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80e anniversaire
   01 Mar 2019, 17:44
Publication DU LIVRE "POUR EVITER LE PIRE "
   30 Mar 2017, 14:41
Nouveau roman "Pour éviter le pire."
   24 Mar 2017, 14:22


80e anniversaire

Lien permanentde Anonymous le 01 Mar 2019, 17:44

Chers membres, pour honorer à ma façon l’année 1939 je vous met un extrait de mon livre « Pour éviter le pire » épopée historique de la Seconde Guerre mondiale aux Pays-Bas. Rendez-vous prochainement pour honorer l’année 1940. Amicalement, Caroline.

MOBILISATION
Le lendemain, le 24 août 1939, Johan rendait visite à un client à La Haye.
On étouffait littéralement dans la capitale administrative du pays. La tension qui régnait partout accentuait la sensation de chaleur.
Ce n’était pas seulement dû à la température extérieure. C’était également le fait de la pression du climat politique européen qui semblait atteindre son paroxysme.
Une odeur de cigare flottait dans le bureau de son interlocuteur. L’atmosphère y était opaque et étouffante. Un cendrier en cuivre étincelant et propre démentait la présence des effluves tenaces.
Les deux hommes se tenaient debout à côté d’un poste de radio. La voix austère du speaker annonçait que l’Allemagne menaçait à présent l’indépendance de la Pologne : une guerre entre les deux nations semblait inévitable, expliqua-t-il. La France et l’Angleterre avaient déclaré qu’elles viendraient en aide à la Pologne. Le gouvernement néerlandais avait donc décidé de procéder à une première mobilisation.
Il n’était plus question d’aborder les négociations de prix, cela devenait insignifiant. L’actualité était bien plus préoccupante. D’un commun accord, les deux hommes d’affaires décidèrent d’aller boire un café au centre-ville. Les rues étaient soudainement noires de monde après cette annonce.
Plusieurs dizaines de personnes patientaient devant le siège social de chaque grand quotidien, dans l’attente de nouveaux bulletins. Et ils tombaient les uns après les autres, ne se ressemblant que par leur contenu pessimiste.
Le Führer ne voulait rien céder. Le Premier ministre anglais, Chamberlain, déclara qu’une guerre entre la Pologne et l’Allemagne entraînerait l’Angleterre et la France dans le conflit.

En rentrant chez lui, en fin d’après-midi, Johan roulait machinalement, sans rien voir de la beauté du paysage. Les images terrifiantes de son livre illustré devenaient obsédantes.

Le surlendemain, les murs de la capitale étaient recouverts d’affiches orange. Cette couleur royale devenue nationale rappelait que la reine Wilhelmine descendait de la maison des Orange-Nassau.
Les passants s’agglutinaient devant ces publications officielles : médusés, passionnés, angoissés.
On pouvait y lire en gros caractères « MOBILISATION GÉNÉRALE ».
— Il fallait s’y attendre, murmura à voix haute un monsieur d’un certain âge. En signant le pacte germano-soviétique, Hitler a enfin les mains libres pour continuer sa politique expansionniste. La Pologne va y passer, puis il s’attaquera à nous !
Une dame indignée par ces propos ne put s’empêcher de rétorquer :
— Mais enfin Monsieur, ne savez-vous donc pas que Monsieur Hitler s’est officiellement engagé à respecter notre neutralité ? C’est le baron Zech von Burkersroda lui-même qui a lu sa déclaration à notre majesté.
— Si vous croyez vraiment qu’un tel personnage s’embarrasse d’un quelconque engagement, ajouta un jeune homme qui devait être un peintre à en juger par sa tenue.
Francine qui se trouvait à proximité de cette foule porta malgré elle sa main à son corsage, comme pour serrer un peu le col de sa robe d’été. Un froid glacial l’envahit, pourtant l’aube s’était de nouveau levée sur une belle journée. De l’autre main, elle tenait fermement le bras de sa fille, perchée sur son vélo.
Du haut de ses six ans, cette dernière prêtait une oreille attentive aux conversations. Elle n’aimait pas le nom Hitler. Il revenait souvent dans les discussions des grandes personnes. Elle le comparait au gendarme Flageolet, partenaire de Guignol, personnages du théâtre de rue. Elle l’imaginait comme lui, tapant partout avec son bâton. Sauf que sa moustache était moins longue et que lui, il faisait même peur aux adultes, alors…
— Vient ma chérie, lui dit sa mère. Mais Betty voulait rester, elle avait envie d’écouter les grands même si elle ne comprenait pas tout. Ils avaient l’air tellement excités ! Elle ne voulait pas appuyer sur les pédales pour avancer et Francine était obligée de la pousser.
Heureusement que Johan n’avait pas encore enlevé les deux petites roues adjacentes qui assuraient la stabilité. La gamine avait bien trop hurlé quand il avait tenté de les supprimer.
—… et ce sera la guerre, cria quelqu’un. Une nouvelle guerre mondiale !
— La guerre…
La petite en avait entendu parler, mais c’était quoi au juste ?
— C’est comment la guerre, Maman ? demanda-t-elle en tirant sur le bras de sa mère.
La guerre ? Francine réfléchit un instant.
— Fort heureusement je n’en ai pas vécu de guerre et j’espère que tu ne la connaîtras jamais ! Que Dieu nous protège ! Et elle leva un regard inquiet vers le ciel, espérant un signe, quelque chose qui pût la rassurer.
Ce soir-là, la petite famille recevait la visite de la mère de Johan. Francine avait passé une bonne partie de l’après-midi à cuisiner, à tout nettoyer, à enlever la moindre poussière et à faire briller les cuivres.
Même Betty n’y avait pas échappé. Ses cheveux étaient parfaitement disciplinés. Une barrette retenait une mèche rebelle sur le côté. Ses mains et ses genoux étaient d’une propreté irréprochable. Une adorable petite robe faite main et des socquettes d’un blanc immaculé complétaient sa tenue.
La mère de Johan fit retentir la sonnette à l’heure indiquée, elle était toujours d’une exactitude maniaque.
Après un solennel « Bonjour ma bru » elle entra.
Betty n’avait le droit de saluer sa grand-mère qu’après une inspection méticuleuse. Elle se tenait bien droite en attendant patiemment la fin. Les yeux de furet de la vieille dame la détaillaient de haut en bas.
Puis de bas en haut. Rien ne semblait lui échapper. La petite en avait l’habitude, c’était ainsi à chaque rencontre, mais aujourd’hui cela lui semblait bien plus long qu’à l’ordinaire. Francine en retint sa respiration. Enfin une brève inclinaison de la tête accorda à Betty la permission de la saluer.
Johan recevait chaque fois un accueil bien plus chaleureux, il restait son enfant préféré.
Francine l’invita à table. Johan lui faisait face, Betty s’installa à ses côtés.
La jeune femme apporta un délicieux curry de poulet servi avec du riz et des bananes cuits dans du beurre. L’odeur alléchante qui s’en dégageait ne pouvait qu’exciter l’appétit.
Mais ce soir l’ambiance était tellement lourde que Francine resta derrière sa chaise, n’osant s’asseoir, prête à devancer le moindre désir de Mère.
Bientôt, seul le bruit des couverts interrompit le silence pesant qui s’était installé dans la cuisine.
Betty trempait ses lèvres dans son verre de lait et glissait de temps à autre un regard sur sa grand-mère, puis sur son père et finalement sur sa mère. À plusieurs reprises, cette dernière lui avait adressé des yeux suppliants qui lui imposaient le silence. Francine avait remarqué l’agitation inhabituelle de sa fille et elle était certaine qu’elle allait lui désobéir.
— Mère-grand, pourquoi êtes-vous si triste ? demanda à brûle-pourpoint la jeune enfant.
Elle avait pourtant lutté, s’était mordue la lèvre supérieure à plusieurs reprises, mais la question lui avait échappé. Francine courba aussitôt sa tête, prête à affronter l’orage qui allait suivre.
Mère, assise en bout de table, dans son attitude de statue qu’elle affectionnait particulièrement, posa immédiatement ses prunelles réprobatrices sur le visage cramoisi de sa bru. Elle lui reprochait souvent la spontanéité de sa fille. En réalité elle adorait Betty, mais ne tenait pas à le dévoiler pour pouvoir continuer à jouir d’une certaine autorité sur sa belle-fille.
— La parole est d’argent, mais le silence est d’or ! Les enfants n’ont pas droit à la parole à table, Betty ! Je te prie de t’en souvenir à l’avenir, réprimanda la grand-mère sèchement et s’adressant maintenant à Francine :
— Cela est pourtant une règle des plus élémentaires.
Et on ne prend pas les mouches avec du vinaigre, pensa Francine en acquiesçant avec soumission. Elle détestait Mère quand elle utilisait les proverbes pour mieux sermonner Betty. C’était plutôt idiot puisque chacun dans ce pays en utilisait au quotidien. Cela faisait pour ainsi dire partie des mœurs. Mais Mère avait une façon de les dire qui les rendait insupportables.
— Cependant, ajouta la vieille femme d’un ton plus clément, l’heure étant grave, je pardonne ta désinvolture. Et je vais donc répondre à ta question.
Elle expliqua à l’enfant ce que tout le monde savait déjà. C’était la mobilisation. Son oncle, Adrie, avait reçu un télégramme aujourd’hui et devait partir le lendemain. Betty ouvrit grand ses yeux.
— Et Papa, il devra partir aussi ?
— Non, mon enfant, vois-tu, seul l’aîné de chaque famille est mobilisé. Ton Père étant le deuxième garçon restera à la maison.
Johan posa tendrement sa main sur celle de sa mère. Elle avait l’air tellement petite et fragile à cet instant.
— Cette mobilisation n’est qu’une question de jours, Mère, ils reviendront tous bientôt. Ce n’est qu’une simple précaution que prend la reine, la rassura-t-il.
— Es-tu vraiment assez naïf pour croire que le gouvernement déploierait une mobilisation générale, avec toutes les conséquences économiques et sociales que cela entraîne, sans parler du désordre que cela va créer, s’il n’était pas certain que la guerre éclate ?





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Commentaires

Re: 80e anniversaire

Lien permanentde Prosper Vandenbroucke le 01 Mar 2019, 18:34

Bonjour et merci Caroline.
Je ne sais si tu l'a vu, seulement il y a un sujet dédiée consacré au 80° anniversaire:
viewtopic.php?f=166&t=49938&start=0
et ici il y a une première contribution:
viewtopic.php?f=166&p=694721#p694721
Bien amicalement
Prosper ;) ;)
Dernière édition par Prosper Vandenbroucke le 01 Mar 2019, 18:35, édité 2 fois.
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Re: 80e anniversaire

Lien permanentde Anonymous le 09 Avr 2019, 14:46

Bonjour
j'ai lu votre texte qui se passe aux Pays-Bas et, écrivant moi-même, un texte sur ma mère qui fit partie des FFL en 1943, je suis à la recherche de docucments ou témoignages concernant un navire hollandais desservant en temps de paix les Indes néerlandaises qui est parti de Greenock le 3 juillet 1943 à destination d'Alger.Il y avait à son bord des soldats britanniques et une partie de l'équipe du Général de Gaulle. Merci à ceux qui pourraient m'aider dans ma documentation.
Anonymous
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