Retour Annuaire des BlogsIndex du Blog de Tom


Tom
vétéran
vétéran

Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 945

Inscription: 17 Oct 2006, 19:39
Blog: Voir le blog (2)
Archives

La Résistance aux Glières : histoire ou dénigrement ?

Lien permanentde Tom le 26 Juil 2013, 11:11

Fils d'un rescapé des Glières, membre de l'Association des Glières et auteur, depuis 1996, d'un site sur les Glières (http://alain.cerri.free.fr/index4.html), je voudrais, par cet article, réagir aux propos tenus naguère par l'historien local Claude Barbier. En effet, celui-ci, sans attendre la publication de sa thèse en Sorbonne sur la Résistance en Haute-Savoie, a multiplié conférences et déclarations à la presse, selon lesquelles, pour résumer, la bataille des Glières serait une légende née en 1944 et qui perdurerait telle quelle dans tous les esprits. Je n’apprendrai à personne que l’histoire n’est pas une science exacte ; on se pose des questions, on établit des faits, on élabore des concepts, on applique une méthode, etc. mais il faut expliquer et interpréter… Au mieux, l’historien sérieux et honnête peut se montrer impartial, mais il est toujours influencé par son enracinement et son engagement…

Bref, pour en revenir à Glières, parler, comme Maurice Schumann à la BBC en 1944, d’une bataille épique, c’est glorifier la Résistance dans le cadre de la guerre psychologique des ondes, mais affirmer, comme le déclare Claude Barbier à la presse en 2012, qu’il ne s’est, en fait, rien passé, qu'il n'y a eu ni bataille ni affrontement et que les maquisards sont montés aux Glières pour se cacher, c’est dénigrer la Résistance.

En effet, on sait depuis longtemps qu’il n’y a pas eu de grand combat entre les maquisards des Glières et les soldats allemands le 26 mars 1944, exactement depuis vingt ans, comme le rappelle l’historien Jean-Marc Berlière, qui soutient pourtant Claude Barbier, dans une interview récente au journal Sud Ouest : « On le sait depuis longtemps. Notamment depuis la parution en 1992 de l'ouvrage d'un historien, Alain Dalotel [Le maquis des Glières, Plon, 1992]. »

Cependant, d’une part, la journée du 26 mars 1944 aux Glières ne se limite pas à l’attaque allemande à Monthiévret comme le prétend Claude Barbier. En effet, après un bombardement aérien (qui avait commencé dès le 12 mars !) et un violent pilonnage d'artillerie la veille (qu’il ne faut pas oublier !), il y a d’abord eu, le matin, deux attaques des francs-gardes de la Milice française, toutes deux repoussées par les maquisards ; il y a ensuite eu, non pas une, mais deux attaques des chasseurs de montagne allemands, une en début de matinée (au Lavouillon), qui a été repoussée, et une autre en fin d'après-midi (à Monthiévret, où mon père était chef de groupe), lorsque les Allemands ont tourné la position des maquisards et sont parvenus, malgré la contre-attaque d'une sizaine, à les contraindre à se replier à la faveur de la nuit.

D’autre part, la bataille des Glières ne se réduit pas à la journée du 26 mars ; elle a, en fait, commencé dès le 5 février 1944 (où mon père et son chef ont été les seuls rescapés d'une attaque-surprise de la Milice) et s’est ensuite poursuivie contre les forces de l’ordre de Vichy (gardes mobiles, policiers et miliciens) qui encerclaient le plateau depuis le 13 février jusqu’à l’arrivée des Allemands le 24 mars.

En définitive, même s’ils n’ont perdu qu’une trentaine d’hommes dans la période des combats (par le message secret n° 1363/44 du 28 mars, le général Karl Pflaum, commandant les forces allemandes, indique que « les pertes ennemies se montent à quatre-vingt-huit prisonniers et trente-cinq morts »), les maquisards des Glières, en affrontant l’ennemi à visage découvert, ont montré aux Alliés que la Résistance était capable d'actions de grande envergure.

« On écrit depuis 67 ans que c'est pour recevoir des parachutages (d'armes par les Alliés) à Glières que les maquisards rejoignent le plateau. Dit ainsi, cela est faux. La raison première pour laquelle on rejoint Glières, c'est pour s'y cacher », assure Claude Barbier.

Pourtant, il est absolument incontestable que le capitaine Romans-Petit (organisateur de l'Armée secrète dans l'Ain et chef de l'A.S. en Haute-Savoie de fin novembre 1943 à début février 1944) a donné, fin janvier 1944, pour mission au lieutenant Tom Morel, chef des maquis de Haute-Savoie, de réceptionner les parachutages promis par les Anglais avec quelque deux cent cinquante hommes. En outre, le 31 janvier 1944, lorsque la Haute-Savoie est mise en état de siège par l'intendant de police Lelong, ce sont seulement trois camps A.S. (environ cent vingt hommes) qui montent (en colonne organisée et sur ordre) sur le plateau. Le 12 mars, arrivent encore plus de cent vingt hommes du Chablais et du Giffre (de nouveau en colonne et sur ordre, de même que les quatre-vingts F.T.P. montés précédemment pour obtenir des armes), et c’est seulement le 18 mars que le bataillon des Glières atteindra son effectif définitif d’environ quatre cent cinquante hommes qui affronteront les miliciens français et les soldats allemands du 20 au 26 mars 1944.

Sachant que le plateau était encerclé par les forces de l’ordre depuis le 13 février, que les bombardements allemands avaient commencé le 12 mars, annonçant les troupes terrestres, on ne montait pas vraiment aux Glières pour se cacher !





2 commentairesVu 2886 fois
Commentaires

Re: La Résistance aux Glières : histoire ou dénigrement ?

Lien permanentde Anonymous le 25 Déc 2013, 22:32

Concis, les événements sont bien relatés, on pourrait peut-être ajouter que les Maquisards ne sont pas montés sur le plateau pour se cacher car les voies pour une éventuelle fuite n'étaient pas propices à cette manœuvre..De surcroît l'envoi de troupes aéroportées allemandes etaient facilité par la topographie des lieux ce qui rendait caduque le pensée même de s'y cacher.
Anonymous
vétéran
 
Messages: 176179
Inscription: 27 Mai 2009, 17:07
Blog: Voir le blog (0)

Re: La Résistance aux Glières : histoire ou dénigrement ?

Lien permanentde Anonymous le 25 Déc 2013, 22:33

Concis, les événements sont bien relatés, on pourrait peut-être ajouter que les Maquisards ne sont pas montés sur le plateau pour se cacher car les voies pour une éventuelle fuite n'étaient pas propices à cette manœuvre..De surcroît l'envoi de troupes aéroportées allemandes etaient facilité par la topographie des lieux ce qui rendait caduque le pensée même de s'y cacher.
Anonymous
vétéran
 
Messages: 176179
Inscription: 27 Mai 2009, 17:07
Blog: Voir le blog (0)
<- Retour Index du Blog de TomRetour Annuaire des Blogs ->


Scroll