Les meldungens
Les listes de transfert appelées « Meldungen », au format proche d’un A3, sont renseignées au vu du livret militaire, traduit par un interprète, le plus souvent alsacien, lorrain ou mosellan. Chaque « Meldung » représente une liasse de 20 feuilles, avec 8 noms au maximum par feuille.
Il n’y a pas forcément d’ordre alphabétique, les prisonniers se présentaient dans le désordre ou, plutôt, par affinité et camaraderie, régimentaire ou régionale.
Liste N°41 -le 22 avril 1942 - Transfert du Stalag XII A à RAWA-RUSKA
18076 - GALLI Rio, né le 8/10/13 en Italie
36431 - GRASSARD Marc, né le 4/10/18 à Ouroux en Saône et Loire
18395 - LAVAL Jacques, né le 3/11/11 à Paris
3275 - LE CORRE Félix, né le 16/09/12 à Névez dans le Finistère
9046 - LELEU Georges, né le 22/07/11 à Houtkerque dans le Nord
5614 - LEVI Georges, né le 21/03/17 à Uzès le Duc (Oran)
49888 - LIMINEAU Francis, né le 29/03/18 à Chalon sur Loire
7209 - MARTIN Pierre, né le 5/03/13 à Saint Lambert du Latty ( M & L)
Tous les détails dans le document à télécharger.
Les conditions de transfert vers Rawa-Ruska
Félix Le Corre fut transféré, le 22 avril 1942 par le second convoi, à Rawa-Ruska en Galice, en Pologne, aujourd’hui en Ukraine. Avec la mise en œuvre de la « solution finale », la Galicie se trouvait en plein cœur du triangle de la mort au plus proche des camps d’extermination de Sobibor, Belzec, Auschwitz, Treblinka.
Le premier convoi de 2 000 hommes est arrivé le 13 avril 1942, d’autres suivirent rapidement et ceci jusqu’en janvier 1943. Le transfert vers Rawa-Ruska durait 6 ou 7 jours et nuits et jusqu’à 10 jours en fonction de leur provenance, dans des wagons à bestiaux verrouillés, sans paille, sans couverture, avec 80 à 100 personnes par wagon.
Pendant le trajet, il n’était distribué qu’une ou deux soupes innommables, d’un volume d’environ un quart à un demi-litre, servies dans des récipients de fortune. Les hommes, ne pouvant descendre, étaient réduits à se soulager sur place.
Les prisonniers arrivaient à Rawa-Ruska dans le plus complet dénuement, sales, hagards, dépenaillés, affamés, abrutis… Beaucoup, en raison du froid, avaient contracté bronchites, pleurésies, etc…
Le train ne s’arrêtait pas en gare de Rawa-Ruska, mais à juste à 100 mètres du camp.
Les derniers mètres se faisaient au milieu des hurlements des convoyeurs, baïonnette au canon, et de leurs chiens.