordinaire que j’effectue dans le temps, au demeurant un sentiment agréable. Nous ne rencontrons pas ou si peu de véhicules à moteur, le cheval est roi. Lors de nos arrêts nous sommes dévisagés comme des extra terrestres. Notre 504 Peugeot fait figure de carrosse. Autre impression assez forte aussi, un climat de paix, de calme, de sérénité même, par opposition à notre vie quotidienne plutôt trépidante, coutumière à l’ouest.

Nous traversons Budejovice – Jihlava – Tabor espérant trouver un hôtel pour la nuit. A chacune de nos recherches, les personnes interrogées semblent ignorer le sens du mot hôtel. Surpris par notre requête, avec un sourire sous entendu, ils nous dirigent vers l’école et d’autres lieux publics sans rapport avec ce que nous recherchons. En vérité il n’y a pas d’hôtel et pour se loger il faudra remonter jusqu’à Prague et ainsi dénicher un gite, ce ne sera pas aisé.
(Règle) Le touriste doit être canalisé vers des points contrôlés par l’Administration.

Nous sommes arrivés à Prague et repérons un Hôtel qui affiche bien clairement son nom, enfin !!! C’est un édifice qui fut, à une certaine époque très chic, style Art déco. Prague possède de splendides quartiers bâtis dans ce style, une merveille. Le Hall de l’hôtel défraîchi où se tient la réception est à l’image de l’ensemble de l’établissement. Un préposé assis derrière un guichet me répond qu’il n’y a plus de chambres disponibles, désolé. Nous ne sommes pas les seuls à être canaliser ici et la demande est forte. J’insiste, je lui indique que nous avons des enfants. Je lui tends mon passeport dans lequel j’ai glissé un billet en devises françaises, qu’il ouvre discrètement. IL consulte alors ses livres et par chance, découvre un moyen de nous loger, ouf !!!

La chambre se trouve à l’étage, l’ascenseur est en panne mais à mon sens il a expiré depuis bien longtemps. La chambre est très spacieuse avec un très haut plafond à l’ancienne, équipée de lits tout simples, plus qu’il nous en faut. Les papiers peints et peintures ont connu des jours meilleurs à la belle époque , ils ne paraissent n’avoir jamais bénéficié d'un rafraîchissement. L’ameublement est inexistant. Pour la toilette de tous, hommes et femmes, un seul endroit, assez cocasse mais peu pratique. Un large couloir ouvert aux passages. De part et d’autre des lavabos sont installés contre les murs. Chacun s’active à sa toilette tant que faire se peut. Mon voisin de lavabo, en se rasant, et après avoir, sans vergogne, nettoyé la partie charnue de son individu m’explique qu’il est de Passau et me demande d’où je suis « und du ! wo wohnst du ». Je me suis retrouvé comme au bon vieux temps de l’armée. Mon épouse a profité d’un moment d’accalmie pour effectué la toilette des enfants et pratiquer pour elle de sommaires ablutions. Nous sommes restés deux nuits, trois étaient au dessus de ce que nous pouvions supporter, compte tenu de notre éducation, de nos mauvaises habitudes de confort prises dans un monde occidental décadent.

Pour exprimer une impression générale, je dirais que tout ce que nous voyons autour de nous, au cours de nos déplacements est à l’image de cet hôtel. On ne peut qu’être désorienté, venant de l’ouest, devant cette main mise de l’Etat sur tout. L’individu ne semble plus exister, la pénurie est partout, l’initiative individuelle effacée.
Au matin du troisième jour nous empruntons, pour le retour, la route qui mène à Kolin. Quand un passage à niveau se présente et coupe la route, il est recommandé de le franchir au pas, au petit pas, sinon la suspension du véhicule ne résistera pas. Nous visitons le musée de cette ville où une charmante dame nous reçoit bien aimablement.

Nous n’avons jamais pu entrer dans une église. Toutes celles dans lesquelles nous tentons de pénétrer ont leurs grilles placées après la porte d’entrée principale, verrouillées. Aucun signe intérieur ne laisse paraître qu’il s’y déroule des offices.



Nous sommes le 6 août 1977, nous avons donc décidé de regagner l’Ouest par le poste frontière Chvalovice - Hate.
En cette fin de journée du mois d’août, seule notre famille attend depuis une heure déjà, après avoir remis nos passeports à la sentinelle. Le fait d’écourter d’une journée notre séjour touristique en Tchécoslovaquie, par rapport à la durée prévue nous rend suspects aux yeux des gardes frontières. Nous sommes retenus derrière la première barrière avec interdiction de la franchir. Notre inquiétude grandit. Nous ne connaissons pas suffisamment cette région de l’Autriche vers laquelle nous nous dirigeons, pour rechercher et trouver une auberge dans la nuit.
Arrive un couple d’Autrichiens qui se place près de nous en attente d’être appelés. Il ne patientera pas longtemps. Il s’agit probablement d’habitués connus et rompus aux formalités d’usage. La barrière se lève pour eux, ils passent rapidement au bureau de contrôle. Auparavant, nous avons néanmoins eu la possibilité de bavarder ensemble un court instant. Nous avons échangé quelques propos et lorsque nous leur avons appris que nous demeurions à Saint Sever – Calvados, l’homme nous informe qu’il connait cette bourgade pour y être passé en 1944. Coïncidence qui a apporté quelques instants de détente. Nous leur avons aussi confié notre inquiétude et notre souci. En effet la recherche dans la nuit d’un hébergement après être sortis de ce pays ne sera pas facile.

La nuit est maintenant complète, nous sommes enfin appelés, la première barrière se lève. Nous descendons tous de notre véhicule et entrons dans une grande salle. Nombreux sont présents des soldats gardes frontière. Contre toute attente aucun d’eux ne semble prêter attention lorsque je m’approche d’un écran de bureau placé derrière un comptoir, qui diffuse en continu, les unes après les autres, des images enregistrées par des caméras de nuit installées à différents points du réseau de grillage et barbelés dans le secteur qui sépare la frontière austro-tchèque. Je reconnais sur l’écran l’endroit où nous avions tant attendu.

Les formalités terminées nous sommes invités à nous en aller. L’attitude des gardes frontière à notre encontre n’a été ni amicale, ni sévère seulement indifférente. Sans jamais avoir eu le sentiment d’être prisonniers, nous ressentons toutefois, après avoir franchi la troisième et ultime barrière, comme un soulagement.
Nous traversons l’espace qui pourrait être considéré comme un no man’s land et nous nous dirigeons maintenant vers le poste de douane autrichien occupé par un seul douanier apparemment sans arme. Devant l’étalage de moyens militaires à l’Est, s’oppose à l’ouest une présence presque symbolique d’un douanier débonnaire, relativement âgé, qui après avoir rapidement pris connaissance de nos passeports déclame, le mot n’est pas trop fort « Vous avez attendu plus d’une heure là bas, vous n’attendrez pas plus dune minute ici Allez !».

Comment ce brave homme pouvait-il être au courant de notre affaire. Nous ne tardons pas à connaitre la réponse. Elle est là, non loin de nous. Le couple avec qui nous avions précédemment bavardé, n’a pas voulu nous abandonner dans la nuit avec nos deux enfants. Il nous attend pour nous prêter assistance en nous guidant aimablement vers une charmante auberge. L’affaire fut largement contée par ce couple aux aubergistes qui, on peut le dire, ont eu pour nous une grande attention durant notre séjour. Nous restons là une semaine tellement nous nous y sentions bien. Nous profitons de ce moment pour prendre contact avec des amis autrichiens qui demeurent à Hollabrunn, Elisabeth (Lisl) et Otto Shöffl, amis aussi et surtout de Willi Rücker.
Nous les invitons à l’auberge pour le déjeuner. Ils se présentent avec leurs trois enfants, tous revêtus du costume régional d’un plus bel effet.
Otto propose de nous emmener rendre visite à ses parents à Roseldorf. Ceux-ci demeurent dans un ancien moulin en bordure d’un cours d’eau. Ce moulin leur appartient depuis toujours, c’est Madame qui possède le Titre de Meunière du temps de son exploitation.
Après les présentations et la visite de la propriété, nous n’échappons pas à la collation, au traditionnel Kaffee Kuchen, que nous dégustons d’ailleurs avec gourmandise. C’est dans une belle et grande pièce de cet accueillant moulin où trône un magnifique piano à queue, que nous faisons plus ample connaissance de nos hôtes. Je ne laisse pas de contempler ce bel instrument qui absorbe en partie mon attention. Qui donc ici joue du piano ? Est-ce Otto lorsqu’il était jeune. Oui, certainement puisqu’il possède un demi queue, chez lui, à Hollabrunn.
Je dois sans doute penser très fort car à ce moment, tout naturellement, comme il convient dans cet aimable pays où la musique est reine, nous devinant nous-mêmes bons amateurs, Madame mère se lève, suivie de son mari, s’installe au piano, lui reste debout derrière elle, ensemble que peuvent-ils nous interpréter pour nous ravir. Quelques lieder de Franz Schubert, extrait de la belle meunière, cela va sans dire. Moments superbes, inoubliables.
Albert, R. Gilmet

HATE 1.jpg
HATE 1.jpg (183.66 Ko) Vu 609 fois



[b]das Tor zur ehemalige Kaserne der tschechoslowakischen Grenztruppen (Pohranicni Straz), 9. Kompanie der 4. Brigade (Znaim

HATE 2.jpg
HATE 2.jpg (134.35 Ko) Vu 599 fois


Fichiers joints
Dernière édition par Aldebert le 04 Avr 2015, 20:57, édité 3 fois.

blog.php?u=5328&b=565

http://wiki-rennes.fr/index.php/Cat%C3% ... -le-Coquet

J'aurai mon paradis dans les cœurs qui se souviendront - Maurice Genevoix




0 commentairesVu 25955 fois
<- Retour Index du Blog de AldebertRetour Annuaire des Blogs ->


Scroll
cron